Cameroun - Monnaie : Mise au clair du problème de pénurie de pièces
L'émission de monnaie fiduciaire (billets et pièces) par la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC) en 2021 a été en augmentation de 12% en zone CEMAC (Communauté Économique et Monétaire des États de l'Afrique Centrale) par rapport à 2020. Cette injection fiduciaire a connu une augmentation de 14,9% pour le Cameroun en particulier. Cependant, les usagers camerounais continuent de se plaindre d'un déficit de monnaie en pièce, phénomène qui perdure depuis quelques années déjà. Ce problème trouve ses origines dans les mauvaises pratiques de certains opérateurs économiques et dans un biais de communication.
"Il y a beaucoup de pièces en ce moment dans l'économie. Le problème qui se pose est un problème de circuit de distribution. Il se pose depuis toujours et tout particulièrement ces derniers temps. Quand les banques qui doivent assurer la distribution de ces pièces de monnaie viennent faire des retraits à la banque centrale (BEAC), elles ne prennent pas de pièces et préfèrent les billets". En effet, les banques commerciales marquent leur préférence pour les billets en raison des défis logistiques que posent le transport d'un approvisionnement massif en pièces, d'autant plus que les clients de ces banques manifestent peu d'intérêt pour les pièces.
En outre, la pénurie de pièces possède comme autre origine, un flux important d'exportation de pièces en direction des pays de l'Asie pour servir à la fabrique de bijoux. Entre autres, les opérateurs dans le domaine des jeux et machines à sous sont également à pointer du doigt, car ils procèdent à une rétention de pièces pour leurs activités, et se livrent à des spéculations sur ces signes monétaires, les revendant au-delà de leurs valeurs.
Par ailleurs, "dans certaines directions nationales (de la BEAC) comme celle de Yaoundé, des guichets ont été ouverts où des boulangeries, des pharmacies, des distributeurs de produits pétroliers, des grandes surfaces [...] peuvent venir échanger leurs billets en pièces. À Yaoundé, ces guichets sont ouverts tous les jeudis et vendredis. À Douala, un dispositif similaire est mis en place. Mais, cette information n'a pas circulé suffisamment, ce qui fait que beaucoup de ces opérateurs ne viennent pas retirer des pièces. D'autres, bien informés de cette possibilité, la trouvent un peu lourde et tracassière. Or, beaucoup de ces opérateurs tirent profit de la situation de rareté des pièces, qui leur permet d'augmenter artificiellement les prix ou d'écouler des produits de faibles prix qui,sinon, seraient moins achetés par les clients", a expliqué un haut responsable de la BEAC cité par ÉcoMatin.
Par conséquent, le problème de la pénurie de pièces avec ses corollaires de pesanteur et goulots qu'il fait peser sur les activités économiques, continue de se faire ressentir, et ce, malgré le volume d'injection de monnaie fiduciaire de la BEAC. Car, de facto, le Cameroun n'est nullement lésé en injections monétaires par la BEAC. Le pays capte plus de 42% de la monnaie fiduciaire injectée par la BEAC en zone CEMAC en 2021, soit plus de 1,728 milliards de francs CFA, en hausse de 14,9% par rapport à 2020.