Analyse du Système de Mandat Représentatif et des Élections Présidentielles au Cameroun
Le débat autour des élections présidentielles au Cameroun suscite de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne le système de mandat représentatif et les conditions d'investiture des candidats. Cet article vise à analyser le cadre juridique en vigueur, les implications du mandat représentatif et les dynamiques politiques influençant la course à la présidence.

1. Le Cadre Juridique des Élections Présidentielles
1.1 Les Conditions d'Investiture
Selon l'article 121 du Code électoral camerounais, les partis politiques et les candidats indépendants peuvent se présenter à l’élection présidentielle sous certaines conditions. Pour une candidature indépendante, le postulant doit obtenir 300 signatures de personnalités qualifiées, réparties sur l’ensemble du territoire national.
1.2 Le Débat sur l’Investiture des Partis
En 2018, la possibilité pour un candidat d’obtenir l’investiture d’un parti représenté dans les conseils municipaux, régionaux ou à l’Assemblée nationale a été largement discutée. Aujourd’hui, la question se pose notamment pour le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), qui avait boycotté les élections de 2020 et cherche à présenter un candidat en 2025.
2. Le Mandat Représentatif et son Application au Cameroun
2.1 Définition et Cadre Juridique
Le mandat représentatif, consacré par l’article 15 de la Constitution camerounaise, stipule que le député représente l’ensemble de la nation et ne peut être soumis à un mandat impératif. Cette disposition, inspirée de l’article 27 de la Constitution française de 1958, souligne que les élus ne sont pas contraints de suivre les directives de leur parti ou de leurs électeurs.
2.2 Exemples de Transhumance Politique
Le phénomène du nomadisme politique est observé au Cameroun et dans plusieurs pays membres du Conseil de l’Europe. Entre 1950 et 2004, environ 24 % des parlementaires européens ont changé d’affiliation politique. En Roumanie, entre 2010 et 2015, 8 % des députés ont changé de parti, et en Italie, 60 % des élus ont changé d’affiliation entre 1998 et 2006.
3. Cas Pratiques de Changement d’Affiliation au Cameroun
3.1 Exemples de Changement de Parti
Au Cameroun, plusieurs figures politiques ont changé de parti sans perdre leur mandat. Par exemple :
- En 2011, le député Aya Paul Abiné, investi par le RDPC, a démissionné pour siéger en tant qu’indépendant avant de créer son propre parti.
- En 2015, Joseph Aka Amuam, initialement élu sous la bannière du SDF, a rejoint le RDPC sans perdre son siège à l’Assemblée nationale.
- Plus récemment, le député Jean-Michel Nintcheu, élu sous la bannière du SDF, a été exclu de son parti mais continue de siéger à l’Assemblée nationale.
3.2 Conséquences du Nomadisme Politique
Lorsqu’un élu change de parti politique, il dispose de plusieurs options :
- Rester indépendant tout en conservant son mandat.
- Rejoindre un autre groupe politique au sein de l’Assemblée nationale.
- Créer un nouveau parti, qui peut alors être représenté au Parlement si d’autres élus le rejoignent.
4. Enjeux pour l’Élection Présidentielle de 2025
4.1 L'Impact sur le MRC et la Candidature de Maurice Kamto
Le MRC, ayant boycotté les élections législatives et municipales de 2020, a vu certains élus issus d’autres partis le rejoindre. Cela lui permet aujourd’hui de revendiquer des représentants dans certaines instances, ouvrant ainsi la possibilité d’investir un candidat à la présidentielle.
4.2 L’Importance de la Convocation du Corps Électoral
L’appartenance d’un élu à un parti politique doit être évaluée au moment de la convocation du corps électoral, prévue pour octobre 2025. D’ici là, les dynamiques politiques peuvent encore évoluer en raison de démissions, d’exclusions ou de ralliements.
Conclusion
Le système du mandat représentatif au Cameroun repose sur une base juridique solide, inspirée de modèles internationaux. Le phénomène du nomadisme politique, bien que critiqué, est une réalité qui façonne les équilibres politiques nationaux. À l’approche des élections de 2025, la question de l’investiture des candidats reste ouverte, et les recompositions partisanes joueront un rôle clé dans la désignation des futurs prétendants à la présidence.
La stabilité politique et l’équité électorale devront être garanties pour éviter des crises similaires à celles observées dans d’autres pays d'Afrique. Il revient désormais aux acteurs politiques et aux institutions de veiller au respect des règles en vigueur afin d’assurer un processus électoral transparent et inclusif.