Télécommunications au Cameroun : les priorités de la délégation régionale de l’ART pour le Littoral et le Sud-ouest

ENTRETIEN. Installé officiellement il y à un mois par le gouverneur du Littoral, Patrice-Joël Mpoudi Mengue, nouveau délégué régional de l’Agence de régulation dès télécommunications (ART) du Cameroun se prononce sur les défis et les solutions pour améliorer les services de communication dans les régions du Littoral et du Sud-ouest.

Patrice-Joël Mpoudi, le 17 avril 2025 après son installation officielle. Crédit-photo : @Cameroon Press.

Bon après-midi, monsieur le délégué. 

P-J. Mpoudi : « Merci beaucoup, merci pour la visite professionnelle que vous me rendez après l'installation officielle par le gouverneur de recevoir les médias dans nos locaux ».

Monsieur le délégué, quel état des lieux faites-vous en première ligne après cette prise de fonction ? 

P-J. Mpoudi : « Après la prise de fonction officielle par le gouverneur de la région du littoral, j'ai été amené à constater que les consommateurs qui sont la cible privilégiée du secteur de la télécommunication sont confrontés à un certain nombre de problèmes d'actualité, principalement les problèmes de qualité des services, les problèmes de tarification des services, principalement les services internet, les problèmes d'innovation technologique avec les nouveaux produits qu'on observe dans le marché comme Starlink et globalement les problèmes de sécurité avec les problèmes liés à la fibre optique qui est questionné à la fois par l'administration, les opérateurs et certains consommateurs.

Donc voilà les axes principaux que j'ai été amené à observer ».

C'est pareil pour la région du Sud-ouest ? 

P-J. Mpoudi : « Oui, la région du Sud-ouest est déjà avec le contexte sécuritaire assez sensible. Ils ont surtout des problèmes de sécurité des équipements de télécommunication.

Donc principalement la fibre optique qui est installée dans la région du sud-ouest fait l'objet de beaucoup de vandalisme de la part des populations, ce qui nous amène à renforcer la collaboration avec les autorités de sécurité et les autorités publiques pour que cette infrastructure sensible reste disponible et facilite les communications.

Au Sud-ouest, il y a aussi des problèmes d'identification avec les mouvements de personnel dans les régions en crise ou sinistrées. Donc il y a des personnes qui parfois accèdent dans les réseaux de télécommunication sans respecter la procédure d'identification, ce qui est extrêmement sensible en cette année électorale.

Donc ce sont les deux principaux problèmes qu'on rencontre dans la région du Sud-ouest ».

Est-ce qu’il y a des solutions ?

P-J. Mpoudi : « Les solutions au niveau de la qualité de service, c'est une préoccupation que l'état du Cameroun, au niveau le plus élevé, a pris en considération. Au niveau du ministère des Postes et télécommunications, depuis près de deux ans, nous avons une plateforme de concertation avec les opérateurs pour pouvoir évaluer les investissements qui ont été prescrits par le gouvernement.

Donc chaque année, ils nous rendent compte des investissements. Au niveau de l'ART également, on a un cadre de concertation et on procède à des contrôles périodiques. Le ministre des Postes et télécommunications était ici l'année dernière, ainsi que le directeur général de l'ART, qui ont rencontré tous les opérateurs pour faire une évaluation.

Au cours de cette année, en janvier, la délégation régionale du Littoral et pour le Sud-ouest a effectué des contrôles auprès de MTN et Orange. Et au mois d'avril, la direction générale de l'ART a fait également un contrôle élargi sur tous les aspects concernant les opérateurs dont on pense qu'ils peuvent impacter la qualité de service.

Donc sur les investissements qu'on leur a demandé de faire, sur l'utilisation des ressources, principalement les fréquences, sur les numéros et sur ce qu'ils appellent les interférences, dont les fréquences des radios, TV et autres, qui parfois brouillent les réseaux des opérateurs.

Donc c'est une question qui est extrêmement regardée au niveau du gouvernement et au niveau de l'ART pour que cette situation soit résolue. Mais les échanges avec les opérateurs nous interpellent également sur d'autres questions qui semblent-ils impacte la qualité de service, comme la question de l'énergie, la question de la fibre optique, dont pour le moment, Camtel, a l'exclusivité et donc dans une certaine mesure remettre en cause la fiabilité. L'ART vient de lancer un appel d'offres internationales pour procéder à un contrôle pour la fiabilité de la fibre, pour regarder si elle est fiable, s'il y a des améliorations, à l'effet de pouvoir améliorer la qualité de service et la satisfaction des consommateurs.

Donc c'est la question la plus cruciale cette année, c'est d'arriver à résorber cette question-là. Et si elle n'est pas résorbée, on doit également faire des contrôles sur les interférences de fréquences utilisées par les câbles distributeurs au niveau de Douala. Au début du mois de juin, nous allons lancer des contrôles sur les radios et les télévisions qui utilisent également les fréquences de télécommunication.

On se rend compte que certaines de ces fréquences sont attribuées aux opérateurs mobiles, donc il faut s'assurer que chacun respecte la bande de fréquences qui lui est attribué pour éviter les brouillages qui impactent la qualité de service. Donc c'est l'une des questions les plus cruciales avec la tarification des services dont la délégation régionale du littoral accompagne la direction générale pour sa mise en oeuvre.

Pour sortir, quelle est votre feuille de route dans les années à venir ?

P-J. Mpoudi : « Ma feuille de route, c'est améliorer la satisfaction des consommateurs. Nous pensons que, que vous soyez à l'état central, que vous soyez au ministère qui fait la réglementation, que vous soyez à l'ART qui fait la régulation, que vous soyez chez les opérateurs qui font l'exploitation, nous sommes tous consommateurs. Donc, ce que nous tous nous attendons, c'est que nous ayons des services qui fonctionnent normalement, des communications qui aboutissent à des tarifs abordables, de façon sécurisée, et dans l'ensemble du territoire, que ce soit dans les zones urbaines que les zones rurales, parce que nous ne perdons pas de vue que 80% de nos populations vivent en zone rurale. Et il faut que les services que nous cherchons à mettre à disposition à Douala et à Yaoundé soient également les mêmes services qui arrivent dans les zones les plus reculées.

C'est également l'un des axes de nos activités qu'on appelle le service universel, c'est-à-dire que toutes les populations ont les mêmes services. C'est l'option du Cameroun, parce que dans d'autres pays, on donne des services dans les grandes villes, mais les petites villes sont un peu... Donc c'est ça la feuille de route, effectivement.

Donc veiller à ce que la qualité des services soit résorbée, veiller à ce que les problématiques de tarification soient abouties, qu'il y ait moins de plaintes en ce qui concerne les tarifications, assurer la sécurité des infrastructures de communication dans ces périodes sensibles également.

Donc veiller à ce qu'il y ait moins de clandestin, moins de vandalisme, pour que les services de communication puissent évoluer de façon normale ».

Merci.

Patrice-Joël Mpoudi : « C'est moi qui vous remercie.»

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