JEAN BLAISE GWET : « Si la France veut stopper l’ampleur du sentiment anti-français en Afrique, elle doit laisser les Camerounais choisir librement leur candidat en 2025. » 

INTERVIEW. JBG nous livre à travers cet entretien quelques lignes de son programme sur la crise anglophone, l’économie, les jeunes, les femmes, l’état de l’opposition, la question des statuts des anciens chefs d’Etat et le Mouvement des Frankistes. Ses propos laissent penser qu’il est bien parti pour assumer les fonctions de Chef d’Etat.
Jean Blaise GWET, Crédit-photo : Celcom/MPCC

Jean Blaise GWET, l’homme qui ambitionne de  remplacer le Président Paul Biya est un homme vraiment atypique. Un être dont les tentacules semblables à une pieuvre s’étendent sur tous les aspects de la vie d’une nation. Cet homme d’affaires aux multiples facettes, natif de Babimbi-Ngambé dans le littoral, officie entre l’Afrique et le vieux continent. Notamment  entre le Cameroun son pays et la France sa terre d’adoption. Il est déterminé à faire du Cameroun un pays réellement émergent.

La crise anglophone promet d’être un des principaux sujets de la campagne pour la présidentielle. Que proposez-vous pour la résoudre ? 

JBG : Depuis 2017, le Cameroun est en proie à un conflit meurtrier dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ce conflit a déjà causé la mort de plus de 4 000 civils. Près de 700 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et aujourd’hui, plus d’un million et demi ont  besoin de l’aide humanitaire. 

Une chose est sûre : si rien n’est fait, d’autres poches de tension risquent de s’ouvrir et nous irons droit vers une guerre civile qui pourrait contaminer toute la sous-région. 

Je déplore qu’à ce jour, il n’y ait aucun agenda crédible pour des négociations qui pourraient ramener la paix et la réconciliation.

Que diriez-vous de la nécessité d’une « meilleure décentralisation » qui pourrait aller jusqu'au fédéralisme ? 

JBG : Les griefs des Anglophones sont profonds mais sont restés sans réponse. Les Camerounais anglophones se plaignent depuis longtemps de la domination quasi totale de la vie publique par les francophones dont les élites useraient de leur pouvoir pour les marginaliser lors de l’allocation de ressources pour le développement économique. Ils estiment que chaque fois qu’ils ont protesté, ils ont été fortement réprimés tant sous l’administration d’Ahmadou Ahidjo (1960-1982) que sous celle Paul Biya depuis 1982.

De mon point de vue, chaque  région doit bénéficier de manière équitable de nos richesses. Les Anglophones veulent participer équitablement à la gestion, non seulement des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de tout le Cameroun. 

  • Nous pouvons adopter un plus fort régionalisme, sans pour autant aller vers une fédération.
  • Il faut leur envoyer un signe de paix : Je suis prêt à engager les négociations nécessaires pour la paix et la réconciliation.

Mais j’estime que c’est aux Camerounais de se prononcer sur ce sujet via l’Assemblée Nationale ou par un référendum.

Paul BIYA n’a pas encore déclaré sa candidature. Pensez-vous qu’il le fera ? 

JBG : La question n’est pas de savoir si Paul Biya sera candidat ou non. 

La question est celle de savoir quel héritage veut-on laisser à nos enfants ? 

Il faut avoir le courage de regarder la réalité en face : Les Camerounais attendent le changement. Il faut mettre en place les conditions de vie qui promeuvent la paix, la cohésion sociale et l’épanouissement de chaque citoyen. Cela passe par une économie forte, une urbanisation maîtrisée, une couverture maladie pour chaque citoyen camerounais, une assurance vie pour les militaires et policiers,  une double nationalité et une implication active de la diaspora dans la chose publique au Cameroun. Impossible n’est pas camerounais.

 Si vous êtes élu, que deviendra le Président Paul BIYA ? 

JBG : Je suis pour un statut spécial pour l’ancien Président de la République et sa famille qui bénéficieront de tous les honneurs et privilèges dus à leur rang. Paul BIYA doit pouvoir prendre une retraite paisible dans son pays. Son expérience et ses conseils me seront utiles pour gouverner le Cameroun demain.  

Je suis également favorable à la réhabilitation du Président Ahmadou Ahidjo et au retour de sa dépouille en terre natale.

Que feriez-vous des anciens dignitaires emprisonnés dans le cadre de l’opération Epervier ? 

JBG : Je suis favorable à leur libération. L’important, n’est pas de les avoir derrière les barreaux, mais de récupérer de l’argent distrait pour créer des industries, offrir des emplois aux jeunes, mettre en place une justice pour tous, sans aucune chasse aux sorcières

Nous allons nous assurer que ceux qui viennent aux affaires, ne viennent pas pour piller les biens publics. Nous devons combattre le népotisme, la corruption et remettre le travail au centre des valeurs de la République.  Je souhaite faire du Cameroun, une terre de prospérité et de modernité. Nous devons chasser les peurs du changement, nécessaires au développement de la Patrie et de notre Peuple. 

Au niveau économique, de quel changement parlez-vous ? 

JBG : L’investissement privé est à encourager et  l’économie est à booster. L’idée d’une monnaie africaine est également à envisager. Mais nous ne devons pas non plus être effrayés  par des renationalisations des secteurs de l’eau, de l’énergie, des transports ferroviaires et aériens.

La présidentielle se joue en un seul tour.  Que peuvent les partis d’opposition face à un parti dont la majorité prime dans les deux chambres du parlement ? Le manque de coalition ne causerait-il pas la défaite de l’opposition ? 

JBG : Pour ma part, le Cameroun gagnerait à organiser une élection présidentielle à deux tours avec une limitation des mandats de chef d’Etat à 5 ans renouvelable 1 fois. Cela est nécessaire pour tout pays démocratique, qui présente plusieurs candidats à une élection présidentielle.  

Je profite de votre interview pour saluer le courage et la contribution de nos ainées en politique. Le Chairman John FRUDI, Le Ministre d’Etat Bello BOUBA MAIGARI, Le Ministre Issa TCHIROMA, Me YONDO MARCELLE, Feu Ministre Augustin Fréderic KODOK  etc… Sans oublier celui qui a rendu possible cette démocratie, le Président Paul BIYA. Chaque candidat a certainement du bon, mais c’est notre tour. Avec conviction profonde, je sais que nous gagnerons la prochaine élection présidentielle, pour la paix et le bonheur de notre peuple. 

Néanmoins, je dois reconnaître que le cadre politique influence les stratégies des partis politiques de l’opposition dans leurs tentatives de conquête de pouvoir au sommet de l’État. Nous savons bien évidement qu’en Afrique, les partis politiques au pouvoir utilisent les ressources publiques pour mener campagne et ont souvent tendance à s’accaparer les médias publics, ce qui laisse peu de chance à l’opposition de s’adresser convenablement au peuple. 

Pour qu’il y ait plus facilement alternance au pouvoir, les accords de coalition entre partis d’opposition sont parfois nécessaires, car ils ont de bonnes chances ensemble de conduire à la défaite le parti au pouvoir. Mais très souvent, compte tenu de leurs objectifs souvent divergents et égoïstes, ils n’arrivent jamais à se mettre d'accord. 

Il est question aujourd’hui, de regarder la vérité en face et de comprendre que les choses vont de plus en plus mal dans notre pays et que le peuple Camerounais, réclame qu’on lui remette le pouvoir. Ma mission et mon devoir sont de redonner espoir et confiance à notre Peuple. Je m’engage à le faire en 2025. 

Je demande à tous mes aînés en politique, à tous les partis politiques de la majorité et de l’opposition, à mon frère et ainé Maurice KAMTO, de nous rejoindre dans cette nouvelle œuvre de reconstruction nationale, afin que nous apportions Ensemble à notre peuple l’espoir et le bonheur qu’il attend.  

Monsieur le Président, quel programme avez-vous pour les Jeunes et les Femmes ?  

JBG : Les Jeunes et les femmes occupent une place centrale dans mes Engagements pour le Cameroun, nouvelle génération à partir de 2025. Nous mettrons en place des programmes emplois jeunes et femmes. Ces programmes permettront à chaque jeune et à chaque femme d’obtenir du travail à la sortie de l’école ou de sa formation. 

J’aurai majoritairement à la tête de tous les postes de la Nation, les Jeunes et les Femmes : Dans les Mairies, Conseils Régionaux, Assemblée Nationale, Sénats, Ministres, Sociétés d'État et Parapublique. 

En ce qui concerne particulièrement la politique, je donnerai aux Jeunes et aux Femmes, le goût et l’envie de faire de la politique. Car ce n’est pas la politique qui ne passionne pas, mais c’est la manière dont elle est faite dans notre pays, qui n’intéresse personne. Je les encourage à se lever dans leurs villages, dans leurs villes, dans leurs régions, pour se présenter à tous les postes électifs. Je validerai toutes leurs listes aux prochaines échéances électorales.   

Que pensez-vous du Frankisme, ce mouvement faisant état d’une succession de gré à gré de père en fils ? 

JBG : La présidence de la République d’un pays est loin d’être une monarchie. L’Afrique est devenue le continent par excellence où, dans certains pays lorsque le géniteur n’est plus aux affaires, c’est le fils qui prend les rênes. Des exemples de certains pays, que je ne citerai pas, en disent long sur ce schéma.   

Mais, je fais confiance  en la sagesse et à la clairvoyance  du Président Paul BIYA, qui sait certainement que laisser son fils à ce poste, ne serait pas rendre service à la Nation, à lui-même et surtout à son fils, qui peut subir le même sort que le fils d’un ancien président en Afrique de l’Ouest. Je pense qu’il faut laisser son Fils vivre tranquillement sa vie au Cameroun. S’il veut participer aux affaires de la nation, je serai heureux de travailler avec lui, comme avec chaque camerounais.  

Il parait que les bruits ont couru dans le monde, que le Président Macron s’est rendu au Cameroun pour adouber le fils.

JBG : Si la France veut stopper l’ampleur du sentiment anti-français en Afrique, elle doit laisser les Camerounais choisir librement leur candidat en 2025. Cette fois, nous sommes prêts.   

 Merci Jean Blaise GWET pour cet entretien 

JBG : C’est moi qui vous remercie.

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