Le Jour où Dibombari Dit au NGONDO: Entrez… si Vous Osez...
En 2011, un événement bouleversa à jamais la mémoire des Sawa. La caravane du Ngondo, majestueuse et solennelle, s’avançait vers le canton Pongo. Mais à Dibombari, l’impensable se produisit : Sa Majesté Théodore Toto Bekombo, chef supérieur de premier degré, dressa un refus catégorique. L’ordre avait été clair, annoncé longtemps à l’avance : LA CARAVANE N'ÉTAIT PAS LA BIENVENUE.
Pensant pouvoir contourner l’autorité, certains, persuadés que le chef était en voyage en Europe, un voyage que d’aucuns avaient délibérément simulé convinrent que la caravane pouvait entrer par la force. La troupe se mit en route, confiante, sûre que rien ni personne ne l’arrêterait.
Mais la rumeur avait menti. Informé de la manœuvre, le chef revint aussitôt.
Alors se dessina une scène qui allait entrer dans la légende : Torse nu, pieds nus, il se tenait au milieu de la route, face aux visiteurs inattendus. Une grande marmite en feu crépitait devant lui, symbole d’autorité et de vérité coutumière.
Quand la caravane atteignit enfin Dibombari, Sa Majesté prononça des mots qui feraient trembler l’histoire :
« Si vous reconnaissez que Dibombari, c’est chez vous… entrez. Sinon, repartez en marche arrière. »
Le temps sembla suspendre son souffle. Aucun chef, aucune élite, aucun accompagnateur n’osa franchir le seuil. Dans un silence chargé de respect et de crainte, la caravane dut se résigner à repartir en marche arrière, confus et humilié, sous les regards impassibles des Pongo.
Cet acte n’était pas qu’une démonstration de puissance. Il traduisait un malaise ancien, une exigence de justice : les Sawa du Moungo reprochaient aux Sawa du Wouri d’avoir confisqué la direction du Ngondo, reléguant les autres cantons au second plan ainsi que plusieurs autres conflits internes.
Ce jour-là, le chef supérieur ne cherchait pas la confrontation. Il restaurait l’équité, rappelait que chaque canton compte, que la tradition n’appartient à personne, et que Dibombari ne s’impose pas : il se respecte.
La porte resta close ce jour-là. Mais la mémoire, elle, s’ouvrit grand.
WONJA N’EDUBÉ.






