Douala sous la menace climatique : près de la moitié de la ville et 186 000 habitations en zone à risque
La capitale économique du Cameroun, Douala, est plus que jamais sous la loupe des experts face à la menace grandissante des changements climatiques. Un atelier crucial, organisé par l'Observatoire National sur les Changements Climatiques (ONACC), s'est tenu ce mercredi pour dévoiler une cartographie alarmante des zones à risques et catastrophes climatiques. Les chiffres révélés sont un véritable électrochoc et appellent à une prise de conscience urgente.

Les conséquences seraient désastreuses, si les analyses et données de l’Onacc publiées ne sont pas prises en compte par les décideurs. La métropole économique camerounaise, malgré sa résilience, est à la merci des eaux et des glissements de terrain. 48% de la ville est menacée par les inondations, selon l’Onacc. Sur les 975 km² que couvre la ville de Douala, 48% sont classés comme des zones à risque élevé, voire très élevé, d’inondations.
Près de la moitié de la métropole est vulnérable aux assauts des eaux, amplifiés par les perturbations climatiques. Mais ce n’est pas tout. 37 km² de ce territoire sont exposés à des risques de glissements de terrain, une menace tout aussi destructrice. Ces chiffres, fruits d’une étude minutieuse de l’ONACC, ont été traduits en cartes précises, des outils désormais indispensables pour orienter les décisions des autorités.
Pire encore, 186 000 maisons sont construites dans ces zones à haut risque, exposant des milliers de familles à des catastrophes potentielles. Certaines communes comptent jusqu’à 60 000 habitations érigées sur des terrains dangereux. Des maisons qui, à la moindre crue ou au moindre effondrement, pourraient s’écrouler, emportant des vies, des biens, et des rêves.
Comme l’a martelé le Pr Joseph Armathé Amougou, directeur général de l’Onacc, « celui qui détient l’information détient le pouvoir ». Ces données ne sont pas juste des chiffres : elles sont un cri d’alerte, une boussole pour repenser l’urbanisme et protéger les populations.
Pourquoi cette information est importante
Cette cartographie n'est pas qu'un simple document ; elle est un outil indispensable pour les mairies et les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) afin de prendre des décisions éclairées. La question se pose : est-il encore raisonnable d'accorder des permis de construire dans ces zones ? Les habitants devraient-ils continuer à y vivre, sachant que les inondations se soldent souvent par des effondrements de maisons, des pertes de vies et de biens ?
Des recommandations claires pour une meilleure résilience
Aubin Mfou’ou Awana, cadre au département de Géomatique de l'ONACC, a renchéri en insistant sur le fait que "le changement climatique aujourd'hui s'avère comme étant un fléau non négociable." Il est donc primordial d'intégrer systématiquement les enjeux du changement climatique dans tous les plans d'aménagement urbain et dans chaque processus de développement.
L'ONACC ne se contente pas de dresser un constat alarmant; l'organisme propose des solutions. Les cartes présentées aux communes de Douala seront soumises au gouvernement, notamment au ministère du développement urbain et de l’habitat via le ministère de l'environnement, de la protection de la nature et du développement durable. L'objectif est clair : que des dispositions soient prises pour s'adapter, s'ajuster et atténuer les conséquences négatives potentielles de ces catastrophes.
Par ailleurs, une sensibilisation massive des populations est cruciale. « On a remarqué que beaucoup de personnes ne comprennent pas le danger qu'ils encourent en construisant dans les zones interdites de construction, en construisant dans des mangroves, en construisant dans les marécages, » a regretté Aubin Mfou’ou Awana. Les cartes sont désormais là pour résumer ces zones à risque.
Face à ces révélations, la question qui demeure est la suivante : Douala est-elle prête à prendre à bras le corps cette réalité et à transformer ces chiffres en actions concrètes pour la sécurité de ses habitants ? L'heure n'est plus à l'hésitation, mais à l'action.