Cameroun : les communicateurs musulmans se mobilisent pour une élection présidentielle apaisée
Dans un contexte préélectoral animé, l'Association des communicateurs musulmans pour la promotion de la paix au Cameroun (Ac2pc) a pris les devants. Ce samedi à Douala, l'organisation a ouvert son Séminaire national de renforcement des capacités, une initiative stratégique en prévision de la présidentielle du 12 octobre 2025.

"Médias musulmans et citoyenneté : pour une communication éthique en période électorale" - tel était l'intitulé de cette rencontre qui a rassemblé des journalistes, blogueurs, acteurs sociaux et personnalités issus de la communauté musulmane. Un panel d'experts de haut niveau, comprenant le vice-président national de l’Ac2pc, Swebu Triyah, les docteurs Mfochi Ibrahim (juriste-chercheur) et Ahmadou Yaya Ousmanou, Moussa Ousseini de DBS TV et Abdoulaye Sadou de Hausa 7, a posé les jalons d'une réflexion profonde sur le rôle des médias en démocratie.
Le message était clair : « C'est le socle républicain qui nous rassemble », rappelait un intervenant, insistant sur le respect de la laïcité et le rejet du chauvinisme. Une vision partagée par l'ensemble des participants qui ont exploré l'impact du journalisme de paix sur le développement national.
Des voix d'équilibre face aux tensions
« Nous n’étions pas nombreux dans ce métier, mais nous le sommes de plus en plus aujourd’hui », a confié Abdoulaye Sadou, directeur général de Hausa 7. Ce professionnel des médias, partisan du journalisme de paix, rappelait l'essence même du métier. « Lorsque nous informons le peuple, il faut donner des informations fiables, de qualité. Nous n'avons pas à inventer des choses qui n'existent pas », a-t-il ajouté.
Pour Ismaël Paraïso, président de l’Ac2pc, l'enjeu dépasse la simple période électorale. « Notre pays est dans une phase sensible. Il nous appartient de refuser toute instrumentalisation, de dénoncer la désinformation et de favoriser un climat de dialogue », déclarait-il aux participants venus d’autres territoire que la région du Littoral.
Cette mobilisation a reçu le soutien appuyé des autorités traditionnelles. Sa Majesté El-Hadj Aboubakar Bako, président du Conseil des chefs traditionnels musulmans du Littoral et du Sud-Ouest, y voyait un tournant. « On a toujours taxé les musulmans d'agressifs. Mais je crois que c'est une très mauvaise image. Aujourd'hui, c'est l'explosion », dit-il.
Le séminaire, qui se poursuivra prochainement à Yaoundé, ambitionne de créer un vaste réseau de communicants engagés, reconnus comme ambassadeurs de la paix et le vivre-ensemble. Une initiative qui s'inscrit dans la durée, bien au-delà des échéances électorales.