Cameroun : le Balama célèbre dix ans de résistance culturelle à Bali

Mardi 09 décembre 2025, dans la capitale économique, le comité d’organisation du Bali arts market (Balama) 2025 a pris la parole devant journalistes, artistes et activistes culturels. Son message tient en quelques mots : le Marché des arts de Bali souffle ses dix bougies. Les 13 et 14 décembre prochains, les rues de Bali vibreront à nouveau aux rythmes de cette manifestation qui s’est imposée comme un rendez-vous incontournable de la scène artistique camerounaise.

« C’est un festival dans la rue qui encourage l’art, une tribune d’expression pour les artistes », s’enthousiasme Alex Wamba, artiste et musicien présent pour sa deuxième participation. Cette année, le Balama innove. Fini le registre unique qui collait à l’événement : place à une programmation transgénérationnelle où rappeurs et artistes reggae côtoieront les têtes d’affiche historiques. La musique, la danse, le théâtre, la mode et les arts plastiques investiront deux rues du quartier Bali, dans le premier arrondissement de la ville de Douala, qui ouvrent la voie à quatre artères – la rue de l’Union française, celle de Douala Manga Bell, l’ancien secrétariat et la fameuse Rue de la joie de Bali. Le cinéma sera célébré différemment cette année, avec des remises de prix plutôt que des projections.

Derrière cette effervescence, une réalité moins festive. « Nous avons des difficultés financières à chaque étape », reconnaît l’un des organisateurs du Balama. Winnie Bolla épse Élamè, directrice financière et administrative, renchérit : « Nous faisons tout gratuitement, nous amenons des exposants, des artisans du made in Cameroon, des plasticiens qui rentabilisent leurs œuvres. Mais nous, on n’a rien derrière. »

Le couple Élamè ne mâche pas ses mots envers le ministère des arts et de la culture du Cameroun : « Dix ans que nous travaillons, dix ans que nous ne nous sommes pas soutenus institutionnellement. » Cette frustration n’entrave pourtant pas leur détermination. Le Balama a prouvé son efficacité comme vitrine internationale : directeurs de festivals étrangers et promoteurs culturels y repèrent des talents, certains artistes décrochent des tournées à l’étranger après leur passage sur cette scène.

Pour cette édition anniversaire, des ateliers de formation ponctueront les matinées, la danse envahira les après-midi, avant que l’humour et les concerts n’enflamment les soirées. Et dimanche, promesse d’une surprise pour clôturer en beauté.

« Si nous sommes ici après dix ans, c’est par amour de l’art », martèle Winnie Élame. Un amour têtu qui fait du Balama bien plus qu’un festival : un acte de résistance culturelle, une preuve que l’art camerounais peut briller sans attendre les budgets officiels. Rendez-vous à Bali pour vérifier que la fête vaut tous les sacrifices.

Au-delà des revendications et des obstacles financiers, le Balama incarne cette vérité que les organisateurs répètent inlassablement : l’art peut faire entrer beaucoup d’argent, édifier les sociétés, adoucir les mœurs. Pendant deux jours, Bali deviendra la capitale camerounaise de la création, un laboratoire à ciel ouvert où l’ancienne et la nouvelle génération écriront ensemble une page d’histoire culturelle. Dix ans de persévérance méritent bien cette célébration populaire et gratuite, accessible à tous ceux qui croient encore à la puissance transformatrice de l’art.

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