Bello Bouba Maigari, le divorce annoncé ? Vers un séisme politique à l’UNDP et au sommet de l’État
ANALYSE. C’est une rumeur qui enfle, s’installe, et qui, désormais, s’impose comme une quasi-certitude dans les couloirs du pouvoir : Bello Bouba Maigari, Ministre d’État, ministre du Tourisme et des Loisirs, serait sur le point de quitter le gouvernement de Paul Biya. Une déflagration politique imminente ? Peut-être. Un virage historique ? Assurément.

Un poids lourd du système en marche vers la sortie
L’ancien Premier ministre de Paul Biya (1982-1983), longtemps resté fidèle à la logique de cohabitation au sein de la mouvance présidentielle, semble à la croisée des chemins. Ce départ, s’il se confirme, ne serait pas anodin : il symboliserait une fracture ouverte entre l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et le régime du Renouveau.
Sous pression : un leader cerné par sa base
Derrière cette volonté de retrait, une pression de plus en plus forte des militants de l’UNDP, qui accusent leur leader de se compromettre dans un gouvernement qu’ils estiment à bout de souffle. Les jeunes cadres, la base populaire du Nord, et même certains barons du parti lui demandent de choisir enfin entre la loyauté présidentielle et la souveraineté politique.
Depuis plus de deux décennies, Bello Bouba joue le rôle de la “pièce modérée” dans l’échiquier présidentiel, incarnant la participation contrôlée de l’opposition. Mais en 2025, le contexte est tout autre. La perspective d’une élection présidentielle post-Biya bouleverse tous les équilibres. Et l’UNDP ne veut plus jouer les seconds rôles.
Une tentative d’extinction d’incendie… qui échoue
Selon des sources concordantes, des émissaires du Palais d’Etoudi ont été dépêchés depuis 11 jours pour convaincre Bello Bouba de ne pas claquer la porte. Mais les négociations piétinent, les gages promis n’apaisent plus. Le malaise semble profond, ancien, irrémédiable. L’homme d’État, toujours sobre, mesurerait le moment avec gravité, mais aussi avec lucidité : le pacte est rompu.
Le congrès du 28 juin : révélateur ou catalyseur ?
Le congrès national de l’UNDP, convoqué pour ce samedi 28 juin 2025, s’annonce comme un tournant majeur. Plusieurs options sont sur la table :
- Annonce officielle de la démission du gouvernement ;
- Rupture formelle avec le RDPC ;
- Proclamation d’une candidature à la présidentielle ;
- Refondation de l’UNDP comme véritable force d’alternance.
Ce rendez-vous pourrait aussi redéfinir les alliances régionales, notamment dans le Grand Nord, où l’UNDP conserve une influence considérable. La question de la succession de Paul Biya étant désormais ouverte, tous les repositionnements deviennent stratégiques.
Une candidature en gestation ?
Bello Bouba Maigari candidat à la présidentielle ? L’hypothèse n’est plus farfelue. Avec son pedigree républicain, son ancienneté dans l’appareil d’État, et son ancrage dans une région-clé, il incarne une figure de stabilité dans un paysage en recomposition.
Mais cette ambition, si elle existe, devra surmonter un double défi :
La fatigue politique : après plus de 40 ans de vie publique, peut-il encore incarner le changement ?
La concurrence d’autres figures nordistes, comme Garga Haman Adji (s’il revient dans la course), ou les jeunes loups du système.
Il reste cependant un argument de poids : dans un pays en quête de transition apaisée, Bello Bouba pourrait se vendre comme l’homme du consensus, le passeur entre deux générations.
Le compte à rebours est lancé...
Le départ imminent de Bello Bouba Maigari du gouvernement pourrait marquer le début d’un démembrement silencieux du régime de Paul Biya. Car si l’un des plus anciens alliés du président se retire, que penseront les autres figures de la mouvance présidentielle ?
Ce geste serait plus qu’un acte individuel : un signal politique puissant, une ouverture vers une nouvelle ère, et peut-être le début d’un jeu d’alliances inédit en vue d’octobre 2025.
La réponse viendra peut-être ce 28 juin à Yaoundé.
Mais une chose est sûre : le système tremble. Et Bello Bouba s'apprête peut-être à écrire la dernière ligne de son long chapitre... ou la première d’un avenir présidentiel.
Par Pharel Ateba