Le Bazar de l'Intelligence économique / Bon à savoir : Saviez-vous que les bourses d'études allouées au grand nombre d'apprenants dans un pays peuvent engendrer des crises économiques et socio-politiques ?

CHRONIQUE. Cette politique d'octroi des bourses universitaires aux élèves méritants a connu son heure de gloire, depuis 1960, principalement en Afrique. Elle a aidé à constituer une élite intellectuelle et de faire face à de multiples défis : le cas du Gabon.

Par Amal Jean Maurice MBOUMBA-IBINDA, journaliste, économiste, géopolitologue et géostratège depuis Libreville-Gabon.

Cette somme d’argent, d’une valeur graduelle et substantielle, aura contribué un temps soit peu à aider surtout les couches sociales les plus vulnérables notamment les élèves venus de l’intérieur du pays à destination des lycées et collèges de grandes villes telles que Libreville et Port-Gentil.

C’est une contribution qui a donné des résultats scolaires satisfaisants et aidé le Gabon à constituer une élite intellectuelle pour le pays, à peine indépendant et à faire face aux multiples défis du développement économique, politique, social et culturel.

Soixante deux ans plus tard, le Gabon a réussi à former plusieurs cadres dans tous les domaines vitaux même si beaucoup reste à faire surtout en période de récession économique, période conjoncturelle qui oblige parfois les plus hautes Autorités à adopter des mesures drastiques en matière de la dépense publique.

Aussi, de 1960 à aujourd’hui, la tendance à l’octroi des bourses scolaires est décroissante.

En effet, de plus en plus, les conditions exigées par le gouvernement en vue de l’obtention de cette dotation financière par les élèves et étudiants deviennent de plus en plus contraignantes. C’est le cas de la moyenne qui, passe désormais de 10 à 12/20 pour la poursuite des études dans les universités et grandes écoles situées hors du Gabon.

Tous ceux des postulants dont cette moyenne se trouve en dessous de 12/20 sont soit orientés vers les universités et grandes écoles locales soit vers les centres de formation professionnelle dédiés à cette fin.

Dans le pire des cas, cette dotation est suspendue ou supprimée pour insuffisance de résultats scolaires. Ces mesures qualifiées d’impopulaires par les prétendants, ont des effets secondaires graves voire dramatiques surtout pour les élèves et étudiants issus des classes sociales pauvres ou ceux dont les parents résident à l’intérieur du pays.

Prenons le cas le plus simple, celui du retard pouvant intervenir dans le paiement des allocations des bourses d’études scolaires.

En cas de retard de paiement des bourses d’études aux étudiants, deux faits majeurs peuvent se produire :

-Le premier, les étudiants dont les parents relèvent de la classe sociale démunies, pauvre, ne peuvent pas supporter les conditions de vie difficiles à affronter en ville. Beaucoup vont cesser d’étudier pour manque de moyens de transport, d’alimentation etc.

C’est le mécontentement généralisé.

En outre, comme en Afrique cette classe sociale, est la plus majoritaire, cette crise peut déboucher sur une autre plus difficile à gérer. Ce sont les grèves estudiantines. Celles-ci peuvent être répétitives dans les universités et grandes écoles. Et donner lieu à des émeutes sociopolitiques ; comme ce fut le cas en 1990.

La grève estudiantine de 1990 et ses conséquences sociopolitiques

Cette année-là en effet, la crise universitaire de grande envergure, avait exacerbé les mouvements de l’opposition qui revendiquait le retour au Gabon de la démocratie multipartite. Celle-ci avait abouti à l’organisation par feu Omar BONGO ONDIMBA, Président de la République, de la conférence nationale souveraine.

Les effets de la grève estudiantine pour la classe sociale aisée

-Le deuxième cas de figure, concerne les étudiants de la classe sociale aisée.

En effet, ceux des étudiants dont la bourse n’impacte presque pas leur vie quotidienne, vont poursuivre les cours sans trop de peine parceque soutenus par les parents majoritairement riches.

Cependant cette atmosphère peut donner lieu à des crises sociales où une minorité d’étudiants poursuit les études tandis que la majorité reste à la maison.

Les effets et le cas de la suppression définitive des bourses d’études sur instruction des institutions financières internationales

Ces mesures, souvent proposées par le Fonds Monétaire International (FMI) aux Etats qui sollicitent généralement des emprunts en vue de rééquilibrer leur situation économique inflationniste, constituent des mesures impopulaires et nuisibles pour les régimes surtout Africains.

Les Conséquences sociopolitiques et économiques liées aux recommandations du FMI

Elles sont stratégiques, déstabilisantes pour les régimes les moins démocratiques et relèvent notamment de *l’intelligence économique*, une science devenue l’arme stratégique de grandes puissances occidentales.

En effet, le fait de restreindre l’accès des étudiants notamment Africains aux grandes écoles et universités occidentales (sans complexe), empêche le continent à accéder au savoir et à la connaissance de plus en plus affinés, dynamiques favorables aux pré-requis du développement et de la puissance des États modernes.

C’est un obstacle majeur pour le développement et la croissance. Il doit être évité sinon régulé.

Les mesures drastiques du FMI, facteur de fragilisation de l’unité nationale et de déstabilisation des régimes politiques en Afrique

En Afrique, là où les mesures, visant soit à réduire les effectifs des fonctionnaires ou à supprimer les bourses d’études, relevant des institutions financières internationales sont appliquées à la lettre, les régimes politiques sont victimes d’instabilité, du fait des grèves estudiantines ou professionnelles multiples et à répétition.

Celles-ci ne favorisent pas l’unité nationale et la cohésion sociale.

Pire, elles débouchent sur des...>>http://peupleinfos.com/6752-2/

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