Soutenance de thèse à l’Université de Douala : Rofine Onguene Mekanga brille avec une réflexion novatrice sur la cybercriminalité
Ce mercredi 06 août 2025, la salle des actes de l’Université de Douala a vibré au rythme d’une soutenance de thèse mémorable. Rofine Onguene Mekanga, désormais docteur Ph.D en droit privé, a défendu avec brio son travail de 372 pages intitulé : “La lutte contre la cybercriminalité au Cameroun”.

Face à un jury prestigieux, l’impétrante âgée de 30 ans a su convaincre par la rigueur de son analyse et la pertinence de ses propositions, obtenant la mention Très honorable à l’unanimité. Ce moment marque non seulement l’aboutissement d’un parcours académique exigeant, mais également une contribution significative au débat juridique dans un contexte camerounais en pleine mutation numérique.
Sous la direction du Pr Willy James Ngoué de l’Université de Douala, Rofine Onguene Mekanga a exploré un sujet brûlant d’actualité : la lutte contre la cybercriminalité dans un pays où l’essor des technologies numériques s’accompagne d’une montée des infractions en ligne. S’inspirant de la Convention de Budapest de 2001, le désormais docteur propose une réponse audacieuse face à la volatilité d’internet, un espace souvent qualifié d’insaisissable.
En proposant l’élaboration d’un Code pénal numérique pour le Cameroun, l’impétrante ambitionne de combler à travers ce cadre normatif, les vides juridiques qui freinent la répression efficace des actes de cybercriminalité, tels que ceux liés à la cryptomonnaie, à la conservation des données numériques ou encore aux dommages causés par l’intelligence artificielle.
Dans son exposé, la candidate a dressé un état des lieux nuancé. « Nous avons évalué l’effectivité des moyens mis en œuvre par l’État camerounais pour réprimer la cybercriminalité. Des avancées remarquables existent, comme la création de l’Unité spéciale de lutte contre la cybercriminalité au sein de la Direction de la police judiciaire ou encore la coopération internationale, bien que perfectible, avec les GAFAM », a-t-elle déclaré.
Cependant, elle n’a pas manqué de pointer les failles : manque de matériel adapté pour les investigations numériques, insuffisance de formation spécialisée pour les acteurs judiciaires, et absence de sensibilisation suffisante auprès des jeunes, principales victimes de ces infractions.
Pour répondre à ces défis, Rofine Onguene Mekanga propose d’autres solutions concrètes : renforcer le cadre normatif en intégrant les vides juridiques identifiés, doter les institutions de moyens techniques modernes, créer une école spécialisée en investigations numériques et intensifier les campagnes de sensibilisation. « Le Minpostel (ministère camerounais des postes et télécommunications, NDLR) fait déjà un travail appréciable, mais il faut aller plus loin pour promouvoir un usage responsable des outils informatiques », a-t-elle insisté.
Une originalité saluée dans le contexte camerounais
Le titre de la thèse, « La lutte contre la cybercriminalité au Cameroun », se distingue par son ancrage dans une problématique contemporaine et son ambition de proposer une réponse systémique.
Dans un pays où la législation sur le numérique reste embryonnaire, l’idée d’un Code pénal numérique est une innovation majeure. Contrairement aux approches traditionnelles qui se contentent d’adapter les textes pénaux classiques aux infractions numériques, la doctorante plaide pour une refonte globale, prenant en compte les spécificités techniques et transnationales de la cybercriminalité.
Cette proposition s’inscrit dans un contexte où la cryptomonnaie, par exemple, reste un terrain juridique flou, souvent exploité pour le blanchiment d’argent, comme l’a souligné le Pr Jean Gatsi, président du jury.
Ce dernier n’a pas tari d’éloges sur le travail de l’impétrante : « Les échanges ont été longs et vigoureux, comme il sied à une soutenance de thèse. Rofine Onguene Mekanga a défendu son travail bec et ongles, et elle mérite pleinement la mention Très honorable. Sa thèse vulgarise la cybercriminalité, un fléau qui explose au Cameroun, surtout en cette période électorale où les dérives sur internet se multiplient. Elle met en lumière l’urgence pour le législateur de réglementer des domaines comme la cryptomonnaie. »
Un jury d’exception pour un moment académique de haut vol
Le jury, présidé par le Pr Jean Gatsi, conseiller technique auprès du recteur de l’Université de Douala, était composé de figures éminentes du droit camerounais : le Pr Willy James Ngoué (directeur de thèse), les rapporteurs Pr Alain Douglas Wandji Kamga (Université de Yaoundé II-Soa) et Pr Chouarupouo Ndassa Moussa Kallil, ainsi que le Pr Sara Monéyang (Université de Douala). Leur rigueur et leurs questions incisives ont permis de mettre en valeur la solidité du travail de la candidate, tout en soulignant son apport à la réflexion juridique nationale.
Une contribution pour l’avenir
En élevant Rofine Onguene Mekanga au grade de docteur en droit privé, l’Université de Douala consacre une chercheuse dont le travail pourrait influencer les politiques publiques dans un domaine en pleine expansion. Sa thèse, appelée à être déposée à la bibliothèque de la Faculté des sciences juridiques et politiques, constitue une ressource précieuse pour les juristes, les décideurs et les acteurs de la lutte contre la cybercriminalité.
Avec ce travail, Rofine Onguene Mekanga pose une pierre importante dans l’édifice de la gouvernance numérique au Cameroun, un domaine où le pays, comme beaucoup d’autres en Afrique, cherche encore ses marques. Une chose est sûre : son nom résonnera désormais comme celui d’une pionnière dans la lutte contre la cybercriminalité.