Fusillade au Texas : le tireur avait annoncé ses intentions sur Facebook
Source AFP
Selon Greg Abbott, le jeune homme a successivement publié un message prévenant qu'il allait tirer sur sa grand-mère, puis un autre précisant qu'il l'avait fait. Facebook « coopère pleinement » avec la police chargée de l'enquête sur la tuerie, a assuré Andy Stone, un porte-parole de Meta, la maison mère du réseau social. Le lycéen, tué par les forces de l'ordre, a utilisé un fusil d'assaut, une arme extrêmement létale, a ajouté le gouverneur.
Ce drame a replongé l'Amérique dans un cauchemar chronique, Joe Biden exhortant à un sursaut pour réguler les armes à feu. « Il est temps de transformer la douleur en action », a insisté le président américain, visiblement ému, dans une allocution solennelle à la Maison-Blanche.
Hours after a gunman opened fire at an elementary school in Uvalde, Texas, President Biden urged politicians to stand up to gun manufacturers. But he made no specific gun control proposals nor called on Congress to vote immediately on legislation. https://t.co/5AZlJzo6iC pic.twitter.com/meqvmUnhcY
— The New York Times (@nytimes) May 25, 2022
« Quand, pour l'amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes ? » a lancé Joe Biden, se disant « écœuré et fatigué » face à la litanie des fusillades en milieu scolaire. Cette dernière tragédie a fauché la vie d'enfants âgés d'une dizaine d'années tout au plus. Le tireur a tué ses victimes « d'une façon atroce et insensée » dans la ville d'Uvalde, a déclaré le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott. Identifié comme Salvador Ramos, il est lui aussi décédé dans cette tuerie qui a touché la commune située à environ 130 kilomètres à l'ouest de San Antonio.
« Un nuage noir plane sur la ville »
Le bilan présenté par les autorités n'inclut pas le tireur, qui portait au moins un fusil et une tenue paramilitaire, a précisé le sergent Erick Estrada sur la chaîne CNN. Salvador Ramos, de nationalité américaine, aurait d'abord visé sa grand-mère, dont l'état de santé restait à préciser, avant de se rendre à l'école en voiture pour y perpétrer son massacre. Les mobiles de cette attaque, l'une des pires dans une école depuis des années, étaient pour l'instant inconnus.
La fusillade s'est produite à l'école primaire Robb, qui accueille des enfants âgés de moins de 10 ans à Uvalde. Plus de 500 enfants, dont près de 90 % d'origine hispanique, étudiaient dans l'établissement pendant l'année scolaire 2020-2021, selon des données de l'État. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient des enfants évacués en urgence, se donnant la main ou courant par petits groupes vers des bus scolaires jaunes, devant cet établissement aux bâtiments bas et plats, typiques du sud des États-Unis. La fusillade s'est produite alors que Joe Biden était sur le chemin retour de sa tournée en Asie. Il a pris la parole le soir, dès son arrivée à la Maison-Blanche.
« On a l'impression qu'un nuage noir plane sur la ville », confiait à l'AFP un habitant, Adolfo Hernandez, dont le neveu se trouvait dans cet établissement plongé dans l'épouvante et le chaos par un tireur de 18 ans, abattu par la police. « Les choses comme ça n'arrivent jamais ici. Donc quand on entend quelque chose comme ça, on veut se pincer et se réveiller de cet horrible cauchemar », a-t-il ajouté, décrivant une ville « au cœur brisé, dévastée ». Les rues aux alentours de l'école endeuillée étaient mercredi bouclées par les forces de l'ordre, qui ont établi un périmètre de sécurité. Il n'y avait pas de circulation automobile, très peu de piétons et, hormis la présence de nombreux médias et de dizaines de policiers, un calme lugubre régnait, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Énième fusillade dans un établissement scolaire
Les écoles américaines sont régulièrement frappées par ces drames, comme celui de l'école primaire de Sandy Hook, survenu en 2012 dans le Connecticut, où un déséquilibré âgé de 20 ans avait tué 26 personnes, dont 20 enfants âgés de six et sept ans, avant de se suicider.
« Cela n'arrive que dans ce pays, et nulle part ailleurs. Dans aucun autre pays, les enfants vont à l'école en pensant qu'ils pourraient se faire tirer dessus », s'est ému mardi le sénateur démocrate de cet État du nord-est des États-Unis, Chris Murphy, qui a « supplié » ses collègues élus d'agir. L'Amérique a aussi été particulièrement marquée par une fusillade dans un lycée de Parkland, en Floride, qui a fait 17 morts, dont une majorité d'adolescents, en 2018.
« Trop, c'est trop »
« Trop, c'est trop », s'est emportée de son côté la vice-présidente Kamala Harris, appelant à « agir » sur le sujet des violences par armes à feu, un fléau national. « Nos cœurs continuent d'être brisés », a-t-elle déclaré. « Nous devons trouver le courage d'agir », a-t-elle ajouté à l'adresse du Congrès, impuissant à légiférer malgré les tragédies. La Maison-Blanche a par ailleurs ordonné la mise en berne des drapeaux dans tous les bâtiments publics pour « honorer les victimes » d'Uvalde. Cette attaque a replongé le pays dans les affres des fusillades en milieu scolaire, qui se répètent fréquemment avec des images choquantes d'élèves traumatisés, obligés de se confiner dans leur classe avant d'être évacués par les forces de l'ordre, et de parents paniqués cherchant désespérément à avoir des nouvelles de leurs enfants.
Des messages de condoléances venant du monde entier ont commencé à être relayés au fur et à mesure que l'information était connue à l'international. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est exprimé. « Je veux présenter mes condoléances à tous les proches et familles des enfants qui ont été tués dans la terrible fusillade d'une école au Texas », a-t-il déclaré. « Il est terrible d'avoir des victimes de tireurs en temps de paix. Cela arrive partout, cela arrive dans le monde, cela arrive visiblement dans des sociétés en paix. »
Le président français Emmanuel Macron a également tweeté que la France partageait le « choc et la peine du peuple américain », ainsi que la « colère » de ceux qui s'opposent à la prolifération des armes à feu aux États-Unis. « Dix-neuf victimes n'avaient pas plus de 10 ans. Dans leur école au Texas, des enfants et enseignants ont été lâchement assassinés. Le choc et la peine du peuple américain, la colère de ceux qui luttent pour mettre fin aux violences, nous les partageons. »
Le pape François dénonce un commerce « incontrôlé »
Barack Obama a également partagé sa peine et sa colère, en son nom et en celui de son épouse. « Près de dix ans après Sandy Hook – et dix jours après Buffalo –, notre pays est paralysé, non par la peur, mais par un lobby des armes à feu et un parti politique qui n'ont montré aucune volonté d'agir de quelque manière que ce soit pour empêcher ces tragédies. »
Cette nouvelle tuerie, d'autant plus choquante que les victimes sont des enfants, ne manquera pas de relancer les critiques sur la prolifération des armes à feu aux États-Unis, un débat qui tourne pratiquement à vide étant donné l'absence d'espoir d'une adoption par le Congrès d'une loi nationale ambitieuse sur la question. La cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, a parlé d'un acte « monstrueux qui a volé l'avenir de chers enfants ». « Il n'existe pas de mots pouvant décrire la douleur et l'indignation face au massacre de sang-froid de petits écoliers et d'un enseignant », a-t-elle écrit dans un communiqué.
Le pape François a dit avoir le « cœur brisé » mercredi après la tuerie qui a fait 22 morts dans une école primaire au Texas, dont le tueur, et dénoncé le commerce « incontrôlé » des armes. « J'ai le cœur brisé par le massacre commis dans une école élémentaire au Texas. Je prie pour les enfants et les adultes tués et leurs familles. Il est temps de dire “ça suffit” à la circulation incontrôlée des armes », a-t-il dit à la suite de l'audience générale au Vatican.
Donald Trump promet « un discours important au peuple américain »
L'ancien président Donald Trump a assuré mercredi qu'il parlerait bien vendredi devant l'assemblée annuelle du puissant lobby pro-armes NRA au Texas, et ce malgré l'effroyable fusillade dans une école primaire de cet État américain. « L'Amérique a besoin de vraies solutions et de vrai leadership en cette période, pas de politiciens et de considérations partisanes », a jugé le milliardaire républicain sur son réseau social, Truth Social.
« Et c'est pourquoi je respecterai mon engagement de longue date de m'exprimer à la convention de la NRA au Texas », a-t-il fait savoir, promettant « un discours important au peuple américain ». L'ancien président s'affiche ainsi en opposition nette et délibérée à son successeur Joe Biden qui, « écoeuré et fatigué" par ces fusillades à répétition, a lancé mardi soir: « Quand, pour l'amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes ?"
Aux États-Unis, les fusillades sont un fléau récurrent que les gouvernements successifs ont jusqu'à présent été impuissants à endiguer, incapables d'adopter la moindre loi nationale ambitieuse sur la question, notamment en raison du pouvoir de ces lobbys pro-armes. Dénonçant l'acte « d'un criminel isolé et dérangé », la NRA s'est dédouanée mercredi de toute responsabilité dans la tuerie et a confirmé la tenue de sa grand-messe à Houston.