Cameroun : Douala sous le souffle de la lutte contre la pollution

Douala, poumon économique du Cameroun, étouffe sous une pollution atmosphérique grandissante. Ce lundi 11 août 2025, s’est ouvert dans un hôtel de la place, l’atelier de validation de l’étude diagnostique sur la qualité de l’air dans la capitale économique, commanditée par le ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED). Cette rencontre, qui s’achève ce 12 août, marque une étape décisive pour poser les bases d’une ville plus respirable.

Lancée en 2022, l’étude a mobilisé des outils de pointe comme les tubes passifs et l’équipement KERNEV pour mesurer en continu et de manière discontinue les polluants majeurs : particules fines PM2,5 et PM10, monoxyde de carbone (CO), dioxyde d’azote (NO2), dioxyde de soufre (SO2) et ozone (O3).

Les résultats sont sans appel : les particules fines, le CO et le NO2 dominent l’atmosphère doualaise, principalement émis par le secteur des transports (45 % des émissions de NO2 et PM10), l’industrie dans les zones de Bonabéri et Bassa (30 % des émissions de SO2 et PM), et la combustion de biomasse dans les quartiers résidentiels (20 % des PM2,5). Plus alarmant encore, l’exposition prolongée aux PM2,5 serait responsable de plus de 500 décès prématurés par an à Douala.

Des solutions pour respirer mieux

Face à ce constat, un plan d’action structuré en trois axes a été proposé. D’abord, réduire les émissions à la source par la modernisation du parc automobile, l’introduction de carburants moins polluants, l’installation de filtres dans les industries et la limitation du brûlage des déchets. Ensuite, améliorer la gestion des flux de pollution via la création de Zones à Faibles Émissions (ZFE), l’extension des transports en commun et l’aménagement d’espaces verts. Enfin, sensibiliser les populations et renforcer les capacités institutionnelles pour mieux contrôler les petites unités industrielles nichées dans les quartiers.

Une ville durable en ligne de mire

« La qualité de l’air, c’est le thermomètre d’une ville durable », martèle Simon Edouard Ekotto Ndemba, directeur de l’environnement à la Communauté urbaine de Douala. Il souligne l’importance de cette étude pour orienter la planification urbaine, en écho à des initiatives récentes comme la semaine de la mobilité douce sur le Boulevard Ahmadou Ahidjo. Aoudou Joswa, directeur des normes et contrôle au MINEPDED, insiste sur la nécessité de revoir le réseau routier pour fluidifier la circulation et réduire les émissions des véhicules, souvent bloqués dans des embouteillages asphyxiants.

Un engagement collectif

Cet atelier s’inscrit dans un cadre légal et stratégique clair : le décret de 2011 sur la protection de l’atmosphère, les normes camerounaises NC 2856:2021 et NC 2858:2021, l’ODD 11 pour des villes durables, et la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030. Le MINEPDED, en collaboration avec les collectivités territoriales décentralisées, les industriels et les partenaires au développement, veut faire de Douala une ville résiliente. La surveillance accrue, via un réseau de stations de mesure, sera au cœur de cette dynamique pour recadrer les pratiques polluantes.

Un souffle d’espoir

Alors que Douala aspire à un avenir plus vert, cet atelier pose les jalons d’une mobilisation collective. Les résultats validés ce 12 août devraient ouvrir la voie à des mesures concrètes pour protéger les écosystèmes fragiles, comme la zone de la Dibamba, et améliorer le cadre de vie des habitants. Comme quoi “Une ville qui respire, c’est une ville qui vit”, pourrait-on dire. À Douala, le combat pour l’air pur ne fait que commencer.

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