Cameroun - Gouvernance pétrolière : Pots-de-vin, corruption et prévarications à la SONARA et SNH

Bâtiment avec aperçu de logo de Glencore

 

 

L'affaire Glencore encore pendante  dans les systèmes judiciaires états-uniens et britanniques, est venue mettre davantage en exergue une corruption tant décriée au Cameroun. Des communiqués rendus publics du Département de la Justice américain et du  bureau britannique d'investigation en date du 24 mai 2022, font état d'aveux de corruption, de versements de pots-de-vin de la part du trader anglo-suisse Glencore pour l'obtention de contrats pétroliers dans plusieurs pays du monde, au nombre desquels le Cameroun. Raison de la saisine en date du 27 mai 2022 de la Commission Nationale de luttte contre la Corruption (CONAC) par Maître Akere Muna, ancien Vice-président de Transparency International et ex-Bâtonnier de l'Ordre des Avocats du Cameroun.

 

 

 

 

"J'ai l'honneur de porter à votre attention, pour action urgente, une information publiée par le Financial Times de Londres révélant le fait qu'une société étrangère va plaider coupable à des accusations de pots-de-vin et de corruption. En tant qu'activiste engagé dans la lutte contre la corruption depuis plus de deux décennies, je suis depuis 2018 les enquêtes lancées dans le Département de la Justice américaine contre Glencore Plc", a écrit Akere Muna, tout en concluant sa correspondance en "implorant la CONAC de monter une enquête des plus robustes sur cette sordide affaire qui implique deux des plus importantes entreprises publiques du Cameroun".

 

S'il est vrai qu'au sujet de la corruption le pays de Paul Biya n'a nullement bonne presse, cette nouvelle affaire qui défraie la chronique ternit davantage son image. En effet, la plaidoirie de la défense de Glencore procède sans ambages à des aveux sur les chefs d'accusation de corruption et de paiement de pots-de-vin d'environ 7 milliards de francs CFA pour "mouiller la barbe" des officiels de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) et de la Société Nationale des Raffineries (SONARA) dans le but de faire valider des opérations de Glencore au Cameroun.

 

Par ailleurs, un groupe de 3 organisations, à savoir : la Déclaration de Berne, Swissaid et le Natural Resource Governance Institute dans un rapport intitulé "Les traders suisses, le pétrole africain et les risques d'opacité", publié le 20 juillet 2014, a révélé un achat de près de la moitié de la production pétrolière camerounaise de l'année 2013 par 3 traders suisses (Glencore, Vitol et Gunver), et "ces achats ont abouti au paiement à l'État camerounais, de près de 600 millions de dollars (environ 300 milliards de francs CFA), représentant 12% des recettes de l'État".

 

Malheureusement, eu égard aux risques encourus en raison du paradigme de gouvernance, de l'opacité environnant de telles transactions et de la corruption endémique au Cameroun, de tels revenus pétroliers sont loin de profiter au bien-être et à l'épanouissement des populations.

Cependant, en réaction, la SNH a répondu par communiqué (photo du communiqué officiel en début d'article) aux accusations révélées par le dossier judiciaire de Glencore. L'entreprise nie tout lien avec les pratiques faisant l'objet des chefs d'accusation de Glencore, demandant au passage des preuves de l'implication des responsables de la SNH dans des actes de corruption.

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