Élection présidentielle et pédagogie électorale. Leçon 3 : candidatures et candidats.
Le décret portant convocation du corps électoral ouvre la voie pour la bataille au siège du président de la République. Scrutin uninominal à un tour, l'élection présidentielle se déroule en un seul jour.

Toutefois, cette élection oppose des citoyens qui doivent remplir des conditions pour compétir. C'est en cela que se pose le problème des candidatures et des candidats.
1- L'idée de candidature
La candidature à l'élection présidentielle est un acte personnel du citoyen qui aspire à exercer les plus hautes fonctions de la République. À l'heure des réseaux sociaux et des infographes tout terrain, un slide infographiste ne suffit pas à attester d'une candidature. Les déclarations tapageuses dans les médias même si elles contribuent à alimenter l'espace public ne sont pas des candidatures.
La candidature est constatée par les dispositions de l'article 120 du code électoral à travers une déclaration de candidature revêtue d'une signature légalisée.
Il faut au préalable, conformément aux dispositions de l'article 117 du code électoral, avoir 35 ans révolus à la date de l'élection (c'est-à-dire le 12 octobre 2025), être citoyen Camerounais d'origine, justifier d'une résidence continue sur le territoire national d'au-moins 12 mois consécutifs, être inscrit sur les listes électorales à la date du scrutin.
2- Les éléments de candidatures.
La candidature est saisie à la fois par la filiation et l'investiture.
L'investiture est saisie par l'article 121 du code électoral. L'élection présidentielle est ainsi la seule au Cameroun à admettre des candidatures indépendantes à condition de disposer de 300 signatures de personnalités désignées par le législateur. Cette condition des 300 signatures s'applique également aux candidatures relevant des partis politiques non représentés à l'assemblée nationale, au sénat, dans un conseil régional ou dans un conseil municipal.
Il convient de rappeler à ce titre que pour l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, seuls 19 partis politiques peuvent valablement investir un candidat.
La filiation personnelle et partisane relève de l'article 122 du code électoral. Il s'agit d'un ensemble d'éléments qui permettent de justifier la candidature. Elle est constatée par les noms, prénoms, date de lieu de naissance, profession et domicile de l’intéressé ; la couleur, le signe et le titre choisis pour l'impression des bulletins de vote (éviter à la fois le vert, rouge, jaune).
Cette filiation comprend en outre la liste de 300 signatures le cas échéant, l'extrait d'acte de naissance ( moins de 3 mois pour attester de l'âge du candidat); la lettre de présentation et d'investiture du parti cautionnant la candidature le cas échéant; une déclaration sur l'honneur à respecter la constitution ( c'est la dignité de la fonction); un bulletin No3 du casier judiciaire ( moins de 3 mois, la présidence de la République n'est pas pour des condamnés) ; un certificat d'imposition ou de non-imposition ( pas de filouterie fiscale pour une telle fonction); un certificat de nationalité ( pas d'étranger à la tête de l'État); l'original du certificat de versement du cautionnement ( 30 millions de francs CFA, article 124 du code électoral).
L'article 123 du code électoral précise les conditions de dépôt de la candidature auprès des autorités compétentes pour en attester de l'effectivité.
3- Le candidat
La candidature ne fait pas le candidat. En effet, le candidat est celui qui prend effectivement part à l'élection présidentielle. Il doit donc au terme de l'examen de son dossier être autorisé à compétir. Les dossiers de candidatures sont reçus et la liste des candidats est rendue publique par le Conseil électoral de ELECAM qui peut accepter ou déclarer irrecevable une candidature (article 125 du code électoral). Cette publication (article 126 du code électoral) peut donner lieu à contentieux pré-électoral auprès du Conseil Constitutionnel (articles 129, 130, 131 du code électoral).
Et encore, un dossier validé ne fait pas le candidat dans la mesure où il peut se désister pour soutenir un autre candidat dans l'optique d'une alliance ou d'une coalition.
À ce titre, il convient de souligner que la caution de candidature peut être remboursée sous certaines conditions. Le candidat qui se désiste doit le faire avant le début de la campagne électorale et surtout avant l'impression des bulletins de vote (article 147 du code électoral).
L'élection présidentielle est un moment très sérieux de la vie politique nationale. La candidature n'est pas simplement un acte de haute voltige juridique encore moins tapage sur les réseaux sociaux mais une position qui engage un citoyen et la République.
Alphonse Bernard AMOUGOU MBARGA.