Cameroun - Hausse des prix du carburant : Des explications qui laissent pantois:

Depuis près de deux mois, les automobilistes camerounais ont d'énormes difficultés à faire le plein de leurs véhicules. Cette situation s'est aggravée ces 10 derniers jours avec une pénurie du gazoil d'abord, ensuite du Super, rendant ainsi les déplacements, les coûts du transport en ville et dans l'arrière pays insoutenables. Le situation n'est pas encore complètement revenue à la normale.

Cameroun - Hausse des prix du carburant : Des explications qui laissent pantois:
Photo illustrative : station service envahie par les usagers en raison d'une pénurie.

Depuis près de deux mois, les automobilistes camerounais ont d'énormes difficultés à faire le plein de leurs véhicules. Cette situation s'est aggravée ces 10 derniers jours avec une pénurie du gazoil d'abord, ensuite du Super, rendant ainsi les déplacements, les coûts du transport en ville et dans l'arrière pays insoutenables. Le situation n'est pas encore complètement revenue à la normale.

Les autorités disent avoir des commandes en cours ralenties par le contexte du commerce international, du fait de la guerre en Ukraine. Le stock est encore en mer. Par ailleurs, la dernière mission du FMI au Cameroun a eue comme recommandation (la même depuis 2010) de supprimer les subventions sur le carburant.

Le Ministre des finances a même déclaré que "sur le long terme, le Cameroun ne peut pas tenir avec les subventions" (de son carburant) et la presse s'est saisie de l'affaire avec des quasi arrêtés de hausse de carburant dès le mois d'août.

La question que de nombreux Camerounais poussés dans leurs derniers retranchements de survie se posent est: Comment cela est possible que notre pays ait des difficultés avec le carburant alors que nous produisons cette affaire?

Sans être féru d'économie, en invitant les les spécialistes à nous fournir plus d'explications, nous allons d'abord analyser les biens qui font nos recettes extérieures, ensuite dire un mot sur la logique de subvention selon nos gouvernants et enfin voir si rien d'intelligent ne peut se faire pour que nous puissions garder la tête hors de l'eau en attendant que le pays fonctionne à peu près normalement, comme au Rwanda par exemple (...)

1. Qu'est-ce qui fait les recettes extérieures du Cameroun ?

Selon les économistes, la richesse d'un pays c'est le différentiel entre ce qu'il produit et vend à l'extérieur et ce qu'il achète de l'extérieur. Le Président Biya dans la quasi totalité de ses discours utilise toujours l'expression de "balance de paiements" c'est avec le "bénéfice" du dynamisme de notre économie que l'on finance le développement et la vie des activités fonctionnelles du pays. 

D'après l'INS (2021), 06 produits sont exportés du Cameroun ont produit 80% de recettes soit 1080 milliards (CFA)

  • Huiles brutes de pétrole 39% de recettes  (en hausse de 30,7% par rapport à l'exercice précédent)
  • Le cacao brut 13% (en hausse de 34,2%)
  • Le gaz naturel liquéfié (tiens donc!) 9%
  • Le bois brut 4% (en hausse de 13,8%)
  • Le bois scié 7% (en hausse de 6,6%)
  • Le coton brut 7% (en hausse de 59,3%)
  • L'aluminium brut (je n'ai pas trouvé ça en 2021, mais en 2019 c'était 4%)

Ce sont plutôt des données intéressantes, mais pour rester tout à fait objectifs, il faut y adjoindre aussi ce qu'on a importé cure-dents compris, mais on va juste donner la balance commerciale en Millions d'euros. 

La dernière fois que notre économie a eu une balance commerciale positive c'était en 2006 (+339,2 M€). L'année dernière et comme les quatorze années antérieures, elle est déficitaire de presque 2000 M€ (-1315,2M€ en 2021)

L'économie reste à la ramasse depuis 15 ans.

2. La logique de subvention des huiles (raffinées) de pétrole.

Le Cameroun vend donc son pétrole (brut) pour en racheter du raffiné (Nigéria, Togo, etc) depuis les années 70, une orientation qu'on ne comprend toujours pas malgré une grosse école de polytechniciens, on est toujours incapables de raffiner notre pétrole brut (d'après les spécialistes, renferme énormément de produits à transformer). 

D'après le ministre de l'eau et de l'énergie, le Cameroun a dépensé 317 milliards au premier semestre pour soutenir les prix à la pompe, mesure qui, d'après le FMI, ne profite qu'aux riches et ne permet pas d'encadrer significativement la vie chère et la lutte contre la pauvreté.

Jusqu'ici donc, l'ingénierie de nos gouvernants a trouvé comme solution sociale, de subventionner l'achat du carburant à l'extérieur (depuis 2008) tout comme ils subventionnent l'achat du riz, du blé, du ciment, du poisson, de l'huile.

On peut donc se tromper, corrigez nous, mais avons nous bien compris que notre problème ce sont ces subventions pas seulement sur le pétrole, si réorientées, peuvent véritablement être utilisées pour meubler un contenu audacieux de productions locales, de création d'emplois et de dépendance amoindrie aux importations ?

Jusqu'à une certaine date, le pétrole n'apparaissait même pas sur la liste du budget et le Président pouvait injecter à sa guise quelques devises pour soutenir x ou y secteur. 

Qui nous dit que ces chiffres sur le pétrole sont sincères ?

Seuls six produits qu'on vend à l'extérieur et pourtant les métiers valorisés n'investissent pas du tout les secteurs de ces produits d'exportation ! Les métiers de notre jeunesse et les différents emplois créés sont la moto (transport) la coiffure, les petits métiers (cuisine, couture), les services (marketing, commerce...) Les métiers du diverssement et les nouveaux métiers liés aux NTIC.  

La subvention peut pourtant aller au boost de la formation et de l'encadrement autour des métiers qui comptent vraiment pour le Cameroun. 

3.  Des solutions ?

Il ya des pistes, la seule préoccupation objective d'hommes avertis soucieux du bien-être de leurs populations, c'est de diversifier les produits qu'on peut vendre à l'extérieur.

Certaines ressources n'apparaissent pas sur le fichier du commerce extérieur

  • Le cuivre
  • L'or
  • Le diamant

On en oublie certainement.

L'essentiel, de notre position, c'est dans l'architecture globale marché, formation, emplois. 

Faites répéter à nos jeunes cette chanson : pétrole, cacao, bois, coton, gaz liquéfié ? Mais davantage riz, blé, arachides, haricot, maïs, sorgho, plantain, manioc, tournesol, poisson, poulet, bovins, etc. sont des produits, mais aussi des métiers qui sont autour. Il faut donc s'y intéresser, se former en conséquence prioritairement selon toutes les chaînes de valeurs.

L'enjeu est de produire, transformer, nourrir et fournir le Cameroun et l'Afrique voire le monde.

On ne peut pas prendre l'argent du cacao et du (pour parler de ce qui demande trop d'efforts et qui prend du temps) pour importer la brocante, la friperie vestimentaire, le riz, le blé, les meubles, les rideaux, et voir notre jeunesse connectée à Facebook H24, quand elle n'est pas à l'église alors que nous pouvons tutoyer le monde.

L'Etat ne peut pas continuer à acheter des grosses voitures, organiser des séminaires pendant 20 ans sans résultats palpables, pour que ce soient les mêmes qui s'enrichissent leurs enfants avec, pour espérer les lendemains paisibles et fructueux.

Nous devrions avoir honte. Nos grands parents continuent à nourrir le Cameroun, oui, c'est le champ de cacao et de coton créé en 1970 ou avant qui continue de nourrir le Camerounais. 

Pourtant, personne ne veut aller rester en campagne pour participer à la production nationale de céréales ou d'autre chose.

 

Ekani Ottou 

Agriprepeur

Directeur National

Front des Démocrates Camerounais

FDC

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