Cameroun- Inflation : Le Gouvernement concède l'augmentation du prix du pain.

C'est ce qui ressort en sourdine d'une concertation tenue en date du mercredi 16 mars 2022 entre le Ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana et les syndicats des boulangers à Yaoundé.

Y a-t-il mot ou expression pour illustrer le pouvoir d'achat des ménages camerounais dans leur ultra-majorité ? Certainement : « précaire » ou encore « en berne ». Et pourtant, l'auteur de ces lignes, a été témoin et a vu acté l'augmentation du prix de la baguette de pain depuis au moins le terme de la deuxième semaine de février 2022 dans certains endroits de la cité capitale. En effet, bien avant le jeudi 17 mars 2022, la baguette de 200 grammes était déjà passée de 125 à 150 F CFA. 

Au sujet de cette augmentation, Joseph Feuno, président régional pour le Littoral du syndicat des patrons de boulangeries, dans un entretien accordé à nos confrères du quotidien Le Jour dans sa parution du 17 mars 2022, déclare : « Au sortir de la réunion que nous avons eue hier (mercredi 16 mars 2022) avec l'administration centrale à Yaoundé, les associations de consommateurs et les associations de meuniers, il a été décidé que le sac de farine passerait de 19.000 à 24.000 F CFA [...] En contrepartie, nous avons demandé au ministre qu'il fallait revoir le prix du pain. Et effectivement, il a donné l'autorisation pour que le prix du pain passe de 125 à 150 F CFA. Donc, à partir de ce jeudi 17 mars 2022, le pain va passer à 150  F CFA pour la baguette de 200 grammes, sur tous les guichets et sur toute l'étendue du territoire camerounais ».


Contexte conjoncturel délétère dans lequel intervient la hausse


Cette hausse intervient dans un contexte de précarisation de la société camerounaise, où depuis la crise de la dette des années 90 et les Programmes d'Ajustement Structurel y afférents, la dévaluation de 50% de la valeur du franc CFA, les amputations salariales drastiques qui s'en sont suivies, le niveau de vie et le pouvoir d'achat de l'ultra-majorité des camerounais laissent à désirer et s'avèrent déplorables. De facto, tout aura augmenté sauf les salaires, et qui plus est, dans un pays où le SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) est de...36.270 F CFA. Cette augmentation du prix du pain sera forcément plus incommodante pour les couches les plus pauvres, les plus défavorisées, les plus aux abois, les plus dans le besoin de la société camerounaise ! En c'est certainement en cela que les orientations de gouvernance de l'heure sont cyniques ! Résultat d'une incompétence dans l'expression la plus fâcheuse de son incurie.

Par ailleurs, les problématiques de rupture dans les chaînes d'approvisionnement, l'augmentation du frêt maritime inhérents à la pseudo pandémie covidienne, tout autant que le conflit actuel entre la Russie et l'Ukraine auront contribué à la catalysation de la nouvelle donne. Car, pour ainsi dire, la Russie et l'Ukraine représentent 30% du marché mondial d'exportation de blé, matière première incontournable dans la production de la farine de blé requise dans la fabrique de pain. 


Et si l'on parlait un tantinet de l'incompétence gouvernementale ?


L'on pourrait se demander pourquoi la gouvernance du Renouveau n'a pas ressuscité et restructuré, pris à son compte, les initiatives du défunt Président Ahmadou Ahidjo qui voulait affranchir le Cameroun de cette dépendance du blé étranger qui saigne la balance de paiement, et qui en son temps avait créé la SODÉBLÉ que le lobby des meuniers de France a vite fait de saborder ?

En outre, dans une dynamique substitutive, pourquoi depuis des lustres la gouvernance du Renouveau ne s'est pas attelée à dynamiser les filières de production des céréales locales et de féculents pouvant être utilisés pour la fabrique de pain 100% Made in Cameroon ? 

Pour enfoncer le clou, des études de l'IRAD (Institut de Recherche Agricole pour le Développement) et du PNVRA (Programme National de Vulgarisation de la Recherche Agricole) rattaché au Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural) ont brillamment démontré la possibilité et l'adaptabilité de la culture de blé en terre camerounaise avec des résultats satisfaisants, notamment dans l'Ouest, le Nord-Ouest (localité de Bambui), l'Adamaoua (les zones de Wassandé), avec un potentiel de production nationale de 4-5 tonnes/hectare. « D'après  les experts agronomes, c'est une production possible dans les 5 zones agroécologiques du pays ». ( Source de la citation: site web Média Terre, le système d'information mondiale francophone pour le développement durable, article titré «  Le défi de la relance de la production du blé au Cameroun », mis en ligne le 26/09/2019 à 06 H 55 GMT).

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