UBAF, ING et MCB, ensemble pour la relance pétrolière de la Sonara
Une délégation bancaire de haut vol internationale composée de représentants de l’Union de Banques Arabes et Françaises (UBAF), de la banque néerlandaise ING et de la Mauritius Commercial Bank (MCB), était le 17 juin 2025, dans les installations de la Société nationale de raffinage (Sonara), à Limbé.

Cette visite, loin d’être anodine, s’inscrit dans une dynamique de renaissance pour une entreprise sinistrée depuis l’incendie dévastateur du 31 mai 2019, qui a réduit à néant quatre de ses treize unités de production. Reçus par la direction générale, ces partenaires financiers ont pu constater de visu les efforts titanesques engagés pour redonner vie à ce fleuron de l’industrie camerounaise.
Un signal fort pour la relance
La présence de ces institutions bancaires internationales n’est pas un simple coup de projecteur. Elle traduit un intérêt marqué pour le potentiel de la Sonara à redevenir un acteur clé du secteur pétrolier en Afrique centrale. Depuis l’incendie de 2019, la raffinerie est à l’arrêt, obligeant le Cameroun à importer massivement des produits pétroliers – 1,6 million de tonnes métriques en 2024 selon des estimations récentes.
Cette dépendance pèse lourdement sur les réserves de change de la Cemac et fragilise l’économie nationale. Relancer la Sonara, c’est donc réduire cette facture énergétique, renforcer la souveraineté économique et stabiliser l’approvisionnement en carburants pour les ménages et les industries.
Pourquoi la relance est cruciale en 2025
Dans le contexte actuel, marqué par des tensions géopolitiques mondiales et une volatilité des prix des hydrocarbures, la réhabilitation de la Sonara est une priorité stratégique. Le Cameroun, bien que producteur de pétrole, reste vulnérable face aux fluctuations du marché international.
Une raffinerie opérationnelle permettrait non seulement de traiter localement le brut extrait, mais aussi de valoriser les produits raffinés pour l’exportation, générant ainsi des devises précieuses. De plus, la Sonara modernisée, avec une capacité projetée de 3,5 millions de tonnes par an contre 2,1 millions actuellement, pourrait devenir un hub énergétique pour la sous-région, renforçant l’intégration économique au sein de la Cemac.
L’urgence est aussi sociale. La Sonara, l’un des plus gros employeurs du Sud-Ouest, soutient des milliers de familles. Son arrêt prolongé a fragilisé l’économie locale, déjà éprouvée par la crise anglophone. Une relance réussie redynamiserait l’emploi et stimulerait les activités connexes, des transporteurs aux sous-traitants.
Par ailleurs, le gouvernement camerounais, sous la pression du FMI pour rationaliser les dépenses publiques, voit dans ce projet une opportunité de réduire les subventions coûteuses aux importations pétrolières, tout en répondant aux exigences de viabilité financière.
Une confiance internationale renouvelée
La visite de la délégation UBAF, ING et MCB intervient dans un contexte où le Cameroun redouble d’efforts pour restructurer la dette colossale de la Sonara, estimée à 376 milliards de FCFA en 2021, dont 353 milliards déjà collectés pour l’apurement à fin octobre 2024.
Les discussions avec ces banques laissent entrevoir des solutions de financement innovantes, notamment pour couvrir les 250 milliards de FCFA nécessaires à la réhabilitation. Leur engagement témoigne d’une confiance retrouvée dans la gouvernance de l’entreprise et dans les perspectives économiques du Cameroun.
En outre, des avancées techniques, comme l’étude de faisabilité lancée avec le cabinet français AXENS pour intégrer une unité d’hydrocraquage, renforcent l’attractivité du projet. Cette modernisation permettra à la Sonara de produire des carburants plus propres, en phase avec les normes environnementales internationales, un atout pour séduire les investisseurs.
Vers un avenir énergétique ambitieux
Cette immersion des partenaires financiers à Limbé marque un tournant. Elle positionne la Sonara comme un levier stratégique pour l’industrialisation du Cameroun et l’intégration régionale. Alors que le gouvernement projette des études technico-économiques approfondies en 2025, l’appui de ces banques pourrait accélérer la concrétisation du projet, attendu depuis six ans. Dans un monde où l’énergie est au cœur des enjeux géostratégiques, la relance de la Sonara n’est pas seulement une affaire industrielle : c’est un pari pour l’autonomie, la résilience et la prospérité du Cameroun.