Dibamba au Cameroun : la Communauté urbaine de Douala présente un vaste projet de sauvegarde du fleuve
Un corridor fluvial de 6 000 hectares au cœur d’un ambitieux programme environnemental en gestation.
C’est au bord de l’une des rives de la Dibamba, sur l’esplanade de la chefferie supérieure du canton Bakoko-Wouri, que s’est déroulée hier dimanche une étape décisive dans le projet de sauvegarde et de valorisation du fleuve. Réunis dans le cadre de la caravane du Ngondo 2025, Sa Majesté Érick Jamil Madiba Songue, roi du canton Bakoko-Wouri; le bureau du Ngondo, les autorités administratives et les populations locales ont découvert l’ampleur d’un programme qui pourrait redéfinir l’avenir de ce patrimoine naturel.
Le projet couvre un corridor fluvial de 500 mètres de part et d’autre de l’axe du fleuve, soit une superficie estimée à 6 000 hectares. La Dibamba, qui draine les eaux de trois départements – le Wouri, la Sanaga-maritime et le Nkam – implique directement quatre communes : Douala 3ème, Dibamba, Dizangué et Yabassi.
« La Dibamba n’est pas seulement un cours d’eau, elle est une véritable source de vie, de subsistance et d’identité », a martelé Dr Roger Mbassa Ndine, maire de la ville de Douala. Le fleuve alimente en eau potable une grande partie de Douala via les installations de la Camwater et abrite un écosystème exceptionnel : mangroves, zones humides, espèces endémiques.
Un patrimoine menacé par l’urbanisation anarchique
Face à une croissance urbaine galopante de 4,8% par an, la capitale économique paie le prix de son dynamisme. Exploitation anarchique du sable, déforestation, spéculation foncière, activités industrielles non planifiées : autant de fléaux qui dégradent ce trésor naturel. « Les eaux se polluent à grande vitesse, les berges s’érodent, les mangroves disparaissent et avec elles une part de notre mémoire collective », a déploré le chef de l’exécutif communautaire.
La Communauté urbaine de Douala, en partenariat avec ONU Habitat, la Maetur et les communes concernées, a donc engagé une démarche structurée. L’objectif : créer un corridor fluvial protégé, réduire les sources de pollution, réguler les activités sur le fleuve et valoriser l’identité culturelle liée à la Dibamba.
Sept ans de préparation minutieuse
Depuis 2018, les bases du programme ont été posées : mémorandum d’entente entre les acteurs, missions de terrain pour écouter les communautés, étude cadastrale sur 216 hectares par la Maetur, diagnostic écologique par ONU Habitat. Une approche inclusive qui associe collectivités, institutions et populations.
Depuis septembre dernier, la ville de Douala multiplie les descentes sur le terrain. Quatre ont déjà eu lieu dans différents cantons, permettant de clarifier les zones d’intervention et de recueillir l’adhésion des riverains. « Ce programme ne réussira pas sans vous », a insisté Dr Mbassa Ndine devant les populations du canton Bakoko du Wouri. « C’est vous qui connaissez ce fleuve mieux que tous les autres intervenants », martèle le premier magistrat municipal de lq ville de Douala.
Un plaidoyer auprès de l’État en préparation
Prochaine étape : un plaidoyer sera adressé aux plus hautes autorités de l’État du Cameroun pour sécuriser le corridor fluvial, protéger la biodiversité et mobiliser les financements nécessaires. En parallèle, plusieurs études techniques se poursuivent : cartographie des polluants, élaboration d’un plan de secteur, sécurisation des emprises.
« Nous ne cherchons pas à freiner le développement, mais à le rendre plus harmonieux, plus respectueux et plus durable », a conclu le maire, avant d’ajouter : « La Dibamba est aussi une mémoire, une fierté, un symbole pour le peuple Sawa tout entier. N’est-ce pas ici que les mbeatowè sortent ? ».
Un programme ambitieux qui pourrait faire de la Dibamba un modèle de développement urbain durable en Afrique centrale, à condition que toutes les parties prenantes jouent le jeu. La signature officielle du plaidoyer devrait intervenir après la finalisation de la mobilisation communautaire.






