Lolabé : Pose de la première pierre du terminal minéralier du Projet d'exploitation de fer des monts mamelles sous fond de marginalisation des populations riveraines.

Derrière la cérémonie de pose de la première pierre du terminal minéralier à Lolabé, le 22 septembre 2025 par le Premier ministre chef du gouvernement, les habitants dénoncent un avenir sombre. Expropriations, absence d’emplois, non-respect des engagements et effacement culturel.  La communauté Iyasa, peuple autochtone de la côte, s’estime reléguée au rang de spectatrice de son propre territoire.

Le 22 septembre dernier, le village de Lolabé, dans l’arrondissement de Kribi premier, dans Sud-Cameroun, a servi de cadre à la cérémonie de pose de la première pierre du terminal minéralier du projet d’exploitation de fer à ciel ouvert des Monts Mamelles, permis Lobe.

L’événement, placé sous les projecteurs des plus hautes autorités aux rangs desquels le premier ministre chef du gouvernement, Chief Dr. Joseph DION NGUTE et des partenaires techniques, notamment la société chinoise Sinosteel Cam et son allié Juujiang Cameroun SARL, a été présenté comme une étape décisive vers la concrétisation d’un projet industriel d’envergure nationale. Mais derrière les discours officiels et les promesses de développement se cachent des inquiétudes profondes; celles des populations riveraines, en particulier la communauté Iyasa, minoritaire et menacée d’effacement.

Le village de Lolabé, choisi comme site pour l’essentiel du complexe industrialo-portuaire de Kribi, se trouve une fois de plus au cœur d’une opération d’expropriation. Avec l’extension du port autonome et l’installation progressive d’unités industrielles, les habitants voient leur espace vital rétrécir à grande vitesse. Pour le peuple Iyasa, autochtone de la côte, ces projets successifs ne sont pas seulement synonymes de déplacements forcés. Ils représentent aussi une érosion culturelle et sociale irréversible.

« Nous sommes minoritaires et nous perdons notre terre, notre identité et notre avenir », a confié un notable en marge de la cérémonie.

Promesses non tenues

Lors des campagnes de sensibilisation et même au moment des études d’impact environnemental et social, l'entreprise chinoise avait multiplié les engagements : emplois pour les jeunes, amélioration des conditions de vie des populations riveraines à travers des projets à fort impact social, prise en compte des us et coutumes, accompagnement social et économique. Mais trois ans après les premiers contacts, la désillusion domine.

À ce jour, seuls quelques fils Iyasa ont pu intégrer les équipes de Sinosteel Cam, une poignée que l’on « compte sur les doigts d’une main », selon plusieurs sources locales. La plupart des postes sont occupés par des travailleurs venus d’ailleurs, sans réelle priorité accordée aux populations riveraines, pourtant les dispositions réglementaires du travail au Cameroun stipulent « qu’à compétences égales, la priorité est accordée aux locaux. »

Une mise à l’écart organisée

Sur le plan communautaire, le constat est tout aussi amer. Les cérémonies traditionnelles parmi lesquelles les rituels, les savoir-faire liés à la mer, les rites qui rythment la vie des Iyasa n’ont pas toujours été considérés dans le processus d'implantation du projet. Les compensations annoncées n’ont pas suivi, et aucune véritable concertation n’a eu lieu pour intégrer les préoccupations des communautés locales. Pire encore, la communication officielle autour du chantier ignore volontairement les voix discordantes.

Pour beaucoup, il s’agit d’une marginalisation programmée.

« On nous demande de céder nos terres et de nous taire. On nous promet des avantages qui n’arrivent jamais... », déplorent les habitants de Lolabé.

Le contraste du 22 septembre 2025

Alors que les autorités sous la houlette du premier ministre Chef du gouvernement célébraient, le 22 septembre 2025, un tournant stratégique pour l’économie nationale, la population de Lolabé assistait, impuissante, à une cérémonie qui symbolise surtout pour elle l'expression à mondovision de la marginalisation. Les discours officiels parlaient d’emplois, de recettes et d’ouverture au monde, mais dans la foule, les visages des communautés locales traduisaient un sentiment de trahison.

La réalité est que le terminal minéralier, censé ouvrir des perspectives, risque de précipiter l’exclusion d’un peuple déjà vulnérable. Les Iyasa craignent non seulement de perdre leurs terres, mais aussi de voir leur patrimoine culturel balayé par les bulldozers et les infrastructures.

L'avenir du peuple Iyasa...

Le cas de Lolabé illustre un dilemme de plus en plus récurrent au Cameroun ; comment concilier grands projets structurants et respect des droits des populations locales ? Si l’État met en avant les retombées économiques, il est difficile d’ignorer le coût social et culturel. Sans une véritable politique d’inclusion et de protection des minorités, les bénéfices promis risquent de se transformer en fractures irréparables.

Pour l’heure, les habitants de Lolabé et toutes les autres localités riveraines du projet d'exploitation minière à ciel ouvert du fer des monts mamelles, permis Lobé, ne réclament pas l’impossible.  Ils veulent être écoutés, respectés et associés. Ils demandent que les engagements pris soient honorés et que leur culture soit considérée comme une richesse, et non comme un obstacle au développement. Mais tant que Sinosteel Cam et Juujiang Cameroun SARL persisteront à marginaliser les riverains, la pierre posée à Lolabé symbolisera moins la promesse d’un avenir partagé que la consolidation d’une exclusion déjà palpable.

 

Doyle NGOMI

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Lolabé : Pose de la première pierre du terminal minéralier du Projet d'exploitation de fer des monts mamelles sous fond de marginalisation des populations riveraines.
Lolabé : Pose de la première pierre du terminal minéralier du Projet d'exploitation de fer des monts mamelles sous fond de marginalisation des populations riveraines.
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