International - Sanctions états-uniennes : La Turquie refuse de participer aux sanctions occidentales contre la Russie
Mevlüt Çavusoglu, ministre turc des affaires étrangères dont l'on a eu écho des propos par l'agence de presse Anadolu, ne disait-il pas déjà : << La Turquie n'a pas participé aux sanctions contre la Russie et n'a pas l'intention de s'y joindre >> ?
En effet, , bien que la Turquie ait condamné l'invasion russe de l'Ukraine, elle adopte une position équilibriste relevant de ses intérêts politiques propres. Cette posture turque a d'ailleurs été saluée par le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui a pu ainsi affirmé : << qu'Ankara suit une ligne pragmatique concernant la crise ukrainienne >>.
Enjeux d'une telle posture.Le pragmatisme et l'équilibrisme turcs visent à promouvoir ses intérêts spécifiques tant d'avec L'OTAN qu'avec les grandes puissances du bloc eurasien. Comme qui dirait, tout à la fois avec tous et contre tous... Et cette posture, qui pour d'aucuns, pourrait être taxée de duplicitaire, vaut à la Turquie de nombreuses critiques et vaticinations de la part de ses alliés atlantistes.
De facto, c'est un pragmatisme et un équilibrisme somme toute à double tranchant. Pour l'illustrer, il convient de rappeler que la Turquie a fourni des armements au régime kiévien, et en l'occurrence, les drones Bayraktar TB2. Ce qui pourrait à juste titre être considéré comme un acte d'hostilité et de guerre à l'encontre de la Russie, et par ricochet, une prise de position en faveur de l'Ukraine. Le lucre et les retombées économiques découlant de la vente de ces armements a certainement été le carburant et la motivation d'une telle prise de décision politique, avec à la clé, une promotion de l'industrie de l'armement turque à l'international.
Il est à rajouter que la posture politique turque est aussi celle d'une certaine prudence consistant à observer le dénouement des évènements sans prise de position ferme pour l'une ou l'autre des parties en belligérance, pour s'exempter de se trouver au finish dans le camp des perdants. Car, convient-il de le rappeler, plusieurs indicateurs semblent asserter la fin de l'ère de domination unipolaire du monde par les États-Unis d'Amérique et leurs affidés union-européistes.
Par ailleurs, plusieurs opérateurs économiques turcs souhaitent élargir leurs activités en Russie ou s'y déployer, pour prendre la place que laissent plusieurs opérateurs économiques occidentaux, à l'heure où ces derniers subissent de nombreuses et vives pressions de la part de leur opinion publique et de leurs gouvernants pour qu'ils cessent toute activité en Russie.