Analyse - Relations internationales - Conseils de securité : Entre plaintes du mali et appel du Japon, à quoi s'attendre ?
Dans une lettre, le ministère des Affaires étrangères du Mali dit avoir déposé une plainte contre la France pour avoir violé son espace aérien en collectant des renseignements au compte des groupes djihadistes. Cette plainte a-t-elle une chance d’aboutir ? Quelle marge de manœuvre pour le Mali ?
La guerre diplomatique entre Paris et Bamako prend un autre tournant. Après l’attaque de Tessit qui a fait 42 morts côté FAMA (Forces Armées Maliennes), le gouvernement du Mali pointe du doigt la France d’avoir aidé les groupes djihadistes pour mener cette attaque. Les autorités maliennes ont affirmé avoir des preuves à leur possession qui prouvent l’implication de la France. Pour cela, Le Mali a déposé une plainte contre la France auprès du Conseil de Sécurité des Nations unies par le biais de l’ambassadeur de Chine auprès de l’Onu, Jun Zhang.
Mais en fouillant dans les textes qui régissent l’ONU en l’occurrence le Conseil de Sécurité, qui est l’instance suprême, cette tâche revient aux quinze (15) membres du Conseil de Sécurité d’en convoquer la tenue de cette réunion d’urgence. Celle-ci doit être validée, sur le plan procédural, par le pays assurant la présidence tournante du conseil et cette présidence est assurée par la Chine en ce mois d’août.
Les autorités maliennes réclament la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité présidé par les Chinois pour présenter les preuves, qu’elles affirment détenir, du soutien apporté par la France aux terroristes lors de l’attaque de Tessit entre autres. Parmis les éléments portés dans cette plainte du Mali contre la France à l'ONU selon certaines sources sécuritaires, on dénombre également :
- Des Cadavres de français et d'autres occidentaux ramassés au côté des combattants djihadistes dans le Nord Mali.
- Des multiples violations de l'espace aérien Malien par des drones et aéronefs de la force française Barkhane qui selon les autorités Maliennes renseigneraient les rebelles sur les positions des FAMA (Forces Armées Maliennes). Sans parler des livraisons de cargaisons militaires à l'ennemi dans des zones hors de contrôle.
- Des arrestations de combattants djihadistes dans le Nord dont suite à leur exploitation auraient confirmés la complicité et l'ingérence de la France dans les affaires internes du Mali.
- Des vocaux interceptés grâce au nouveau matériel de renseignement et de communication donné à l'armée Malienne par la Fédération de Russie qui démontrent à suffir l'implication de la France dans la déstabilisation du Mali.
- Des disques bien sauvegardés qui témoignent des échanges et Communications de certains officiels et militaires français avec des chefs de guerre opposé au Mali.
Selon certains observateurs avertis, le calme ambiant qui est observé actuellement dans la zone des trois (03) frontières serait une nième preuve des affirmations faites par les autorités maliennes. La zone des trois (03) frontières, territoire partagé par le Mali, le Burkina Faso et le Niger depuis des années aujourd'hui était le théâtre des graves attaques de Rebelles contre les populations civiles et les armées des pays respectifs dans cette région.
Et pourtant cette région abritait une base de la force française Barkhane avec toute la logistique et le renseignement dont disposait cette base, jamais ceux-ci n'avaient vu ou intercepté une attaque terroriste de rebelles qui se déplacent sur des motos et blindés légers en Colonne, malgré les drones français qui en permanence quadrillaient le ciel.
Mais comme par enchantement depuis le départ de la force française Barkhane de cette partie avec l'arrivée des armées respectives de ces pays et leurs moyens restreints, nous observons avec stupéfaction une certaine accalmie dans cette partie du Sahel comme quoi c'est à se demander véritablement : " Quel rôle jouait la force française Barkhane dans cette partie du Sahel"?.
Fort de toutes ces informations assez accablantes, il ressort également selon certaines indiscrétions que l'Union Européenne et la France en tête seraient entrain de manoeuvrer en douce et dans l'ombre pour empêcher la tenue de cette réunion d'urgence au Conseil de Sécurité de l'ONU tant voulue par le Mali pour mettre à nue cette ingérence et cette complicité de la France dans la situation tendue et trouble que vit le Mali depuis bien des années aujourd'hui.
La Bonne question à se poser aujourd'hui est celle de savoir : Est ce que la Chine convoquera t-elle cette réunion d'urgence pour que cette plainte soit débattue ?
II- APPEL DU JAPON À L'ONU POUR UN SIÈGE PERMANENT À L'AFRIQUELe premier ministre japonais Fumio Kishida a jugé indispensable de « remédier à une injustice historique » pour que l'Afrique obtienne un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU et le Japon, a-t-il déclaré, poussera dans cette direction quand il y sera un membre non permanent en 2023-2024.
La question logique et pleine de sens qui devrait se poser aujourd'hui par les africains est de savoir : "Pourquoi maintenant" ? Que gagne le Japon à défendre les intérêts de l'Afrique et pourquoi le faire aujourd'hui ?
Nous sommes là dans un cas d'école de " Relations Internationales" et des enjeux qui les animent qui lient "amitié" et "hypocrisie". Déjà il convient de rappeler qu'en relations internationales, il n'existe point d'amitié, seuls les intérêts comptent.
Pour la petite histoire, l'ONU a été créé en 1945 par les vainqueurs de la seconde guerre mondiale (USA, Angleterre et France) sans oublier le Sacrifice des 27 millions de Russes morts pour la libération de l'Europe du joug nazis. Et ceux-ci (USA , ANGLETERRE ET FRANCE) sous la houlette des États-Unis ont mis sur pied de Puissants instruments juridiques, politiques, économiques et financiers pour non seulement fédérer le reste du monde à leur idéologie, mais également pour les assujettir. Or, c'était sans connaître les fluctuations et évolutions du monde avec la naissance de nouvelles puissances économiques et fortes de nature à contester cet ordre mondial établi de façon unilatérale.
Avec les années, nous avons assisté à l'avènement de nouvelles puissances économiques et émergentes qui sont tout aussi de très gros contributeurs au budget de fonctionnement des Nations-Unies mais pourtant ne bénéficiant pas des mêmes privilèges que ceux dont jouissent les cinq (05) États membres permanents du Conseil de Sécurité de la ONU. Parmis ces États, on peut citer le JAPON, l' Allemagne et bien d'autres... Qui ont décidé de se mettre ensemble pour former ce qu'ils ont appelé le G7 (les 07 plus puissantes économies du monde).
Quand je l'ai dit, je reviens donc sur la déclaration japonaise appelant à militer pour un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU. Alors pourquoi le faire aujourd'hui ?
À mon sens, cette réponse s'explique sous deux (02) angles :- Pour des raisons stratégiques et personnelles au JAPON, ce qui n'a pas été dit par le Japon dans sa sortie c'est que depuis bien des années, le JAPON comme d'autres pays membres du G7 sollicite également avoir un siège permanent à la table du Conseil de Sécurité de l'ONU de par les fortes contributions qu'ils versent à cette Organisation Supra-internationale.
Alors en faisant le jeu de défendre l'Afrique qui véritablement face à ces pays ne contribue pas autant, indirectement elle défend sa cause. Sinon Comment donner un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU à l'Afrique sans réorganiser cette instance ce qui ouvrirait une brèche à de nombreuses réformes au sein de ce Conseil et donc la possibilité pour le JAPON et bien d'autres États membres du G7 de faire passer leur projet à savoir : "Avoir eux aussi un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU".
- Pour moi la seconde raison de cet appel du Japon en faveur de l'Afrique est également économique. Je m'explique !
Au début de l'opération spéciale militaire Russe en Ukraine, des sanctions folles et sans conséquence de l' Occident avaient été annoncées contre la Russie. En réponse à ces sanctions voilà ce que répondait le Japon :
" Le Japon demande à l’UE une exception dans les sanctions sur le pétrole russe. C’est la partie du transport de la région de Sakhaline qui pose des difficultés, car le pays participe directement à deux projets d’exploitation. Ces sanctions pourraient à terme impacter le pays".
La Russie a décidé, fin juin, de mettre la main sur le site d’exploitation de gaz de Sakhaline-2 et d’exproprier ainsi les coactionnaires japonais Mitsui et Mitsubishi de l’exploitant. Or quelque 10% des importations de gaz proviennent de cette île. Rappelons également que bien avant Sakhaline-2, il existait déjà Sakhaline-1 et qu'en absence de cette approvisionnement en Gaz Naturel Liquéfié (GNL) c'est la sécurité énergétique du Japon qui se verra impacter avec de graves conséquences sur son économie et la vie sociale.
Donc face à ses réalités, le JAPON comme l'Union Européenne hier qui avait envoyé son garçon de course la France mendier les réserves énergétiques Africaines pour une soi disant "Tournée Africaine", le Japon aujourd'hui est entré dans une opération de "CHARME" envers l'Afrique parcequ'ils ont compris (Japonais) que leur salut viendra indéniablement du continent africain et de ses nombreuses réserves en Gaz et Pétrole pour à terme réduire leur dépendance des importations énergétiques en provenance de la Fédération de Russie.
Charly Kengne