Un cri d'alerte contre le plomb : l'appel urgent de l'Unicef à Douala

Ce vendredi 15 août 2025, au cœur de la métropole économique, dans les quartiers de Fin goudron Stade Cicam (Douala 5) et Nkongmondo (Douala 1er), l'Unicef Cameroun a plongé les journalistes au centre des réalités des mécaniciens et garagistes, révélant les dangers méconnus du plomb. Entre témoignages poignants et prises de conscience lors des sessions de dialogues communautaires, cette immersion sonne comme un ultimatum : protéger les familles, préserver l'environnement et agir sans délai contre ce poison silencieux qui menace les plus vulnérables.

Un souffle d'alerte sur la ville, un plaidoyer à la plume acerbe. Ainsi s'est achevé le voyage de presse organisé par l'Unicef Cameroun, non pas sur une note de clôture festive, mais sur celle, grave, d'une sensibilisation au plus près des réalités. Après l'immersion dans les coulisses de la production de peinture, c'est dans le cœur battant de la vie urbaine que l'équipe a posé ses valises : au milieu des mécaniciens et garagistes de Douala, ces artisans qui, sans le savoir, vivent et font vivre leurs familles au contact du poison.

La matinée a sonné le glas du silence. Au Fin goudron Stade Cicam (Douala 5) puis au quartier Nkongmondo (Douala 2), l'expertise de l'Unicef Cameroun menée par son Sbc officer, Aristide Koffi, a percé le mur de l'ignorance. Valentin, électricien, a confessé l'impensable : ces gestes anodins du quotidien, comme dénuder les câbles avec les dents ou manipuler l'acide de batterie à mains nues, sont en fait des portes ouvertes à la maladie. Son témoignage, un coup de poing dans la conscience collective, a mis en lumière la vulnérabilité des familles. Il a parlé de ces batteries stockées dans la chambre à coucher, de ces fils abandonnés dans la maison, autant de sources de contamination pour les épouses et les enfants, ces victimes innocentes.

Puis est venu le récit de Nyamsi Dieudonné, électricien automobile depuis plus de quarante ans, qui a glacé le sang. La voix tremblante, il a raconté la tragédie : la perte d'un apprenti, devenu aveugle après l'explosion d'une batterie. Un destin scellé par l'ignorance, une vie brisée par une simple étincelle. « L'enfant a perdu la vie parce que la batterie s'est exposée. Il était concentré sur sa batterie. Il testait les deux bouts de batterie. Ça s'est exposé. Depuis ce jour, l'enfant a perdu la vie. » Son témoignage, d'une brutalité saisissante, a transcendé le simple fait divers pour devenir un symbole de l'urgence.

Derrière ces récits de vie se cachent des réalités médicales terrifiantes. Le saturnisme, ou l'intoxication par le plomb, est un prédateur silencieux. Si le plomb peut affecter n'importe qui, il est particulièrement virulent pour les plus fragiles : les enfants et les femmes enceintes. Chez l'enfant, l'ingestion de poussières et de particules de plomb, même à faible dose, a des conséquences irréversibles. Il peut provoquer des retards de développement psychomoteur et intellectuel, des difficultés d'apprentissage et des troubles du comportement, comme l'hyperactivité. La petite taille et le retard de la maturation sexuelle peuvent également être des signes d'une exposition chronique.

Pour la femme enceinte, l'enjeu est double. Le plomb stocké dans les os peut être libéré dans le sang pendant la grossesse, exposant le fœtus à des risques. Le métal traverse aisément la barrière placentaire, augmentant les risques de fausse couche, d'accouchement prématuré, de retard de croissance intra-utérin et de faible poids à la naissance. La norme camerounaise fixe le seuil d'innocuité à 90 ppm. Mais des experts en santé publique, toute concentration de plomb dans le sang est dangereuse.

Ces sessions de dialogue n'étaient pas qu'une simple formalité. Elles ont été le catalyseur d'un engagement personnel. Valentin et Dieudonné ont juré de ne plus jamais mettre en danger leurs familles, d'utiliser des gants, des masques et des équipements de protection, et de stocker les batteries loin des foyers. Ce sont des victoires. Des victoires modestes, mais essentielles, qui doivent se multiplier.

Le plaidoyer de l'Unicef Cameroun est clair, et résonne au-delà des ateliers. Il n'est plus seulement question de sensibiliser, mais d'agir à l'échelle industrielle et législative. Il faut un engagement ferme pour limiter l'utilisation excessive du plomb dans les produits de consommation, des peintures aux batteries. L'environnement doit être sanctuarisé. Chaque enfant a le droit de grandir dans un monde exempt de poison. Leurs vies ne peuvent pas être des dommages collatéraux. C'est à la fois un appel à la conscience et un ultimatum pour l'action.

Gallery Photo

Un cri d'alerte contre le plomb : l'appel urgent de l'Unicef à Douala
Un cri d'alerte contre le plomb : l'appel urgent de l'Unicef à Douala
Suivez nous