Pardonner, c’est vivre en paix avec une offense. C’est le pardon. « Soixante-dix-sept fois sept fois. »
Des semaines avant votre drame, vous exultiez. À cette heure, la vengeance, tellement désirée, vous voulez la voir s'exécuter. Le désir de pardonner à cette personne comme elle vous le demande ne vient presque pas. Ses mots ne vous touchent pas. Cette dernière a commis une belle connerie de sa vie et dans la vôtre. Pardonnez-le-lui pour pouvoir recommencer votre vie à zéro. Je vois vos yeux se raidir, embrumer, votre regard qui s'assombrit tout le temps. Vous vous pliez comme si vous recevez les coups sur le ventre.
Vous voulez envoyer cette personne en enfer désespérément. Oui, vous dites ce n'est qu'un salaud, un égoïste qui ne songeait, dans le fond, qu'à une chose : me détruire et me déposer sur la place publique. Je voudrais que vous vivez le pardon pour vous et pour elle. Offrez-vous une bonne conscience toute neuve.
Vous avez la chance d'être en vie. Depuis un certain temps vous vous posez la question : pourquoi ? Pourquoi ai-je eu cette situation douloureuse et pas les autres ? Ecoutez ! Je voudrais que vous essayez sans doute d'échapper aux griffes des remords et aux souvenirs horribles. Ne vous jugez plus avec toute la sévérité du scrupule.
Je voudrais que vous arrivez à balancer un pardon à votre cœur comme une victoire et non comme un jugement et une condamnation. Oui, que votre cœur vous donne un pardon que le monde entier doit retenir et sentir. Dans l'Évangile, le Christ ne dit pas à la femme adultère que les pharisiens veulent lapider « je te pardonne tes nuits du péché ».
Par cet acte du pardon que je vous recommande, les flots de personnes accourraient vers vous pour recevoir vos conseils, se confesser et goûter l'amour du Seigneur à travers ta compassion.
La béatitude des larmes doit vous rendre petite, elle doit atteindre votre cœur en enlevant tout ce qui peut y avoir de dur et de fermé. Le bon Dieu aime le pardon vis-à-vis des autres, mais il aime aussi que, comme des tout-petits, vous laissez couler vos larmes près de lui... Le pardon auquel je vous invite n'est pas une baquette magique. Il y a le pardon du vouloir et celui du pouvoir : Vous voulez pardonner mais vous ne pouvez ne pas. Quand on peut, enfin la tête et le cœur finissent par être d'accord, il reste le souvenir, ces choses douloureuses qui remontent à la surface, qui vous troublent et raniment la haine en vous. C'est le pardon de la mémoire. C'est n'est pas le plus facile. Il exige le temps...
Durant les années, vous allez vous demander : Les gens m'aiment encore ? Croyez en votre amour. Votre guérison va se faire dans la durée. Oui, il faut du temps. Vous aurez la chance de rencontrer les gens vrais. Ils vont vous aimer avec l'empreinte du passé, ils vont accepter la différence, des soubresauts de femme ou homme blessée que vous êtes. Ils vont écouter votre souffrance, et continuer à vous aimer après cet orage. Maintenant, j'ai la mémoire que vous avez reçu.
Que votre passé arrête de se réveiller à cause d'un son, d'une parole, d'une odeur, d'un bruit, d'un geste, d'un lieu contre aperçu ... Un rien suffit pour que les souvenirs surgissent: la pression des hommes. Vous voulez réparations? Laissez tomber ! Vous avez déjà l’argent (il est en vous). Vous voulez voir cette personne souffrir aussi (elle souffre déjà). Vous voulez la justice (vous l'avez déjà obtenue). Que ces souvenirs ne vous bousculent plus, ne vous giflent plus, ne vous rappellent plus que vous n'êtes plus sensible. Vous n'avez plus mal. Désormais, soyez totalement pacifiée.
Il vous faudra sans doute vivre avec le pardon, toujours et toujours. Est-ce la « Soixante-dix-sept fois sept fois » dont Jésus parle ? OUI. Pardonner, ce n'est pas oublier. Vous devez accepter de vivre en paix avec cette offense. Même comme cette blessure a traversé tout votre être jusqu'à marquer votre corps comme un tatouage de mort.
Puisse Jésus-Christ vous soigner avec une patience d’ange…
Polycarpe Xavier Atangana Eteme, pour une société fraternelle