Cameroun - Pénurie de blé : Promotion des farines de féculents locaux comme produits de substitution aux importations de blé.

C'est une démarche et préconisation quelque peu sur le tard que l'on tient du Ministre de l'Agriculture et du Développement Rural, Gabriel Mbaïrobé, en session plénière à l'Assemblée nationale, en raison de la flambée des cours du blé sur le marché international avec  pour trame justificative le conflit russo-ukrainien. Cependant, cette approche gouvernementale souffre de et occulte quelque inconsistance.

Cameroun - Pénurie de blé : Promotion des farines de féculents locaux comme produits de substitution aux importations de blé.
Le Ministre de l'Agriculture et du Développement Rural, Gabriel Mbaïrobé.

C'est une démarche et préconisation quelque peu sur le tard que l'on tient du Ministre de l'Agriculture et du Développement Rural, Gabriel Mbaïrobé, en session plénière à l'Assemblée nationale, en raison de la flambée des cours du blé sur le marché international avec  pour trame justificative le conflit russo-ukrainien. Cependant, cette approche gouvernementale souffre de et occulte quelque inconsistance.


Au Cameroun, les effets du conflit russo-ukrainien sur un produit de grande consommation tel que le pain sont tangibles, et la hausse de son prix a été actée. Les consommateurs déboursent désormais en moyenne 150 F CFA pour la baguette de pain de 200 grammes. De facto, la Russie et l'Ukraine représentent 30% de part de marché du blé à l'international. Le conflit qui les opposent, les suspensions d'exportation et les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie sont le substrat de la tendance haussière des cours du blé, matière première dans la fabrique du pain.

Le Cameroun accuse le coup de ces facteurs exogènes inhérents à une conjoncture économique défavorable à l'international, et il ne pouvait en être autrement pour son économie essentiellement extravertie, et qui a importé 860.000 tonnes de blé en 2020 pour un montant de 150 milliards en provenance de la Russie, de la France, du Canada et des États-Unis.

Face à cet état de faits, le Ministre de l'Agriculture et du Développement Rural, Gabriel Mbaïrobé, préconise une réduction des importations de blé de 300.000 tonnes. Et pour ce faire, il suffirait " d'insérer 30% des farines de plantain, manioc ou patate douce dans la fabrication du pain. Ce qui nous amènerait à réduire l'importation du blé peut-être de 300.000 tonnes. Les habitudes alimentaires ont fait que, chaque camerounais consomme 33 kilogrammes de blé par habitant et par an, largement au-dessus de la consommation du riz qui n'est que de 25 kilogrammes par habitant par an ".


Une préconisation non-assurée, cosmétique et supercifielle


Il est à remarquer que lorsque le Ministre Mbaïrobé asserte dans la citation susmentionnée, il n'est nullement question d'assurance et d'évidence, et de lien de causalité qui mènerait à l'obtention d'un résultat de réduction de 300.000 tonnes des importations camerounaises de blé par an au travers d'une résolution à insérer 30% de farines de féculents locaux dans la fabrique de pain. La preuve, le Ministre recourt à l'utilisation de "peut-être" : " Ce qui nous amènerait à réduire l'importation de blé peut-être de 300.000 tonnes ". Rien n'est donc sûr, tout n'est que pure conjecture ne reposant sur aucune simulation mathématique ou statistique objectives. Et encore que, toute simulation n'est que ce qu'elle est, et n'exempte nullement de toute contingence.

En outre, la solution préconisée par Sieur le Ministre Mbaïrobé a certainement le mérite d'entretenir la sempiternelle hémorragie de la balance des paiements via une fuite de devises pour l'étranger dans une propension de 70% dans la composition de chaque produit de boulangerie, ou l'on dirait en valeur absolue, d'après l'imminente conjecture ministérielle, qu'environ plus de 500.000 tonnes de blé continueraient quand même d'être importés, et le cycle infernal de la dépendance vis-à-vis de l'extérieur pour l'alimentation des populations serait maintenu. Et tout ceci est d'autant plus déplorable que la désespérante extraversion de l'économie camerounaise ne se limite exclusivement aux seules importations de blé. Le pays importe quasiment tout.

La restructuration industrialisante de l'économie camerounaise, tout autant que la politique d'import-substitution promues par la SND 30 tiennent-elles le cap ? Pourront-elles connaître le succès ou sont-elles vouées à un échec assuré au regard d'une conjoncture économique internationale défavorable et crisique, inhérente à la rupture dans les chaînes d'approvisionnement en raison des choix politiques irresponsables dans la riposte contre la pseudo pandémie covidienne, amplifiée par le conflit russo-ukrainien ? Résultat des courses, la conjoncture internationale est marquée par une crise énergétique, une hyperinflation dans nombre de pays développés avec précarisation et destruction de la classe moyenne, un risque de famine et de pénurie alimentaire, car convient-il de le relever, la Russie détient 20% des parts de marché de la production d'engrais chimiques au niveau mondial, et le conflit en cours met en berne les approvisionnements en engrais requis pour l'accroissement des rendements agraires. Par conséquent, de faibles rendements agraires entraînent forcément de faibles disponibilités alimentaires.

Entre autres, sur une quarantaine d'années, l'on pourrait questionner l'incapacité de la 2e République à dynamiser les filières de production de féculents et de céréales locaux, à promouvoir, implémenter et imposer le Made in Cameroon et sa consommation. Est-ce en la présente situation conjoncturelle si défavorable avec risque potentiel de 3e guerre mondiale que le tir pourra être rectifié, et les objectifs atteints dans les échéances annoncées ? Pourrait-on résoudre le plus complexe lorsque que l'on n'est pas venu à bout du moins ?...

Par ailleurs, de tout évidence, le blé est une culture qui pousse au Cameroun, et sous la première République, le pays disposait d'une société de production de blé appelée SODÉBLÉ  installée dans l'Adamaoua et fermée en 1989 en pleine crise internationale de la dette. Et il incombait à la 2e République de restructurer ladite société, de développer et dynamiser la production des variétés de blé les plus en adéquation avec l'écologie spécifique du Cameroun et à forts rendements au travers des recherches appliquées de l'IRAD sur le sujet. Outre mesure, il aurait fallu s'autosuffire en production de farines à partir de féculents et autres céréales locaux par le biais d'une politique agricole adaptée comme palliatif aux importations de blé. L'aura-t-on fait ? Quand sera-ce enfin le cas ?

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