Opinion - Lutte antiterroriste : Force conjointe G5 Sahel: Une force programmée pour échouer

Opinion - Lutte antiterroriste : Force conjointe G5 Sahel: Une force programmée pour échouer
Photo illustrative : soldats africains avec des coopérants européens.

Par Charly KENGNE

Déjà, un petit rappel sur la FC-G5 SAHEL. Cette force conjointe a été créé le 16 février 2014 à Nouakchott en Mauritanie, elle regroupe 05 pays que sont le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, elle devra couvrir une superficie d’environ 5 000 000 de kilomètre carré pour une population d’environ 80 Millions d’habitants. Sa mission est de lutter contre le terrorisme, et le crime organisé dans les 05 pays concernés plus précisément dans la bande Sahelo-sahalienne.

Le siège du secrétariat général est à Nouakchott. Le commandement de la force est initialement basée à Sévaré (dans le centre du Mali), jusqu’à l’attaque du 29 juin qui l’a détruit et le centre de commandement a été déplacé à Bamako. Budget prévisionnel de cette force a été initialement de 423 millions d’euros, pour une composante militaire de 5000 hommes Issus des 05 pays.

Bien lorsque je l’ai dit, pourquoi affirmer que  cette force conjointe a été programmée pour échouer, ceci pour 03 (Trois) raisons :

1. Voilà une force qui se veut combattre le terrorisme, et dont les ¾ de son budget sont orientés vers l’armement, ceci montre à suffisance qu’ils ne comprennent pas ou ne connaissent pas profondément les réels problèmes de cette partie du continent. La bande sahelo-sahalienne est l’une des régions les plus pauvres, démunies et enclavées du continent. Par ailleurs elle est une plaque tournante du Narcotrafic en provenance des pays d’Amérique du Sud pour le marché européen et Asiatique.

De ce fait, cette partie est une mine d’or pour tous les groupes terroristes et organisations djihadistes qui ont fait du control de cette zone une de leur priorité et pour ce fait, ceux-ci recrutent dans cette population, financent des projets de développement et sociaux, tout ce que les gouvernements des pays respectifs n’arrivent pas à faire et par ces gestes, ils bénéficient de leur protection et leur soutien contre les gouvernements centraux de ses différents pays respectifs. 

2. Une seconde chose étant la suivante, en prenant rien que la force française « Barkhane » qui est le plus important déploiement militaire français à l’extérieur, cette force compte 4500 hommes, 03 drones ,07 avions de chasse, 22 hélicoptères, 06 à 10 avions de transport, 260 véhicules blindés, 360 véhicules logistiques, et 210 véhicules blindés légers, pour une force basée à Ndjamena au Tchad, avec deux grands points d’appui à Gao au Mali et à Niamey au Niger. À la différence de la force << Barkhane>>, la Force Conjointe G5 SAHEL qui elle pour une superficie de 5 000 000 Km2 ne dispose que de 5000 hommes. Rappelons-le la bande Sahelo-sahalienne fait pratiquement 30% la superficie du continent africain. 

3. Enfin les accords qui régissent le déploiement de la force française « Barkhane » sur le sol Africain, prévoie un échange ou partage du « Renseignement » avec les différentes forces de défense et de sécurité des pays respectifs où ils sont basés , mais triste pour nous de constater que tout ce déploiement n’a empêché aucune attaque des groupes terroristes, au contraire le nombre d’attaques auraient même augmentés selon une étude faite par un « Think Tank » Béninois conduit par le Dr BEHANZIN fait savoir que non seulement il n’ya pas eu d’échanges ou de partages d’informations , mais que plus encore les populations civiles dans ces régions en proie au terrorisme sont fâchées de cette présence militaire française sur le sol Africain du fait de la recrudescence des attaques depuis leur arrivée.

Sur le plan Stratégico-diplomatique, cette force est un échec. 

Pourquoi ?

Pour ma simple raison que selon le patron du contre-terrorisme Marocain, le Sud-est de l’Algérie serait le fief par excellence des groupes terroristes tels qu’AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique). Pourtant bien que la constitution de ce pays (à l'époque ce qui n'est pas le cas aujourd'hui parceque révisée avec les nouveaux accords de coopération bilatérale signée entre Bamako et Alger) interdisait un déploiement de ses troupes au-delà de leur frontière, il aurait été plus judicieux de négocier avec ce pays (Algérie) pour déjà leur faire comprendre l’urgence de s’allier à une telle entreprise, mais plus encore d’y participer.

Ce qui aurait permis quoi ? 

Ce qui aurait permis qu’en cas d’attaque des soldats de la force conjointe G5 Sahel contre les positions ennemies, que ceux-ci (groupes terroristes) n’aient pas pour point de replis le pays voisin qu’est l’Algérie, malheureusement c’était le triste constat sur le terrain jusqu'à l'avènement de cette axe de coopération Bamako-Alger-Nouakchott.

4- Enfin le dernier point et en mon sens le plus important traduisant  l’échec de cette force est la question de la pérennisation  des financements pour l'operationnalisation de cette force conjointe. Pour un budget prévisionnel initial de 423 millions d’euros, le 06 décembre 2018 à Nouakchott, la France avait annoncé un déblocage de 500 millions d’euros, mais lors de la conférence des donateurs à Bruxelles en février 2018, elle avait promis 50 millions d’euros loin des 500 millions d'euros annoncés.

Alors une question se pose comment les opérations vont se poursuivre sur le terrain lorsqu’il n’existe pas encore une ligne budgétaire sûre et fiable. C’est pour cette raison que Paris a voulu faire passer le financement de la FC-G5 Sahel sur la «Résolution du chapitre 7» des Nations Unies, ce qui l’aurait placée (force G5 SAHEL) sous financement et contrôle Onusien, mais malheureusement ce passage en force de la France a été très vite bloquée par la Représentante des  États-Unis d'Amérique au Conseil de sécurité à la personne de Condoleezza RITE. Par ce blocage les Américains eux-mêmes ont montré leur attachement à cette partie du continent, démontrant qu'ils avaient  leurs propres agendas et  intérêts à défendre dans cette région. 

Pour Rappel : À la conférence des donateurs organisés à Bruxelles où cinq (05) Chefs d'État Africains (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Tchad) sont allés mendier l'aumône des blancs pour finalement ne rien avoir si ce n'est quelques Promesses, dans ce même chapitre (Conférence des donateurs) pour le cas de l'Ukraine, 06 milliards de dollars (loin des 423 millions d'euros qui devaient servir à combattre le terrorisme dans le Sahel mais qui n'ont pas pû être mobilisés) ont été collectés. Aux Africains de se poser les bonnes questions.

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