Présidence de la CEDEAO : À quand finalement le tour du Bénin ?

Avec Info Matin du 05-07-2022

En diplomatie et relations internationales, les questions de positionnement et de rapports de forces sont des données très importantes. Au sein de la CEDEAO, la règle y fait également loi. Jeux de couloirs, négociations de salons, ralliements, concessions et gentlemen agreements se font valoir. A l'aune de tout ceci, on se demande pourquoi nonobstant sa position et sa tradition démocratique, le Bénin n'arrive pas depuis le début du règne du régime de la Rupture, à gagner la présidence de la conférence des chefs d'État ?

Lorsqu'on se rend compte que des pays comme la Guinée Bissau dont le passé récent en matière de stabilité politique n'est pas un exemple de stabilité ou qu'encore presque tous nos voisins y sont passés, la question mérite d'être posée.

Ceci étant fait, chacun peut avoir sa réponse certes, mais on ne peut occulter sans doute certains faits. Il y a certes les questions de proximité avec les chefs d'Etats phares de la communauté ouest africaine comme la Côte d'Ivoire ou le Ghana et encore plus le Nigeria mais il y a sans aucun doute l'attitude même du pays et de sa diplomatie notamment lors du premier quinquennat Talon. En attendant d'y revenir, il y a fort à parier que les relations tumultueuses Abuja- Porto-Novo qui ont abouti à deux fermetures des frontières entre les deux pays a compté dans cette situation.

Quand à la diplomatie Beninoise de 2016 à 2021, elle a été de manière ostensible marquée par un repli sur soi même, à telle enseigne que le maître de la Marina s'est mis en retrait quasiment de toutes les activités de l'institution sous régionale, ne participant presque à aucun sommet des chefs d'État. Pour corollaire, les visites officielles ou de travail entre voisins peuvent se compter sur le bout des doigts d'une main pour ne pas exagérer. Même lors de la célébration de la fête de l'indépendance, on a perdu l'habitude de recevoir des hôtes de marque voisins et à ce titre de leur retourner l'ascenseur.

Cet isolement est probablement au delà des questions de voisinage à mettre aussi sur le compte des relations avec l'ancienne métropole et d'autres pays occidentaux comme les États unis, les Pays Bas pour ne citer qu'eux qui ont la tradition d'être assez frileux lorsque le climat politique sous les tropiques se fait par trop instable. Les dernières élections cahotiques, l'exil de certains ténors de l'opposition et les ennuis judiciaires d'autres parmi eux ne sont pas non plus à occulter.

Toutefois, il est à constater que la tendance à vouloir sortir de son isolement est tout à fait marquée du côté de Cotonou, puisqu'on a désormais vu les diplomates Béninois et le premier magistrat de la Nation Beninoise rejoindre les rangs de leurs voisins et même prendre une place assez importante lors des épisodes des pushs au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. C'est dire donc si les pardigmes diplomatiques en usage à Cotonou sont entrain d'être revisités ! Il ne pouvait d'ailleurs en être autrement, quand par exemple le phénomène terroriste a franchi les portes de nos frontières pas trop poreuses et que cette question sécuritaire en appelle à une réponse commune et sous régionale.

Pour le moment on sent néanmoins que le retour du Bénin aux premières loges sera une question de temps et de méthodes, il va falloir attendre à tout le moins au moins un an , c'est à dire la fin du mandat de la Guinée Bissau à la tête de la CEDEAO pour espérer prendre son tour. Pour cela, il va falloir faire preuve de gages de bonne volonté et de méthode, le séjour dans le ventre mou du classement des mieux positionnés devra pour le moment donc se poursuivre avec patience.