Pr Robert Kpwang Kpwang, de Douala à Ébolowa : L’homme qui fait naître des entrepreneurs dans les amphis des universités camerounaises

INTERVIEW. Après avoir redéfini la professionnalisation à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Douala au Cameroun, le Pr Robert Kpwang Kpwang, nouveau vice-recteur chargé des enseignements, de la professionnalisation et des TIC à l’Université dÉbolowa, partage sa vision ambitieuse. Plongez dans le parcours d’un leader décidé à transformer l’université camerounaise en un tremplin pour l’innovation et l’entrepreneuriat. Un must-read pour comprendre l’avenir de nos universités.

[Image d’archives]. Pr Robert Kpwang Kpwang, le 10 janvier 2024. ©️HN/DR.

1. Professeur, pouvez-vous nous dresser un bilan de votre passage en tant que doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Douala ? Quels ont été, selon vous, les moments forts et les défis majeurs rencontrés ?

« Je vous remercie de m’offrir cette opportunité de répondre à vos questions et de satisfaire en même temps vos lecteurs. Je commencerai par dire qu’un Doyen ou tout autre chef d’établissement est avant tout un exécutant qui applique la politique définie par le chef de l’État et cela sous le regard bienveillant et contrôlé directeur chef de l’institution.

Il doit donc tout faire pour respecter le calendrier académique, veiller à la bonne programmation des enseignements, à la tenue à temps des examens et à la publication des résultats, etc. en plus de veiller aux payements des prestations dues aux enseignants, personnel et partenaires externes à l’instar de l’Imprimerie nationale ou encore Sopécam, bien évidemment sur la base des ressources financières mises à sa disposition par le recteur.

Pour ce qui me concerne j’ai implémenté à la FLSH un management inclusif et humanisé. Mais j’ai la chance d’avoir été auparavant Conseiller Technique au MINESUP, donc j’étais au courant des innovations et des mutations que le chef de l’État demandait de faire dans les établissements facultaires classiques.  J’avais donc comme défis majeur d’implémenter la vraie professionnalisation, pas celle qui a consisté à créer les filières dites professionnelles, mais qui ne le sont que de nom…

Pour moi la vraie professionnalisation à consister à procéder à une refonte des programmes et à introduire les unités de formations qui permettent aux étudiants sociologues humanistes d’avoir des compétences en entrepreneuriat, en management, en montage et maturation des projets dans le contexte du numérique, de l’audiovisuel et de l’IA.

Cette révolution a fait en sorte qu’à l’Université de Douala, lorsque l’on parle de la professionnalisation aujourd’hui, la FLSH vient en tête comme en atteste non seulement le nombre de succès stories en termes de startups créées et gérées avec efficience, mais aussi l’appropriation par la majorité des étudiants comme en atteste leur Semaine de l’entrepreneuriat dont ils ont organisés cette année la 4e édition avec succès.»

2. Parmi les initiatives que vous avez portées à Douala, quelle réalisation vous rend le plus fier, et comment a-t-elle impacté la communauté académique ou estudiantine ?

« En fait, le travail était collectif, le Top Management de la FLSH, les différents bureaux de l’AE, les enseignants et, bien évidemment, le personnel administratif a tous joué un rôle important en phase avec la Nouvelle Gouvernance Universitaire initiée par le chef de l’Etat. Je n’étais que le capitaine qui conduisait le bateau, qui montrait le cap à suivre et qui s’assurait qu’il était en phase avec les textes et les orientations gouvernementales.

Le respect du calendrier académique était cardinal, ainsi que la couverture des programmes au moins à 80 pour cent, la remise des effets académiques avant le départ en vacances, etc. La professionnalisation avec la réforme des programmes avec le concours des entreprises, des CTD, les Chambres Consulaires et les Organisations patronales. Les Séminaires entrepreneuriaux, la Semaine de l’entrepreneuriat, la Cérémonie des Étoiles d’Or, les Ateliers FLSH~Entreprises~Administrations~CTD~Chambres consulaires, etc., sont autant des innovations inoubliables initiées à la FLSH dont je suis fier, très fier même

3. L’entrepreneuriat universitaire est un levier important pour l’insertion professionnelle des jeunes. Quelle est votre vision pour promouvoir l’entrepreneuriat estudiantin dans les universités camerounaises, et quelles actions concrètes avez-vous entreprises ou envisagez-vous pour y parvenir ?

« L'entrepreneuriat universitaire est une nécessité Vitale pour nos universités et pour le Cameroun tout entier. Il est inscrit dans la loi universitaire, la Stratégie Sectorielle de l'Education et de la Formation et fait en plus partie des 4 programmes du MINESUP.  Donc, c'est une voie salvatrice pour résoudre le problème du chômage des diplômés de l'Enseignement supérieur.  Mes actions pour implémenter l'entrepreneuriat à la FLSH ont été multiples et qu'on peut résumer ainsi:

  1. Refonte des programmes
  2. Introductions des UE permettant aux étudiants d'acquérir les compétences, [initiation á l’entrepreneuriat, initiation au management, initiation au montage et à la maturation des projets, les Industries culturelles, etc.
  3. Institution de la Semaine de l'entrepreneuriat des étudiants de la FLSH,
  4. Organisation des Séminaires de formation en entrepreneuriat animés par les experts
  5. Participation des étudiants de la FLSH aux foras de formation organisée par de nombreuses administrations, institutions, ONG, Organisations patronales, etc,
  6. Solutions aux étudiants ayant créé des startups. etc.  À ces actions s’ajoute la politique générale qui soutenait cette action, à savoir : les cours d'entrepreneuriat transversaux pilotés par le décanat et les cours d’entrepreneuriat spécifiques en phase avec chaque discipline et pilotés au niveau de chaque département.
  7. Encouragement d'aller Faire des formations dans les centres de formation agréés par le minefop. Voilà la politique qui a permis aux étudiants de la FLSH de devenir les leaders de l'entrepreneuriat à l’Université de Douala. Aucun autre établissement facultaire ne fait autant dans notre système de l'Enseignement universitaire. »

4. Vous avez contribué à la rédaction du livre Pour le libéralisme communautaire : de l’idéologie aux réalisations, qui célèbre les avancées du Cameroun sous le président Paul Biya. Pouvez-vous nous parler de votre apport spécifique à cet ouvrage et de l’importance de ce projet pour vous ?

« Je commencerai par vous dire que ce livre n'aurait jamais vu le jour sans ma contribution, en ma qualité de Doyen de la FLSH. En effet, l'idée est de Luther André Meka, Assistant à la FLSH, et c'est au cours des discussions que lui et moi sommes tombés d’accord pour donner vie à ce projet. C'est après que l'appel à contribution a été lancé via le canal de l'éditeur choisi, les Éditions Cheikh Anta Diop que dirige d'une main de maître le Pr Dominique Meva'a Abomo

Donc pour revenir à votre question, je dirai tout simplement que ma contribution a été fondamentale. En ma qualité de Doyen, j'ai alloué une aide à la publication à Luther André Meka comme je l'ai souvent fait avec les autres enseignants qui venaient me voir pour cette aide qui figure dans une ligne budgétaire de la FLSH, et c'est grâce à cette aide que ce livre a été édité, personne d'autre á l’Université de Douala n'a œuvré pour le financement de ce livre contrairement aux mensonges qui ont été dits sur cette question de financement...  

Ma seconde contribution est au niveau de l'article que j'ai signé pour cet ouvrage et intitulé "Paul Biya et la révolution de l'Enseignement supérieur du Cameroun : de l'Université de Yaoundé á la Nouvelle Gouvernance Universitaire". Avec modestie, si je me réfère aux commentaires que les experts qui ont relu les différents articles proposés, c'est l'article phare de ce livre.

J'ai apporté à fond mon soutien à cette idée de Luther André Meka parce qu'elle était louable et pertinente. Au regard de ce que le Président Paul Biya a fait pour notre système d’Enseignement supérieur, il était normal qu'un hommage bien mérité lui soit rendu par nous les universitaires auxquels se sont associés d'imminences personnalités de la société civile. »

5. En tant que nouveau vice-recteur de l’Université d’Ébolowa, comment comptez-vous capitaliser sur votre expérience à Douala pour relever les défis de cette institution et contribuer au développement de l’enseignement supérieur au Cameroun ?

« Alors, je commencerai par vous dire que c'est avec un réel plaisir que j'ai appris cette nomination à l'Université d'Ébolowa. Elle marque une fois de plus la confiance du chef de l'État et de tous ceux qui sont dans la chaîne des propositions et de transmission jusqu'à lui. En tant que nouveau VR-EPDTIC, mon rôle consistera bien évidemment à appliquer les instructions de Monsieur le Recteur, Chef de l'Institution, et lui rendre compte; de lui faire des suggestions dans les domaines relatives à mes missions.

Sur ce plan, je me réjouis d'avoir trouvé à l'Université d'Ebolowa un Recteur au management inclusif, attentif et soucieux d'élever cette jeune institution universitaire sur les cimes de l’Excellence académique, pédagogique, heuristique, etc, et où les fondamentaux de la Nouvelle Dynamique Universitaire, institué par le Chef de l'Etat lui-même, S.E. Paul Biya, sont respectés.

Ebolowa constitue une nouvelle opportunité et je crois que mon expertise dans le domaine de l'entrepreneuriat et ma connaissance des textes qui régissent le Système de l'Enseignement Supérieur, fruit de mon séjour au MINESUP, où j'ai occupé certains postes stratégiques, á l'instar de celui de Conseiller Technique n°2, me serait d'un grand atout. L'Université d'Ébolowa est un challenge pour son Top Management, et moi j'adore les Challenges. »

Merci, Professeur, pour vos réponses éclairantes. Nous vous souhaitons beaucoup de succès dans vos nouvelles fonctions à l’Université d’Ébolowa.

Propos recueillis par Dilan KENNE

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