Chroniques : Affaire Martinez Zogo, deuxième partie
Au moment où l’affaire Martinez Zogo est entre les mains de l’enquêteur Juge d'Instruction Militaire, le Lieutenant-colonel Sikati II kwamo Aimé Florent. Au moment où les images surprenantes et convaincantes de ce dernier en compagnie de deux hommes, lisant les documents confidentiels. Il faut déjà ouvrir obligatoirement l'information judiciaire (enquêter profondément, prendre des décisions très utiles pour libérer certains inculpés pour faits non établis, requalifier les faits pour d’autres, renouveler leur détention provisoire, convoquer d'autres personnes, les auditionner et les confronter.) Les espoirs reposent plus à cette deuxième étape. Cruciale pour faire éclater la vérité. À base ces images qui circulent dans les Réseaux Sociaux, elles constituent une grande partie de la vérité. C'est une occasion en or pour le Juge d'Instruction. Ils lui ont facilité la tâche.
Martinez Zogo ait été Assassiné pour un secret qu'il n'aurait pas dû voir? (Images). Sa mort fait-elle partir d'une conspiration importante ? A-t-il été compromis et soudoyé pour relever les secrets d'Etat, dont confidentiels? Par qui? Le Juge Enquêteur, le Lieutenant-colonel Sikati II kwamo Aimé Florent, est obligé de trouver les réponses à ces questions.
Au-delà des problèmes éthiques ou claniques dans cette affaire et des tentatives de récupération politique, je préfère parler de ce dossier sous un regard juridique et judiciaire. Et même, la République ne se résume pas aux clans. Pour moi, la République dans un contexte comme celui-ci, ce sont nos lois, les conventions internationales qui doivent être respectées à la lettre. C'est la chaîne des hommes et femmes en charge de cette affaire de l'animateur radio Martinez Zogo qui doit se tourner vers la logique et tenir compte que la pénibilité, c'est aussi l'humanité et les preuves concrètes.
A cet effet, l’activité d’un Juge d’Instruction en charge de cette affaire sera faite de tranches de vies, celles des inculpés. Elle sera marquée par des commencements et des fins. Gérer son cabinet, il saura se donner le temps de l’humain. Car, ce qui lui importe, c’est de parvenir à mieux connaître les femmes et les hommes et auteurs, au-delà du filtre froid de ce dossier, s’intéresser à leur parcours de vie, à leurs aspirations, leurs espérances. Aussi, quand « il va ouvrir » le dossier Martinez Zogo et celui des inculpés, il saura que sont inscris leurs actions dans un temps judiciaire qui a un terme.
Pour un Juge Enquêteur comme Sikati kwamo II, ce temps est fonction de la durée et de la nature du motif. Pour cela, il va falloir qu'il débute avec une relation faite d’autorité, de confiance, de trop de doutes, de contrôle, d’écoute, de décisions. Quelques mois s’écouleront avant qu’une décision arrive à son échéance.
Autant de mois ou d’années pour essayer de comprendre ce qui a conduit à rompre le principe « Tu ne tueras » en commettant des actes délictuels ou criminels, pour s’efforcer de donner de l’effectivité et du sens à la peine, pour tenter de réinsérer un prévenu. Autant de mois ou d’année passés à aider au dédommagement des victimes, espérer qu’elles se reconstruisent.
Ce temps nous lie : Juge Enquêteur, conseiller d’insertion et de probation, condamnés, victimes. Il est indispensable. Il va falloir que les inculpés fassent preuve de patience pour qu'il leur fasse comprendre s’ils sont coupables pour accepter un procès ou non - coupable pour rentrer chez eux après quelques mois de détention.
Le temps est notre allié pour parvenir à rebâtir ce qui a été détruit et restaurer des liens sociaux harmonieux. C’est le temps des rechutes, des récidives. Le temps des échecs. C’est aussi le temps de belles réussites. Cela demande de l’investissement. Mais au début de la route, il y a l’espoir. Au bout, il y a la paix, le travail et parfois la patrie retrouvée.
Pour ce Juge Enquêteur, le temps est un outil et une force. Pour les victimes et les inculpés. Il peut être, par lui-même, une souffrance. Pour un juge Enquêteur, le temps est fait de débuts sans cesse renouvelés, de promesses non tenues et reformulées, mais aussi de fins répétées quand il est temps de mettre un terme à une dérive par le retrait d’une mesure et d’une incarcération.
Le temps, c’est aussi celui de l’oubli. Oublier en libérant certains inculpés parmi tant d’autres. Des visages défilent, des vies se déroulent. Mais le présent est trop prégnant. Il faut vite consacrer du temps aux inculpés du moment. Les autres se fondent dans un brouillard dont, parfois, émerge le souvenir d’une femme ou d’un homme attachant ou tout au contraire inquiétant par sa dangerosité.
Comme toute chose, l’incarnation est une mesure qui a une fin. Aussi, vient le temps de « refermer » un dossier. Pour ces hommes, une déclaration pour faits établi, c’est le début d’une autre vie. Tous l’affirment : elle sera meilleure. Quelques-uns n’y parviennent pas tout de suite et d’aucuns jamais. Une vie qui vous échappe et qui cette fois leur appartient complètement. La fin de ce dossier marque déjà le début d’un autre.
Polycarpe Xavier Atangana, pour une société une société fraternelle