Le Dimanche des Rameaux : une interpellation pour les chrétiens du Cameroun en quête d’unité nationale
En ce temps où le Cameroun traverse des remous sociopolitiques, entre tensions communautaires, fractures régionales et quête d’un vivre-ensemble effectif, la célébration du Dimanche des Rameaux revêt une portée bien plus profonde que sa dimension liturgique. Pour les chrétiens du Cameroun, cette fête, marquant l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, peut et doit être lue comme une interpellation à œuvrer pour la paix et la préservation de l’unité nationale.

Une symbolique de paix et d’humilité
Les rameaux, symboles de paix dans la tradition chrétienne, rappellent que Jésus, le roi des rois, est entré à Jérusalem non sur un destrier de guerre, mais sur un âne, figure d’humilité. Cet acte, bien que perçu comme triomphal, annonçait aussi les douleurs de la Passion, mettant en lumière la capacité de Dieu à se faire proche, vulnérable, humain. Dans le Cameroun d’aujourd’hui, marqué par la défiance, la division et les douleurs de conflits internes, ce message d’humilité et de paix doit résonner comme un appel à la responsabilité collective.
Un peuple acclamant, puis trahissant
La foule qui acclame Jésus avec des "Hosanna" est la même qui, quelques jours plus tard, criera "Crucifie-le !". Cette ambivalence humaine invite les chrétiens camerounais à une introspection : acclamons-nous la paix et l’unité avec sincérité, ou sommes-nous prompts à la trahir par nos paroles, nos actes et nos silences complices ? Le Dimanche des Rameaux devient alors un miroir tendu à chacun, croyant ou non, face à ses engagements citoyens.
Foi et citoyenneté : un devoir d’action
Dans un pays où la diversité culturelle est une richesse mais aussi une source de tensions, la foi chrétienne ne peut être vécue en vase clos. Elle doit s’incarner dans l’espace public. Les rameaux bénis ne sont pas des objets magiques ; ils sont des rappels à l’engagement. Être chrétien, c’est s’engager pour la justice, la réconciliation, la vérité, et le dialogue. Dans les régions en crise, comme dans les grandes métropoles, le chrétien est appelé à devenir artisan de paix, bâtisseur de ponts, sentinelle de l’unité.
Un appel à la conversion collective
Le temps des Rameaux ouvre la Semaine Sainte, temps de méditation sur la souffrance, mais aussi d’espérance en la résurrection. De même, le Cameroun peut renaître, à condition que ses fils et filles acceptent une véritable conversion des cœurs : abandonner les logiques de domination, de rejet, de tribalisme, pour embrasser une vision commune, inclusive, fraternelle.
En célébrant le Dimanche des Rameaux, les chrétiens du Cameroun ne commémorent pas simplement un événement biblique. Ils réaffirment leur foi en un Dieu de paix et d’unité. Dans le contexte sociopolitique actuel, cette fête devient un acte de foi politique : croire que malgré les divisions, l’unité est possible. Mais cette unité ne tombera pas du ciel. Elle naîtra de la volonté de chacun de marcher, à la suite du Christ, sur le chemin exigeant de la paix et du pardon.
Par Cédric Ernest Afane