Chronique - Diplomatie : L'offertoire de l'arnaque des fonctionnaires de la pitié : Biya et Macron

Aujourd’hui, il y a messe. Au cœur de cette eucharistie, il y a le spectacle du sacrifice sacerdotal du salut : on assistera à l’offertoire d’Emmanuel, l’Escroc deux fois béatifié par les réseaux de la Finance internationale

Chronique - Diplomatie : L'offertoire de l'arnaque des fonctionnaires de la pitié : Biya et Macron
Fridolin Nké, Universitaire, Enseignant de philosophie.

Aujourd’hui, au Palais d’Étoudi, on va consacrer quelqu’un autour du pain et du vin. L’officiant du jour est le Grand prêtre, Paul, le méchant et taciturne Inquisiteur qui passe pour le bienfaiteur de son peuple. Il est le gardien du Temple, le Seigneur des Truands qui est chargé d’entretenir et de magnifier, à vie, les restes du faux dieu, le Monstre sacré, la Françafrique.

Comme un authentique malfrat, il dévalise les siens ; il suce l’énergie de ses frères pour renflouer ses lointains maîtres spirituels et politiques, afin que l’Occident, avec ses mécanismes d’exploitation et d’abrutissement, puisse mieux se régénérer et se perpétuer à travers les générations entières d’Africaines et d’Africains hagards, floués, émasculés, tétanisés, spoliés, massacrés par les leurs, par le « sort ». L’hydre françafricaine, entre-temps, économise son sang et son corps sacrés dans l’Armoire du sacrilège : le sol et le sous-sol camerounais, africain. 

I- Le décor et les acteurs de l’imposture

Depuis hier, les sacristains (le grand-frère du servant de messe qui prépare les célébrations de l’Évêque) ont balayé les rues ; ils ont fait la toilette aux égouts de la Poste centrale ; ils ont habillé les poteaux et les fils électriques aux effigies des Hommes du dieu de la Françafrique ; ils ont vidé les immeubles de leurs inutiles occupants ; ils ont ramassé les badauds aux quatre coins du pays pour venir applaudir l’arrivée des comédiens, moyennant 1 500 Fcfa (mille cinq-cents francs des Colonies Françaises d’Afrique), un peu de pain et de sardines. Bref, ils ont préparé la crédence (table de cérémonie).

Tous, aussi baveux les uns que les autres, ministres, diplomates, hommes et femmes de l’ombre ou de main, se précipitent dans le tabernacle, sortent précipitamment l’encensoir, la navette, les fioles qui contiennent les saintes huiles, le reliquaire (qui contient les reliques des saints) et le baiser de paix, cet instrument qu’on fait baiser aux fidèles sous le prétexte qu’il contiendrait les restes des saints.

Un diacre fougueux du Grand prêtre-truand, un artisan de la misère et de l’effroi (le grand-frère de la peur), le Préfet du Département du Mfoundi, a sorti son Baiser de paix fabriqué de ses mains ensanglantées, au travers d’un Arrêté psycho-préfectoral qui énonce l’étiologie du suspect-terroriste : « Est également suspect, toute personne qui se réjouit des difficultés de l’Etat ou souhaite voir l’Etat en difficulté ». Rien de moins ! Ainsi, au lieu des reliques des Saints, c’est-à-dire des résultats probants de leurs actions en faveur de leurs « usagers », en tant qu’agents publics, les Camerounais ont plutôt goûté à la fraîcheur glaciale de la chappe de plomb de la terreur administrative, en prélude au grand pèlerinage du Jupiter parisien. 

Le Grand prêtre, le Seigneur des Truands, avec tout l’art du désenchantement qui caractérise le jeu infernal de leur science de l’arbitraire et du vandalisme, se fera la salutaire ignominie de sceller le sort de nos espérances sur l’autel de nos déboires historiques qu’est la françafrique. La sanctification du jour est la perpétration d’un ordre criminel centenaire : le maintien en esclavage et en sous-humanité des Nègres.

L’hôte de prestige du Seigneur des Truands, Emmanuel Macron, est l’Escroc possédé. Il eut jadis la dignité passagère de côtoyer une de ces figues atemporelles qu’on appelle les philosophes. Il fut l’Assistant du philosophe Paul Ricœur. Il va co-célébrer la messe avec le Grand-Prêtre. Macron, après avoir oublié des leçons sur la dimension dynamique de l’Histoire, apprises chez son Maître, l’auteur de Temps et récit, il s’est mis au service des Truands, dont il est maintenant le « Possédé », avec passion, aidé en cela par sa déroutante érudition philosophique qui s’effrite devant les enjeux colossaux, à savoir, les intérêts irrésistibles de la mère-patrie, la France.

Il a depuis renoncé à la lucidité qu’on lui connaissait à 21 ans, lorsqu’il fit son entrée dans l’intimité studieuse du philosophe des temps présents. Maintenant, il aspire à fabriquer les faits et à écrire l’histoire avec la cupidité compulsive propre aux impérialistes ; il oublie de se ressouvenir de la clarté du jugement de son Mentor, Paul Ricœur, qui lui enseignait ceci :

« Pour qui a traversé toutes les couches de configuration et de refiguration narrative depuis la constitution de l’identité personnelle jusqu’à celle des identités communautaires qui structurent nos liens d’appartenance, le péril majeur, au terme du parcours, est dans le maniement de l’histoire autorisée, imposée, célébrée, commémorée – de l’histoire officielle. La ressource du récit devient ainsi le piège, lorsque des puissances supérieures prennent la direction de cette mise en intrigue et imposent un récit canonique par voie d’intimidation ou de séduction, de peur ou de flatterie. Une forme retorse d’oubli est à l’œuvre ici, résultant de la dépossession des acteurs sociaux de leur pouvoir originaire de se raconter eux-mêmes » (La Mémoire, l’histoire et l’Oubli).

En lisant ce texte de Ricœur, on comprend que la procuration répugne aux philosophes, chez qui Macron fit ses classes. Mais, aurait-il oublié ces préliminaires phénoménologiques inculqués par Ricœur ? de quoi a-t-il souvenir ? De qui, finalement, Macron est-il la mémoire ?

Aujourd’hui, le Séducteur des amabilités de façade de Paris renoncera à philosopher, c’est-à-dire à dérouter ses interlocuteurs afin de forcer ceux-ci à se ressaisir et à approfondir, par eux-mêmes, toute la densité du réel.

Aujourd’hui encore, Macron fera son Blanc : il va troquer la cure de jouvence au sein des sous-préfectures néocoloniales contre l’amplification de notre mélancolie. Mais, soulignons-le bien, l’eucharistie organisée par Macron, c’est du folklore. C’est une dérisoire distraction suscitée par le Grand-Prêtre et ses ministrons, ces sacristains imbéciles (des gens sans substance et dépourvu de toute ambition) et heureux qui l’entourent, pour assurer la continuité de l’infamie qui prospère depuis un demi-siècle à la tête de notre État. 

Aujourd’hui, ce n’est donc pas un Sauveur qui est célébré : c’est un escroc, c’est-à-dire un cambrioleur des sentiments. C’est un lointain petit-fils qui sera magnifié par un grand-père insécure pour conjurer les échecs d’une progéniture encapsulée dans la fainéantise, le laisser-aller, la vantardise, la prétention, la drogue et le braconnage. 

II- Au cimetière de la Présidence : les enjeux de l’eucharistie du 25 juillet 2022 

Aujourd’hui, c’est l’eucharistie à Étoudi. L’eucharistie est une « action de grâces ». Pour l’Église, c’est le troisième sacrement, au travers duquel le peuple rend grâce au Père, par son Fils, dans l’Esprit saint, pour le don qu’il fit aux fidèles de sa vie. C’est la consécration du Chrétien… 

Aujourd’hui, c’est Emmanuel, le benjamin des enfants des dieux du brigandage françafricain qui sera célébré, et, à travers lui, on va honorer la prestigieuse France, avec ses idéologies néocoloniales, qui abuse des États indépendants et souverains, grâce à sa préséance diplomatique et ses atouts géopolitiques. Aussi sa venue n’est-elle pas, comme dans la croyance niaise et euphorique qui accompagne la Nativité sous les tropiques, en décembre, une occasion désespérée du rachat de nos « péchés ».

 L’avènement de ce fils adultérin de l’impossible amitié entre la France et le Cameroun n’est pas l’occasion choisie pour notre sanctification, le lavement divin de l’insensée maladresse que leurs dieux bien-aimés firent en nous créant au moyen de la transposition d’une part de leur souillure existentielle dans les terres africaines, en l’occurrence, au Cameroun. L’arrivée de ce nouveau-né de l’ambiance du pillage et de l’extermination des dernières survivantes épaves engendrées par les excréments de ces dieux humains en terre camerounaise renouvelle plutôt notre pacte avec la souffrance, la misère, la mort et la colère. 

Aujourd’hui, la visite de Macron, plus que jamais, est l’avènement d’une reproduction générationnelle au cœur de la françafrique : Marcon, le fils des dieux maudits de notre assujettissement et de la spoliation de l’Afrique, meurt avec ses scrupules philosophiques et démocratiques, pour faire prospérer les intérêts de la France, pour laisser vivre la pègre que nos ancêtres les Gaulois, ses pères, ses pairs dominateurs, ont instauré dans les colonies depuis avant le général de Gaulle. 

 Aujourd’hui, nous n’allons pas assister à une messe : nous observerons plutôt deux choses : d’abord, c’est à la poursuite de la saignée de notre Peuple que nous allons assister. L’offrande du sacrilège sera renouvelée. Le peuple vivra, médusé, à la sanctification espiègle (sans hauteur et sans gloire) de nos richesses pillées sous nos yeux, vandalisées et emportées dans des coffres-forts des dictateurs africains, les mallettes d’argent entre ceux-ci et leurs homologues français, les paradis fiscaux, la bourse, etc. 

Ce jour, l’enjeu de l’adoration est la sécurisation de la continuité de la paix des tueurs : le futur Président de la République sera consacré ! 

Ensuite, concomitamment, ce sera la mise en scène du déclenchement d’une nouvelle bataille pour l’émancipation de notre Peuple.

III- La nouvelle bataille de la dignité du peuple camerounais contre les imposteurs d’Étoudi

Nous sommes en guerre ! Deux camps sont aux prises : d’un côté, il y a des forces trans-étatiques d’exploitation et d’abrutissement des peuples, qui pillent en bandes organisées, suivant les libertés que leur confèrent leurs insolentes richesses accumulées pendant des siècles de rapines et de crimes, en complicité avec des pouvoirs politiques locaux ; d’un autre côté survivent des peuples qui déploient des énergiques du désespoir pour dégager la gigantesque main du Grand Capital de leur cou chétif. Nous nous livrons donc une lutte à mort, dont l’enjeu est, suivant le côté du rideau des hostilités auquel l’on se situe, l’émancipation des citoyens ou le maintien du Peuple dans l’asservissement, la prospérité ou la mort. 

Aujourd’hui, chacun doit répondre à cette question : à quel camp appartiens-tu ? En ce sens, les décisions que Biya et son gouvernement seront amenés à prendre lors de la visite d’Emmanuel Macron au Cameroun renforceront nos appartenances respectives. On saura, dans quelques mois, dans quelques années peut-être, qui est éligible au rayonnement historique transgénérationnel et qui est destiné à une damnation éternelle, banni à jamais de la mémoire collective. 

Aujourd’hui, une constante se dégage de nos observations critiques, en attendant le bilan : on n'est pas un bon Administrateur ou gouvernant efficace parce qu'on est beau, brun, affable ou posé. D'ailleurs, tout ce qui est considéré comme « posé » est ou mort ou mortel. C’est pourquoi, les philosophes ont théorisé, depuis Platon jusqu’à Eboussi Boulaga, qu’on ne peut prétendre gouverner démocratiquement une nation multiculturelle en recourant systématiquement à la suspicion, aux brimades, à la terreur et au crime.

Les penseurs convoquent d’ailleurs un concept qui s’impose à nous aujourd’hui, avec beaucoup d’acuité : l’éthique. Dans une conversation avec Yala Kisudiki, Eboussi Boulaga écrit : « Mais, dans l’éthique, on ne passe pas son temps à choisir entre le Bien et le Mal ; on choisit aussi entre ce qui empoisonne et ce qu’on peut assimiler : la vie consiste en un discernement vital entre l’utile et le nuisible, le bon et le mauvais » (Fabien Eboussi Boulaga). Du point de vue éthique donc, de l’éthique républicaine du commandement, en l’occurrence, qu’est-ce qui empoisonne actuellement notre peuple et qu’est-ce qu’il pourrait assimiler sans risque ? Qu’est-ce qui nous est avantageux et/ou nocif ? C’est de cette posture que l’on est fondé à réviser la responsabilité de l’Homme d’État en politique internationale et au plan intérieur.

IV- La responsabilité de l’Homme d’État en politique étrangère et au plan intérieur

Aujourd’hui, il est dans l’intérêt du Peuple de rappeler aux dirigeants ce qui suit : en tant qu’administrateurs, votre mission est de prévoir, de prévenir et d’anticiper sur les crises et les frustrations, pour éviter le pire.  Représenter l'État du Cameroun ne fait pas de vous le propriétaire des lieux. Vous vous abrutissez, au quotidien, en exigeant qu'on vous appelle « Patron », « Chef de terre », « Excellence », etc. Vous vous constitués, de fait, en d’insensibles abrutisseurs de vos administrés. Vos territoires de commandement deviennent ainsi de vastes déserts de pensée. 

Aujourd’hui, vu le contexte, le péché capital d’une administration publique consiste à recourir à l'intimidation et au musèlement systématique des population pour obtenir leur soumission à la Loi... L'administrateur n'est pas une hyène qui s'acharne sur l'intelligence, la volonté, le courage et toutes les capacités d’inventivité et de résilience des citoyens. Il en est le jardinier. J'insiste : l'administration territoriale n'est pas l'œuvre des hyènes ; c'est l'entreprise des Hommes et des femmes qui se dédient au quotidien à l’œuvre universelle de production, d’éclosion et d’enrichissement des modes de vie davantage stimulants et féconds ; ce qui favorise la concorde intergénérationnelle et la solidarité interculturelle. En un mot, votre valeur ultime est un sublime défi, celui d’engendré dialectique la culture...

Aujourd’hui, plus qu’hier, souvenez-vous que le Peuple est souverain. La souveraineté populaire a la rigide fécondité d’une noix de coco. L’ayant avalée goulûment (avec la gourmandise meurtrière de l’impunité que procurent les arrestations arbitraires, la prévarication, le pillage et les assassinats ciblés), le pouvoir politique s’imagine qu’il peut faire du Peuple (de la Noix de coco) qu’une bouchée et un déchet non recyclable. Or, son gros intestin de complicité et son postérieur abimé par ses trahisons répétées ne sont pas assez larges pour en dynamiter les énergies et les rejeter dans les latrines de la résignation. Au final, le pouvoir politique meurt toujours entre les mains des hommes et des femmes qui ont permis qu’il s’exerce et le peuple régénère de nouveau au cœur de sa sépulture asticotée.

 

Fridolin NKE

Expert en Discernement

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