Douala : Le CNTS mobilise partenaires et entreprises pour promouvoir la culture du don de sang au Cameroun
Le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) a sonné le clairon de la mobilisation le vendredi 04 juillet 2025, à Douala. L'occasion ? La toute première Journée de partenariat pour la transfusion sanguine, tenue sous le thème : “Unissons nos forces pour sauver des vies : ensemble pour une transfusion sanguine sécurisée au Cameroun”.

L’initiative, première du genre organisée par le Cnts, a réuni des acteurs clés, dont Nicoline Ebune épse Marks Okolobi, représentante du gouverneur du Littoral, et Jean-Charles Ledot, consul général de France à Douala. Il était question de sensibiliser les populations et les entreprises à la culture du don de sang, un geste vital encore trop méconnu ou négligé au Cameroun.
Le CNTS a exposé ses missions, ses défis colossaux et ses priorités stratégiques. La question du sang, véritable épine dorsale de notre système de santé, est plus que jamais centrale. Et les défis sont, on ne le dira jamais assez, énormes. Il faut, disent-ils, promouvoir sans relâche la culture du don de sang et organiser des collectes bénévoles régulières, notamment au sein des entreprises.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : seulement 20 % des près de 30 millions de la population camerounaise donne du sang, et en 2024, une consultation du CNTS a révélé que 25,4 % des banques de sang visitées disposent du matériel minimum pour garantir la sécurité des donneurs. Avec 770 bassins potentiels de collecte recensés, dont 418 universités et 352 moyennes et grandes entreprises, le potentiel est immense, mais les réticences et les idées reçues persistent.
Maurelle, 20 ans : le sang, son seul passeport pour la Vie
Imaginez un instant que chaque mois, votre existence même dépende d'une poche de sang. C'est le quotidien de Maurelle Ngueochi Tamba, une jeune femme de 20 ans, courageuse, dialysée depuis plus d'une décennie. Son témoignage, arraché à l'émotion et à une réalité crue, a transpercé l'assistance.
« Je n'ai absolument pas connu de problème. Lorsqu'il y a le sang, sauf si parfois j'arrive à mettre, c'est au cas où il n'y a pas assez de sang. Du coup, puisqu'il y a les urgences, c'est également qu'il faut savoir, mais pour l'Hôpital général, moi j'ai toujours le sang », explique-t-elle, avec une maturité qui force l'admiration. Le sang, pour elle, n'est pas une option, mais une nécessité vitale. « Je me retrouve généralement chaque mois à avoir le manque de sang. […] Moi, c'est ma source de vie, c'est ma base là-bas, le sang que je dois mettre. Sans le sang, je ne peux même pas, je fréquente. »
Maurelle a même pu composer son baccalauréat cette année, une victoire arrachée de haute lutte, grâce à ces transfusions régulières. « C'est le sang qui m'a aidée en vie là-bas »,
Les entreprises, acteurs clés du changement
Face à ces défis, le CNTS mise sur les entreprises pour changer la donne. « Nous voulons promouvoir la culture du don de sang dans les structures privées et publiques. Les entreprises peuvent organiser des collectes bénévoles, sensibiliser leurs employés et même apporter un soutien logistique ou financier », explique le Pr Dora Mbanya, directeur général du Cnts. L’idée est simple : faire du don de sang un réflexe collectif, sans préjugés ni tabous.
Les partenaires présents à cette journée ont été encouragés à s’engager concrètement, que ce soit par des campagnes internes, des dons matériels ou une participation active aux collectes. « Un partenaire peut intervenir à chaque étape : sensibilisation, collecte, transport, test ou stockage. Chaque geste compte », souligne le directeur du CNTS.
Briser les réticences pour sauver des vies
Le don de sang, qui ne prend qu’une heure, peut sauver des vies dans des situations critiques : complications à l’accouchement, anémies sévères, cancers ou accidents graves. Pourtant, des idées reçues freinent encore les élans de solidarité. « Il faut aller vers les communautés, parler, expliquer. Donner son sang, c’est un acte simple, sécurisé et altruiste », insiste le Pr Mbanya.
Cette première journée de partenariat a jeté les bases d’une collaboration durable entre le CNTS, les autorités, les entreprises et la société civile. L’objectif est clair : faire du don de sang une priorité nationale. Avec des initiatives comme celle-ci, le CNTS espère non seulement augmenter les stocks de sang, mais aussi faire évoluer les mentalités pour que cet acte devienne une fierté collective.