Voyage de presse à Douala : l’Unicef Cameroun sonne l’alarme sur le plomb, fléau silencieux des mères et enfants

Sous un ciel lourd de nuages à Douala, le 14 août 2025, une délégation mêlant journalistes, experts de l’Unicef, du ministère de la santé publique et de la délégation départementale du Minepded a sillonné la Zone industrielle de Bassa. Ce voyage de presse, lancé après un café média le 12 août, plonge au cœur d’une bataille cruciale : protéger la santé environnementale des enfants, avec un focus glaçant sur les ravages du plomb, ce métal sournois qui menace surtout les femmes enceintes, les mères et les tout-petits, les plus vulnérables.

©️ HN/DR.

L’expédition a conduit les participants dans deux entreprises de peinture, dont Smalto, où l’accueil chaleureux des responsables n’a pas masqué l’urgence du sujet. À Smalto, les explications du chef de service laboratoire, Jean Mbé, ont révélé une réalité alarmante : les peintures économiques, omniprésentes au Cameroun, sont souvent des vecteurs de plomb. Ce métal, utile dans les batteries ou l’électronique, devient un poison lorsqu’il s’infiltre dans les corps via la peinture, l’air ou le recyclage sauvage. William Lemnyuy, délégué départemental du ministère camerounais de l’environnement, de la protection de la nature et du développement durable (Minepded) du Wouri, pointe du doigt le recyclage des batteries, pilier économique mais bombe à retardement environnementale.

Le plomb, classé parmi les dix produits chimiques les plus toxiques par l’OMS (2019), frappe durement les plus fragiles. Les femmes enceintes, exposées via des peintures défectueuses ou des sols contaminés, transmettent ce poison à leurs fœtus, compromettant leur développement. Les mères, en manipulant des objets peints, et les enfants, qui ingèrent ou inhalent des particules, subissent des dégâts irréversibles : retards mentaux, anémies, voire décès. 

À Douala, où le recyclage mal réglementé fait grimper les niveaux de plomb à des pics effarants (jusqu’à 150 000 ppm près des usines), le danger est palpable. Une étude de 2017, actualisée sur www.crepdcm.com, confirme cette crise, exacerbée par le changement climatique et la pollution.

Pourtant, des lueurs d’espoir émergent. Smalto, sous l’impulsion de son directeur délégué Mnasria Abdel Jelil, s’engage à bannir le plomb, respectant la norme de 90 ppm instaurée par le Cameroun en 2017, pionnier africain en la matière. Grâce à des matières premières certifiées européennes et une certification ISO 9001, l’entreprise investit même dans un analyseur de plomb, un pari coûteux mais vital. « Nous sélectionnons chaque ingrédient pour que nos peintures restent sans danger », assure M. Mbé, soulignant l’usage de peintures à huile écologique, loin des émissions nocives de CO2.

L’Unicef Cameroun tire la sonnette d’alarme : plus d’un enfant sur trois dans le monde est exposé à des niveaux dangereux de plomb. Au Cameroun, cette menace érode les progrès en survie infantile. Ce voyage de presse n’est pas qu’une visite ; c’est un cri d’alerte. Sensibiliser, réglementer, investir : voilà les armes pour protéger les mères et leurs enfants d’un ennemi invisible tapi dans les murs et la terre. Douala, poumon économique, doit devenir un modèle de résilience.

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