Bnews1 en silence, Ernest Obama sur la sellette : entre restructuration officielle et règlements de comptes officieux
Depuis ce mardi 8 juillet 2025, les écrans de Bnews1 sont figés dans une étrange boucle musicale. Une suspension des programmes sans avertissement préalable, ni explication limpide, si ce n’est cette justification sobre mais lourde de sens : “restructuration en cours”.

En vérité, l’image feutrée d’un changement de cap masque une situation bien plus tendue. La descente musclée de la gendarmerie nationale dans les locaux de la chaîne pour faire interrompre l’émission « Bnews Matin » n’est pas un détail. Elle révèle un climat d’hostilité et de désaccords profonds au sommet de l’organigramme de la télévision privée d'Odza.
À la manœuvre, selon plusieurs sources internes, le fondateur et promoteur Lucas Owona, par ailleurs maire RDPC de la commune du Mfoundi 3 ème. Ce dernier serait en rupture de confiance avec le directeur général, Ernest Obama, accusé officieusement d’avoir dévié la ligne éditoriale initiale. Une orientation jugée trop personnelle, voire clivante, qui aurait précipité l’implosion. Selon nos informations, Lucas Owona envisagerait de confier les rênes de la chaîne à une figure plus consensuelle : Alain Belibi, ancien cadre chevronné de la CRTV.
Pourtant, à la surface, le discours est tout autre. Le mois dernier, un communiqué diffusé en guise de démenti sur la page Facebook officielle de Bnews1, sans signature, mais attribué à la direction, affirmait, au sujet de la rumeur de l'éviction du directeur général Ernest Obama, qu’il ne s’agissait que d’une opération de rationalisation technique, visant à doter la chaîne d’un nouvel organigramme plus performant. Le même texte précisait que Ernest Obama reste à son poste.
Une position étonnante quand on observe les faits, notamment l’intervention des forces de sécurité et le silence prolongé du principal actionnaire.
Dès lors, plusieurs questions s’imposent. Ce communiqué reflète-t-il réellement la volonté du promoteur ? Pourquoi Lucas Owona, à l’origine de la création de Bnews1, n’a-t-il pas pris la parole officiellement ? L’opération de restructuration annoncée ne serait-elle pas, in fine, un habillage stratégique pour se débarrasser d’Ernest Obama ?
Autre hypothèse évoquée dans les coulisses : la tension entre Ernest Obama et le président de la Fecafoot, Samuel Eto’o, aurait franchi une ligne rouge. Certains voient dans cette mise à l’écart soudaine une opération téléguidée par des intérêts externes à la chaîne, mais bien ancrés dans les rapports de force actuels entre médias, pouvoir politique, et figures publiques.
Par Pharel Ateba
Bnews1 est-elle victime d’une guerre d’egos, d’une dérive éditoriale ou d’un règlement de comptes plus vaste ? La vérité semble se situer à la croisée de ces chemins. Ce qui est certain, c’est que ce silence forcé sur les ondes masque une lutte d’influence bien réelle. Le feuilleton ne fait que commencer. Et dans l’attente de la suite, une chose demeure : dans l’univers impitoyable des médias camerounais, l’écran noir est rarement le fruit du hasard.