RDC - Instabilité : Comment comprendre et expliquer ces 20 années de guerre en République Démocratique du Congo: entre origines et conséquences

Par Charly KENGNE 

La RDC à ne pas confondre avec la République du Congo est un pays d'Afrique centrale, pays francophone, le 4e le plus peuplé du continent avec ces 87 millions d'habitants, il s'étend sur 2 300 000 km2, sa capitale est Kinshasa sur le fleuve Congo et le pays a un faible accès à la mer avec l'océan Atlantique. Il dispose de frontières terrestres avec la République du Congo, la Zambie, l'Angola, le Burundi, la Tanzanie, le Rwanda, l'Ouganda, le Sud-Soudan et la République Centrafricaine. La République Démocratique du Congo connait d'importants troubles depuis deux décennies, les raisons de ces troubles sont complexes, elles sont d'origines ethniques, politiques et économiques

I- PÉRIODE MOBUTU 1965-1997

Le Congo acquiert son indépendance de la Belgique en 1960, s'en suit 05 années d'incertitudes jusqu'au moment où Joseph MOBUTU alors commandant en chef des  Armées s'auto-proclament Président. Il nomme le pays Zaïre et va rester au pouvoir jusqu'en 19997. Il va mener une politique autoritaire et alignée sur les USA durant la guerre froide. Dans les années 90, la guerre froide terminée, les États-Unis retirent peu à peu leur soutien à Mobutu et celui-ci perd en notoriéte. Dès lors, il instaure alors le multipartisme mais cela ne lui servira pas à rester au pouvoir, qu'il perdra à l'issue de la première guerre du Congo.

II- PREMIÈRE GUERRE DU CONGO 1996-1997

Cette guerre prend sa source lors du génocide rwandais de 1994. Pour rappel cela fait réfèrence aux massacres des Tutsi par les Hutu ( Deux ethnies Rwandaises). Ce génocide a fait plus de 800 000 morts en à peine un peu plus de 03 mois. Après cet événement près de 2 000 000 de réfugiés Hutu fuirent dans l'Est du Zaïre. Certains sont d'ex génocidaires et craignent des représailles.

D'autres ont peur de subir le même génocide après l'arrivée au pouvoir au Rwanda d'un gouvernement Tutsi avec Paul KAGAME comme Président. Une fois installés dans l'est du Zaïre, les ex génocidaires Hutu s'organisent en milices et persécutent les populations Tutsi vivant au Zaïre.  À partir de cet instant, le Rwanda commence à armer ces Tutsi qu'il considère naturellement comme étant ses alliés afin qu'ils puissent se défendre.

Face à ça, le gouvernement de Mobutu qui voit d'un mauvais œil l'ingérence Rwandaise sur son territoire, ordonne aux Tutsi de quitter le pays. Pour info, beaucoup de Tutsi résidant au Zaïre à ce moment là n'ont même pas la nationalité Zaïroise. En réponse, le Rwanda et son allié l'Ouganda participent à la création de l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo), groupe composé de Rebelles opposés au gouvernement Mobutu, mais également de troupes Rwandaises et Ougandaises.

La guerre commence. L'AFDL mené par Laurent KABILA prend rapidement l'avantage, marche jusqu'à Kinshasa et chasse Mobutu. KABILA s'auto-proclame Président et renomme le Zaïre en République Démocratique du Congo (RDC). Mais une fois au pouvoir, il se retourne contre ses anciens alliés et demandent aux troupes Rwandaises et Ougandaises restées dans l'Est du pays de se retirer rapidement. Il chassa en pratiquement 24h les Tutsi présents dans son gouvernement et des centaines d'autres sont lynchés à Kinshasa ce qui ouvrira les prémices de la deuxième guerre du Congo.

III- DEUXIÈME GUERRE DU CONGO 1998-2003

Les tensions montent entre KABILA et ses ex alliés et 1998, les Tutsi de l'armée Congolaise se mutinent et obtiennent le soutien du Rwanda et de l'Ouganda. Ils forment un groupe rebelle le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie). Ils prennent rapidement les ville de Goma, Bukavu et Uvia dont toute une partie de l'Est du Congo qui se retrouve sous influence Rwandaise. En réponse KABILA demande de l'aide aux milices anti Tutsi ce qui créera des violences un peu partout sur l'ensemble du territoire jusqu'à Kinshasa.

Mais très vite , dès mi-août 98 , des membres du RCD parviennent à se rapprocher de la capitale, ils sont rejoints sur place par d'autres troupes mutinees issues de l'armée Congolaise. La situation devenue critique pour Kabila mais il parvint à gagner un certain temps en comptant sur un certain nombre d'alliés dans la région tel que l'Angola, le Zimbabwe, la Namibie, le Tchad, la Lybie et le Soudan. Et grâce à leur soutien il parvient à éloigner les Rebelles de la capitale. 

Parallèle à ça, l'Ouganda fonde son propre groupe rebelle au Congo, le MLC (Mouvement de Libération du Congo) qui va bientôt contrôler la partie Nord du pays.

Le FDLR ( Front Démocratique de Libération du Rwanda) est également fondé en 2000 par des ex génocidaires Hutu réfugiés du Rwanda au Congo. Ils soutiennent Kinshasa et leur objectif est de reprendre le pouvoir au Rwanda qu'il avait perdu peu après le génocide de 94. 

On voit donc bien qu'entre le MLC, RCD , FDLR , les milices Hutu et un grand nombre d'autres groupes non cités que cette guerre n'est pas une guerre traditionnelle, mais plutôt une suite d'escarmouches soutenues par divers gouvernements ne respectant aucun Droit international parmis lesquels le sacro-saint de la "NON INGÉRENCE DANS LES AFFAIRES INTERNES D'UN ÉTAT", je ne parlerai même pas du principe de la "SOUVERAINETÉ" OU DE "L'INTANGIBILITÉ DES FRONTIÈRES".

En janvier 2001, Laurent Désiré KABILA est assassiné par un garde du corps. Son fils Joseph KABILA prend immédiatement le pouvoir. Et à partir de 2002 la situation se détériore pour le Rwanda, les membres du RCD lassés par la guerre arrête les combats. Certains rejoignent même l'armée Nationale Congolaise et des affrontements ont eu lieu avec l'armée Rwandaise.

Le Rwanda ne peut continuer la guerre et en juillet il signe un accord de paix avec le Congo qui prévoit le retrait de 20 000 soldats Rwandais du territoire Congolais et en retour le désarmement des milices composées d'anciens génocidaires de 94. Septembre de la même année, la paix est également signée avec l'Ouganda.

Malgré la paix des escarmouches sont encore observées à l'est du Congo parceque en dépit des accords de paix signés, des dizaines de milices sont encore actives dans cette région. Certaines ( milices ) Hutu, d'autres Tutsi et d'autres encore aucun des deux. Il est très difficile de savoir lesquelles sont les plus actives, les plus dangereuses et quelles sont leurs motivations. Quoiqu'il en soit cela va mener à un nouvel affront : " la guerre du Kivu".

IV- LA GUERRE DU KIVU 2004-2009

Après la deuxième guerre du Congo, un gouvernement de transition est mis en place. Parmis d'autres mesures il est prévu de créer une nouvelle armée en intégrant les combattants Congolais des différentes factions ou milices armées ayant combattus pendant la guerre. L'objectif étant de pacifier et d'unir le pays sauf qu'en lieu et place on obtiendra une armée très discutable, mal équipée, mal entraînée et peu disciplinée tout simplement parceque pour la plupart beaucoup de ces combattants sont d'anciens Rebelles ayant commis des crimes, actes de pillages et se sont battus les uns contre les autres. 

C'est ainsi qu'un homme va sortir du lot. Il s'agira de Laurent KUNDA, un Tutsi ancien du RDC est nommé Colonel puis Général de cette nouvelle armée. Mais très vite il rejette l'autorité du gouvernement de KABILA et avec de nombreux déserteurs Tutsi, il fonde sa propre armée le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple). Il installe son quartier général dans les forêts du Masisi et étend son pouvoir dans le Nord KIVU.

Dans années suivantes, des combats ont lieu entre le CNDP et les FARDC ( Forces Armées de RDC) et un bon nombre de milices Hutu dont le FDLR ce qui va entraîner une catastrophe humanitaire. Des centaines de milliers de civils vont être contraint de quitter leur foyer pour fuir les combats et de nombreux crimes seront commis. Les combats vont continuer jusqu'en 2009 lorsque Laurent KUNDA sera arrêté. 

Un accord de paix sera alors signé le 23 Mars. Les combattants de Laurent KUNDA demande en vue de la Libération des prisonniers le contrôle de 03 ministères en vue des prochaines élections présidentielles de 2011. Mais après ces élections en 2012, ils estiment que l'accord n'est pas respecté et lancent une nouvelle rébellion d'où l'appellation Mouvement du 23 Mars ou M23. Il s'en suit encore plus d'un an d'affrontements dans la région du Nord KIVU jusqu'en 2013 les FARDC appuyées par les casques bleus parviennent à contenir la rébellion. Le M23 dépose alors les armes.

V- QUE SE PASSE T-IL DEPUIS 2013.

Plus de 04 ans après la défaite du M23, une multitude de factions armées sévissent toujours dans l'est du Congo notamment dans les régions du KIVU et la Lituri. On n'en compte plus d'une centaine très hétéroclite composée d'une vingtaine, une centaine voir quelques milliers. Certaines ont des revendications politiques qui restent parfois très floues, d'autres sont tout simplement des pillards que des milices Rebelles  et d'autres sont des milices d'auto- défense formées dans les villages pour lutter contre les pillages. Toutes ces fragmentations sont un moindre mal pour le gouvernement car aucun groupe n'a la force de menacer directement le pouvoir central ou Kinshasa. La population en revanche est comme toujours en première ligne. 

La situation est donc extrêmement complexe, on enchaine les guerres et les jeux d'alliances entre milices changent en permanence. Des groupes prennent des noms puis en changent, fusionnent avec d'autres groupes puis se mutinent. Les membres de l'armée régulière et même de l'ONU sont accusés de connivence avec certains groupes. 

Bref il est extrêmement difficile de savoir qui fait Quoi et qui veut Quoi. Et les forces de l'ONU déployées sur place en plus d'être accusé de connivence et de sévices sont impuissantes. Les conditions géographique compliquent encore plus la traque à ces rebelles.

VI- POURQUOI LE CONGO EST SI INSTABLE, POURQUOI DES GENS SOUHAITENT CONTRÔLER LES RÉGIONS ORIENTALES DU PAYS ?

Il existe des tensions entre ethnies rivales c'est évident mais les  motivations économiques sont aussi largement responsables. Il faut savoir que l'Est du Congo regorge d'importants ressources minières. On y retrouve de l'or, de l'étain, du coltan, du thugstene, des diamants et bien d'autres. Ces ressources sont vitales pour de nombreuses industries. Nous pouvons citer l'industrie automobile, l'aérospatial, les hautes technologies, industries militaires ou encore la joyerie. 

La seule région du Kivu abriterait entre 60 et 80% des réserves mondiales connues de Coltan( minerais utilisé dans l'électronique). Ces ressources ont toujours attiré les pays étrangers. 

Les rapports de l'ONU confirment que les actions des gouvernements Rwandais et Ougandais sont au moins en partie motivée par l'accaparement de ces ressources. On voit donc que ces conflits sont de se résumer à des rivalités ethniques. Actuellement certaines mines sont contrôlées par des milices financées, armées et soutenues par des multinationales occidentales. Ceci c'est sans parler de ces mineurs qui sont taxés et l'argent récolté sert aussi à acheter armes , munitions mais également à financer les opérations terroristes sur le terrain. Donc participent à l'enlisement de ce conflit.

VII- CONSÉQUENCE SUR LES POPULATIONS

Depuis 20 ans, les conséquences sur la population sont désastreuses. Selon des sources ce conflit aurait fait entre 4 et 6 millions de morts dont la moitié seraient des enfants en bas âge. C'est le pire bilan humain depuis la seconde guerre mondiale pourtant ce conflit semble oublié de tous les médias de par le monde. 

Des centaines de milliers de femmes, jeunes filles et de jeunes garçons ont été volés. Des viols massifs utilisés comme stratégie de guerre pour casser le moral des villages et des familles. Technique permettant le contrôle des autres par la peur.

On parle également des actes d'esclavagisme qui passe par des travaux forcés dans les mines.

Et enfin l'utilisation d'enfants soldats qui servent de chaire à Canon.La RDC à ne pas confondre avec la République du Congo est un pays d'Afrique centrale, pays francophone, le 4e le plus peuplé du continent avec ces 87 millions d'habitants, il s'étend sur 2 300 000 km2, sa capitale est Kinshasa sur le fleuve Congo et le pays a un faible accès à la mer avec l'océan Atlantique.