Portrait : Reine Ursula Nkoa, l’étoile qui fait briller le Port Autonome de Kribi

Femme forte au sens propre de l’expression, elle a su, en quelques années, hisser le Port Autonome de Kribi (Pak) sur les cimes des milieux d’affaires en terme de communication.
Reine Ursula Bisciongol Beyak

Entre deux allers-retours dans les couloirs d’un hôtel huppé de la place kribienne (Sud Cameroun), Reine Ursula Bisciongol Beyak (de son nom patronymique) trouve enfin une minute à nous accorder. « On peut le faire ici (Interview ndlr) », lance-t-elle brièvement en indiquant de la main un coin isolé de la grande pièce attenante à la salle des conférences située à l’étage du complexe.

Cette matinée-là, elle est la modératrice d’une conférence organisée par l'Association des Femmes du Port Autonome de Kribi (Afpak). Une tâche qu’elle affectionne beaucoup. C’est en prélude à la célébration de la journée internationale de la femme le 08 mars. Les intervenants doivent échanger sur le thème : la digitalisation dans les opérations de commerce extérieur.

La communication dans l’âme

C’est en juin 2019 que Reine Ursula Bisciongol Beyak jette son ancre au Port Autonome de Kribi. Elle y occupe, dès lors, les fonctions de Cheffe de la cellule de communication et des relations publiques après une expérience avérée auprès des entreprises ayant pignon sur rue. « J’ai été précédemment Responsable Marketing à la Sopecam et aussi, j’ai occupé plusieurs fonctions dans des structures privées », fait-elle savoir.

Les pérégrinations professionnelles la conduisent dans le secteur bancaire, notamment, chez Scb Cameroun où elle est Responsable de la communication pendant plusieurs années. Elle exerce aussi en agence chez McCann Erickson Cameroun et Ogilvy & Mather. Deux poids lourds du conseil et de la stratégie en communication qui, assurément, ont façonné son goût pour l’excellence et le travail acharné.

Une fois au Port Autonome de Kribi, le Directeur Général, Patrice Melom, lui assigne comme mission principale : la promotion de la structure. Dans ce contexte, Reine Ursula Bisciongol Beyak se souvient qu’elle aura « la lourde mission de faire savoir aux Camerounais que le Port de Kribi fonctionne, mais aussi, qu’il s’agit d’une infrastructure qui a de l’avenir. »

La Cheffe de la cellule de communication et des relations publiques prend à peine ses marques qu’il faille déjà, en urgence, mettre en place une stratégie de communication. « Je me suis mise avec l’expérience professionnelle dont je disposais, dans un premier temps, à faire connaître le Port de Kribi au grand public, aux différentes cibles commerciales ou autres et à pouvoir donner la preuve que non seulement il existe, mais qu’il est opérationnel », souligne-t-elle.

Reine Ursula Nkoa

La navigation vers ces nouveaux objectifs ne s’est pas faite sans vents contraires. La première difficulté étant celle que rencontre toutes les nouvelles entités dans un environnement structuré. Car, faut-il le rappeler, le Port de Kribi arrive alors que celui de Douala, centenaire, est déjà positionné sur de nombreux segments. Pour la patronne de la communication, « il fallait expliquer pourquoi un Port à Kribi, qu’elle est la différence avec celui de Douala et qu’elle est la complémentarité. »

Pour y arriver, il fallait à chaque fois sortir de Kribi pour aller occuper une place dans les grands centres d’intérêts que sont Douala et Yaoundé. Kribi, la petite bourgade étant en retrait du point de vue géographique, il était difficile pour la nouvelle figure d’organiser des activités de promotion ailleurs.

Femme de caractère

À son arrivée au Port Autonome de Kribi, Reine Ursula Bisciongol Beyak fait face au « rejet. » Très peu connue dans la sphère médiatique au Cameroun, elle succède à un journaliste de renom (Serge Alain Godong) qui a fait ses preuves dans l’univers de la presse. Quelques années après, elle ressasse les souvenirs de ses premiers sentiments et avoue que « c’était déjà un gros challenge de pouvoir remplacer cette personnalité du monde médiatique et de laisser en même temps ses marques. »

Dans une société où il existe encore des à priori sur les femmes, certaines personnes, apprend-on, ont pensé qu’elle n'y arriverait jamais. Les collaborateurs avaient déjà des habitudes avec l’ancien manager et trouvaient du mal, pour quelques-uns, à s’adapter à son style de management. De cette situation, elle a tiré beaucoup d’énergie et de courage pour s’en sortir.

Née entre deux hommes dans une fratrie de trois, Reine Ursula Bisciongol Beyak, mariée à M. Nkoa, est mère de deux garçons. Elle s’adapte facilement dans des milieux complexes et physiquement éprouvants. Elle se décrit comme quelqu’une de « très rigide, très autoritaire, très endurante et très exigeante. » Si son physique peut pousser à la confondre à une « une petite femme fragile », l’énergie qu’elle dégage sera toujours là pour rappeler à son vis-à-vis qu’il fait fausse route.

En marge de son activité professionnelle, (celle qui consiste aujourd’hui à vendre les atouts de la zone industrielle du Port Autonome de Kribi, et, partant, à convaincre les entreprises à s'y installer) Reine Ursula Bisciongol Beyak appelle les femmes à sortir des stéréotypes et à s’intéresser aux filières porteuses. « Aujourd’hui nous parlons du digital. Il faut que les femmes s’orientent vers ces filières qui déterminent l’avenir, qu’elles puissent s'y engager sans complexe parce que l’avenir appartient aux femmes. »

Par Landry TSAGA

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