Chroniques : Affaire Martinez Zogo - l'activité du Juge enquêteur Sikati II kwamo AIMÉ Florent marquée par...
Mes deux réponses :
Premièrement, je n'en sais rien. J'étais fortement impliqué dans cette affaire de Martinez Zogo lors de l'enquête préliminaire parce qu'il fallait renverser la table de la désinformation qui avait pignon sur rue, analyser les faits sous un regard juridique et judiciaire et faire des hypothèses. Dès lors, cette première partie terminée, je fais une petite pause.
Deuxièmement, l’affaire est entre les mains de l’enquêteur Juge d'Instruction Militaire, le Lieutenant-colonel Sikati II kwamo Aimé Florent. Il aura plusieurs missions. D'abord enquêter profondément. Ensuite, il pourra décider libérer certains inculpés du moment pour faits non établis, requalifier les faits pour d’autres, renouveler leur détention provisoire ou pas. Décider convoquer d'autres personnes ou ne pas pour les auditionner.
Avec plus de diligences, l’information judiciaire pourrait être ouverte dès la semaine prochaine pour les nouvelles auditions des inculpés avant qu'il ne renvoie certains ou tous devant le juge du jugement. Les espoirs reposent plus sur cette deuxième étape. Cruciale pour faire éclater la vérité.
S’il y a des problèmes éthiques ou claniques dans cette affaire ou Tentative de récupération politique, je n’en sais rien. Je préfère parler de ce dossier sous un regard juridique et judiciaire. Et même, la République ne se résume pas aux clans. Pour moi, la République dans un contexte comme celui-ci, ce sont nos lois, les conventions internationales qui doivent être respectées à la lettre. C'est la chaîne des hommes et femmes en charge de cette affaire de l'animateur Martinez Zogo qui doit se tourner vers la logique et tenir compte que la pénibilité, c'est aussi l'humanité.
A cet effet, l'activité d’un Juge d’Instruction en charge de de cette affaire sera faite de tranches de vies, celles des inculpés. Elle sera marquée par des commencements et des fins. Tout en gérant son cabinet, il saura se donner le temps de l’humain. Car, ce qui lui importe, c’est de parvenir à mieux connaître les femmes et les hommes, victimes et auteurs, au-delà du filtre froid d’un dossier, s’intéresser à leur parcours de vie, à leurs aspirations, leurs espérances. Aussi, quand « il va ouvrir » le dossier Martinez Zogo et celui des inculpés, il saura que sont inscrites leurs actions dans un temps judiciaire qui a un terme.
Pour un Juge Enquêteur comme Sikati kwamo II, ce temps est fonction de la durée et de la nature du motif. Pour cela, il va falloir qu'il débute avec une relation faite d’autorité, de confiance, de trop de doutes, de contrôle, d’écoute, de décisions. Quelques mois s’écouleront avant qu’une décision arrive à son échéance.
Autant de mois ou d’années pour essayer de comprendre ce qui a conduit à rompre le principe « Tu ne tueras » en commettant des actes délictuels ou criminels, pour s’efforcer de donner de l’effectivité et du sens à la peine, pour tenter de réinsérer un prévenu. Autant de mois ou d’année passés à aider au dédommagement des victimes, espérer qu’elles se reconstruisent.
Ce temps nous lie : Juge Enquêteur, conseiller d’insertion et de probation, condamnés, victimes. Il est indispensable. Il va falloir que les inculpés fassent preuve de patience pour qu'il leur fasse comprendre s’ils sont coupables pour accepter un procès ou non - coupable pour rentrer chez eux après quelques mois de détention.
Le temps est notre allié pour parvenir à rebâtir ce qui a été détruit et restaurer des liens sociaux harmonieux. C’est le temps des rechutes, des récidives. Le temps des échecs. C’est aussi le temps de belles réussites. Cela demande de l’investissement. Mais au début de la route, il y a de l'espoir. Au bout, il y a la paix, le travail et parfois la partie retrouvée.
Pour ce Juge enquêteur, le temps est un outil et une force. Pour les victimes et les inculpés. Il peut être, par lui-même, une souffrance. Pour un juge enquêteur, le temps est fait de débuts sans cesse renouvelés, de promesses non tenues et reformulées, mais aussi de fins répétées quand il est temps de mettre un terme à une dérive par le retrait d’une mesure et d’une incarcération.
Le temps, c’est aussi celui de l’oubli. Oublier ces victimes et ces inculpés parmi tant d’autres. Des visages défilent, des vies se déroulent. Mais le présent est trop prégnant. Il faut se consacrer aux inculpés du moment. Les autres se fondent dans un brouillard dont, parfois, émerge le souvenir d’une femme ou d’un homme attachant ou tout au contraire inquiétant par sa dangerosité.
Comme toute chose, l'incarcération est une mesure qui a une fin. Aussi, vient le temps de « refermer » un dossier. Pour ces femmes et ces hommes, la déclaration d'un non-lieu c’est le début d’une autre vie. Tous l’affirment : elle sera meilleure. Quelques-uns n’y parviennent pas tout de suite et d’aucuns jamais. Une vie qui vous échappe et qui cette fois leur appartient complètement. La fin d’un dossier marque déjà le début d’un autre.
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Polycarpe Xavier Atangana, pour une société