Impôts santé : un levier pour une meilleure hygiène de vie au Cameroun ?
L'augmentation des impôts sur les produits jugés malsains et les boissons sucrées non alcoolisées, une alternative pour réduire la prévalence des maladies non transmissibles et œuvrer pour une meilleure hygiène de vie au Cameroun.

Les avantages de la mise sur pied d'une réglementation plus rigoureuse avec des impôts plus conséquents sur les produits industrialisés dépassant le seuil recommandé de la teneur en sucre, lipides et sel étaient au cœur de l'atelier mené par l'Association pour le Réconciliation et le Développement des hommes et femmes de médias à Convention Baptist Church de Mvan sis à Yaoundé.
Il est question de porter le plaidoyer auprès des autorités administratives concernées pour inciter les entreprises à se conformer aux règles en vigueur pour une alimentation équilibrée.
Mettre fin à la recrudescence des maladies non transmissibles qui sont à l’origine de 41% de décès dans le monde et sensibiliser les populations sur l'importance d'une alimentation de qualité, c’est le cheval de bataille de cette organisation de la société civile qui milite pour le développement inclusif des communautés territoriales.
A travers cet atelier de formation RADA et ses partenaires tel que GHAI (un incubateur de plaidoyer en santé mondiale) présente l'option de l'augmentation de la taxe santé sur les boissons sucrées et autres produits alimentaires emballés malsains sur la base de preuves et des données cliniques, ses avantages pour la santé publique, la réduction de la consommation de ces produits et la prévention des maladies non transmissibles.
Au Cameroun, les Maladies Non Transmissibles sont la principale cause de décès, responsable d’environ 235 000 décès, ce qui représente 35% de tous les décès chez les personnes de plus de 50 ans en 2016.Le risque de mourir d’une MNT grave pour les personnes âgées de 30 à 70 ans est estimée à environ 22%. En matière de nutrition le Cameroun est aux prises avec une sous nutrition combiné à cela le défi croissant du surpoids et de l'obésité. Aux vues du contexte actuel il est question de prendre des mesures proactives pour éviter le pire.
Pour mieux cerner les enjeux qu'implique l'adoption d'un projet de visant à instaurer des taux d'imposition substantiels sur certains produits alimentaires industrialisés malsains, les discussions étaient axées autour de plusieurs points entre autres l'analyse économique de la santé sur l'augmentation des impôts sur les boissons sucrées non alcoolisée et les aliments industrialisés emballés malsains, l'analyse du contexte et du paysage actuel et l'importance de l'augmentation de ces taxes.
Une taxe santé avec quelle incidence ?
Selon une enquête de promotion de la santé sur les connaissances, les attitudes et les comportements récemment réalisé par RADA et LoRDA Research Center sur l'ensemble du territoire national, 60% de la population estiment que les boissons sucrées et les aliments industrialisés emballés malsains sont nocif pour la santé. En comparaison 40% sont inconscient des impacts négatifs de ces produits sur le long terme.
Des données qui permettent de comprendre qu'il est indispensable d'attaquer ce problème à la source. Bien que la sensibilisation soit la voie par excellence de la conscientisation des masses, l'augmentation des taxes apparaît comme une mesure incitative contre ces industries qui ne respectent pas les normes et la politique sanitaire en vigueur en matière d’alimentation ; un appel pour qu'ils reformulent les produits contenant les quantités excessives de nutriments préoccupants pour la santé, et dans une certaine mesure améliorer l'assiette fiscale de pays.
En effet ces politiques fiscales ont fait leur preuve dans d'autres contrées. L’Éthiopie, le Danemark, tout comme la Colombie et plusieurs pays développés ont introduit les impôts supplémentaires sur plusieurs produits malsains ou ont structuré les impôts de manière à augmenter le prix de fabrication, de distribution et de vente en détail de ces boissons.
Selon l'analyse économique de la santé sur l'augmentation des impôts sur les boissons sucrées non alcoolisée et les produits malsains emballés réalisé par LoRDA Reseach Center et présenté par le Pr Dickson NDAMSA, avec à l'esprit le taux d'imposition à hauteur de 25% pour les boissons sucrées non alcoolisée; une augmentation substantiel de 30% des impôts va générer des revenus additionnels de 118 millions USD par an et avec une augmentation des taxes à hauteur de 40% l'on pourrait avoisiner les 3,64 milliards de FCFA de revenus additionnels national.
Concernant les friandises et autres snacks industriels avec une nouvelle option de 25% contrairement aux 12,5% de taux d'imposition en vigueur sur les produits listés dans la section 142 alinéa 1 du code général des impôts du Cameroun, cela générera à l'Etat plus de 3 milliards de FCFA voir 5 milliards de FCFA si le taux d'imposition atteignait la barre de 30%.
L'imposition des taxes substantielles pourrait permettre le retour des populations sur les habitudes alimentaires culturelles, réduire les influences négatives du marketing et de la communication de propagande de ces produits ; créer un environnement alimentaire sain, réduire la concurrence déloyale que font ces géants aux producteurs locaux artisans du mieux-être le vier de l'économie nationale; contribuer à l'amélioration de la sécurité alimentaire.
Au Cameroun, près d’un milliard de litre de boissons sucrées sont consommées dans le pays avec une consommation de plus de 20 L par personne en 2023 et le taux de sucre très élevé dans ces produits à un Impact considérable sur la santé des populations. S'il est vrai qu'il existe un impôt sur la quantité de sucre dans les produits l’on note également des insuffisances sur la réglementation de la publicité alimentaires et sur les étiquetages devant les emballages. L'adoption d'une loi allant dans le sens pourrait être le premier pas vers la mise en application de la responsabilité sociale et sanitaire des entreprises et sauver des vies.