Cameroun : « 2023 sera l'année de la PME », selon Célestin Tawamba
L'intégralité du discours du Président du GICAM, Célestin Tawamba
« Il y a encore quelques années, le Gicam était considéré comme le CAC 40, un regroupement de grandes entreprises. C’est faux. La plupart des membres du Gicam, c’est vous. On dit beaucoup de la PME. Je ne veux pas qu’on la regarde comme une entreprise à problèmes car avant d’être grand, on passe par la PME. Et il y aura toujours les PME, les grandes entreprise ne peuvent rien sans elles.
Aujourd’hui on fait de la PME un problème. La PME n’est pas un problème. Pour moi la PME est la solution à notre économie. Vous êtes la solution à l’économie camerounaise. Depuis la première édition du forum de la PME, il y a des choses qui ont été faites, d’autres sont en cours, notamment un fonds de garantie qui est quelque chose d’extrêmement lourd à mettre en œuvre. Mais nous y travaillons pour ce fonds de garantie qui va permettre d’accompagner les PME, ce n’est pas tout. Le problème de la PME n’est pas seulement les financements. C’est le marché –pour traverser certaines crises, nous avons besoin des PME qui puissent se réinventer, capables de sortir de leur zone de confort. Nous ne voulons pas des PME pleureuses. Mais des PME gagnantes, conquérantes.
Cette année, dans la loi de Finances en cours de discussion à l’Assemblée nationale, nous avons pesé de tout notre poids pour que des mesures soient prises en faveur des petites et moyennes entreprises. Nous avons porté de manière forte des propositions pour qu’il y ait des dispositions spécifiques, notamment du secteur de l’agriculture, de l’élevage, des pêches. Ce sont des secteurs qui doivent permettre à notre économie d’atteindre l’émergence.
Il y a des mesures précise en faveur des PME, en faveur de la transformation des produits locaux. Il faut donc des mesures fiscales nécessaires qui puissent permettre que les PME quittent de l’informel vers le formel, qu’elles puissent avoir des états financiers sans aucune crainte. On se connait tous, lorsqu’il s’agit de faire des déclarations. Faites vos états financiers. On ne finance pas quelqu’un qui est pauvre. Deuxièmement, on ne finance pas un bilan qui est mauvais. Comment voulez-vous qu’on finance un bilan qui est mauvais ? Vous allez rembourser comment ?
En clair donc, faites l’effort d’avoir les états financiers, d’avoir un compte d’exploitation, qu'il soit bancable. Si vous n’êtes pas capables de le faire, le CD PME (le Centre de développement de la petite et moyenne entreprise) logé au Gicam est là, il vous accompagne. Nous sommes à vos côtés pour avoir les états financiers. Nous avons besoin d’avoir des gens capables. Comment voulez-vous qu’on vous finance si vous n’êtes pas capables de porter votre entreprise. Pour cela il faut que vous ayez la formation. Il y a des formations au Gicam qui vous accompagnent.
Il faut qu’on sorte des incantations : chaque fois on dit les PME ont des problèmes de financements, ainsi de suite. Ceux qui ont besoin d’argent ne l’ont pas. Je souhaiterai véritablement que vous puissiez nous aider à vous aider parce que la problématique de la PME nous concerne nous. Vous devez vous faire connaître et pour cela, on a besoin de transparence. J’invite fortement les entreprises, les PME à travailler dans la transparence.
Lorsque vous n’êtes pas transparent, et j’entends le fisc dire, les jeunes entreprises qui déclarent des pertes à n’en plus finir. Je dis, je ne sais pas de quelle entreprise vous parlez. Lorsque vous-mêmes vous faites comme cela, vous donnez des éléments de bastonnade, vous donnez le bâton pour qu’on tape dessus. Vous-mêmes n’aurez pas des moyens pour vous défendre. Si vous faites des pertes et que vous ne fermez pas, cela veut dire qu’il y a quelque chose que vous voilez.
Par conséquent on va faire des textes qui sont là pour vous punir. On développe donc une fiscalité punitive au lieu de faire une fiscalité de développement. Nous sommes entrain de travailler avec l’administration fiscale pour qu’il y ait une fiscalité de développement et qu’on traite les problèmes des PME surtout. Nous voulons des problématiques par filière. Vous devez être capables de vous structurer. Le Gicam a du mal à comprendre les filières. On vous invite souvent parce qu’on veut vous structurer, vous comprendre, ce qui permettrait de définir des besoins de la fiscalité par exemple, en terme de financement de manière sectorielle.
Dans les prochaines semaines, les prochains mois, nous allons avoir une rencontre ici au Gicam. Je ne trahis rien, avec les ministres de l’Agriculture, des Pêches, qui doivent venir vous présenter des opportunités qu’il y a dans le secteur de l’Agriculture et de l’élevage et avoir des personnes qui sont soit des actrices, soit prêtes à aller dans ces secteurs et voir quel sont leurs besoins. Et derrière, je vous le garantis, il y a des accompagnements souverains. Je vais mettre les gens devant leurs responsabilités. On va vous donner le business. Je vais donc voir si vous êtes capables de saisir le business.
Il faut arrêter de pleurer. Arrêtez d’être des gens qui, lorsqu’on regarde, on a envie d’avoir pitié. Non ! C’est vous qui donnez à ce pays. Et la main qui donne est au-dessus, c’est vous qui faites l’économie de ce pays. Mais vous aussi, avez le devoir de vous structurer, de vous organiser, d’améliorer la compétitivité. Vous devez savoir comment on gère une entreprise en période d’inflation. Il y aura des formations au Gicam pour vous accompagner. Il y a des méthodes. Mais dans tout cela, nous avons le devoir des entreprises qui sortent de l’informelle.
L’un des challenges des autres pays, c’est de réduire le volume de l’informel. Ce système-là est obèse chez nous. Il faut le réduire. Car lorsque vous êtes dans l’informel, vous ne pouvez pas transmettre une entreprise qui est dans l’informel. Si vous disparaissez, vous disparaissez avec votre entreprise. Donc ayez la culture du formel, la culture de payer vos dettes, vos engagements, c’est comme cela que vous allez grandir.
Pour nous au Gicam, 2023 sera l’année de la PME. Toutes les PME qui sont au Gicam vont faire l’objet de manière individuelle de l’audit de leur situation, de leurs problèmes, par la CDPME. On doit vous rencontrer pour savoir de manière individuelle quels sont les problèmes que vous pouvez rencontrer et vous dire qu’est-ce qui peut être fait et ce qui ne peut pas être fait. Mais rassurez-vous, on ne peut pas tout régler. Il faut venir poser vos problèmes, de manière claire, afin que nous sachions comment vous accompagner.
Propos recueillis par Aloys Onana