L'Allemagne approuve la vente de chars à l'Ukraine, cédant à la pression.

Char d'assaut en théâtre opérationnel.

L’Allemagne a-t-elle vraiment décidé de livrer des char à l’Ukraine ?

Le gouvernement allemand a déclaré mardi qu’il allait livrer des chars anti-aériens à l’Ukraine après avoir subi de fortes pressions dans le pays et à l’étranger pour qu’il abandonne sa réticence à fournir des armes lourdes à Kiev.

La décision de fournir les chars « Gepard », qui proviennent des stocks de l’industrie de la défense allemande, a été prise lors d’une réunion à huis clos du gouvernement lundi, a déclaré la ministre de la défense Christine Lambrecht aux journalistes lors d’une conférence sur la sécurité en Ukraine sur une base aérienne américaine à Ramstein, en Allemagne. Il n’y a pas eu d’information immédiate sur le nombre de chars que l’Allemagne livrerait.

Cette annonce marque un changement notable pour le chancelier Olaf Scholz, qui, la semaine dernière encore, excluait d’envoyer des chars allemands en Ukraine, insistant sur le fait qu’il serait plus logique pour les pays de l’OTAN de donner à Kiev de vieux chars de l’ère soviétique déjà connus de l’armée ukrainienne. M. Scholz a promis que l’Allemagne enverrait alors à ces pays des chars allemands de remplacement.

Je trouve amusant de voir combien de personnes comprennent mal cette initiative. Tout d’abord, le Gepard (Cheetah) n’est pas un char d’assaut, car la tourelle est très peu protégée.

Il s’agit d’un système anti-aérien à courte portée (5 km) sur un châssis de char, utile contre les hélicoptères, les drones et les avions volant à basse altitude.

Le fait que Scholz ait décidé d’offrir ces systèmes, au lieu de véritables chars ou de véhicules d’infanterie blindés comme l’exigeaient les États-Unis et le parti camouflage-Vert, est une belle porte de sortie. Il garantit que les Ukrainiens ne seront pas en mesure de les utiliser avant la fin de la guerre.

Le système Gepard, avec ses deux canons de 35 mm, a plus de 50 ans mais a été modernisé deux ou trois fois. L’armée allemande a retiré son dernier exemplaire en 2010. Depuis, ils sont stockés.

Je m’en souviens bien de l’époque où j’étais dans la Bundeswehr. Alors que ma formation principale était celle d’artilleur sur un vrai char, le Leopard 1A3, deux personnes que je connaissais avaient été formées comme artilleurs sur le Gepard. Il y avait cependant une énorme différence. Il fallait 6 mois d’entraînement pour devenir un artilleur de char raisonnablement bon. Il fallait 12 mois, dont des centaines d’heures en simulateur, pour devenir un artilleur sur un Gepard. Le rôle de commandant nécessitait encore plus de formation.

Le système était excellent pour l’époque mais aussi très compliqué. Les deux radars ont différents modes pour différents usages. Il fallait utiliser le bon ou risquer d’attirer des contre-mesures explosives. La mise en route des systèmes de tourelle et la gestion de leurs différents modes d’erreur qui pouvaient se produire n’étaient pas faciles à gérer. Le châssis du char est également plus compliqué que celui d’origine. Il comporte un moteur supplémentaire qui alimente cinq générateurs électriques, deux transformateurs rotatifs Metadyne et un volant d’inertie pour gérer les mouvements extraordinairement rapides de la tourelle (2,5 secondes pour un tour de 360°).

Il y a probablement moins de dix personnes dans la Bundeswehr actuelle qui savent encore comment utiliser et entretenir un Gepard. Il y a donc peu de chances de trouver des équipages allemands pour les utiliser.

Si les Ukrainiens veulent vraiment utiliser ces systèmes obsolètes, ils devront former de nouveaux équipages pendant au moins un an. Sinon, ces canons seront inefficaces et peu utiles.

Mon intuition me dit qu’aucune de ces pièces ne sera jamais livrée. Les Suisses, qui ont fabriqué les canons et leurs munitions, y ont veillé :

La Suisse neutre a opposé son veto à la réexportation de munitions de fabrication suisse utilisées dans les chars antiaériens Gepard que l’Allemagne envoie en Ukraine, a déclaré le gouvernement mardi.

L’Allemagne a annoncé plus tôt sa première livraison d’armes lourdes à l’Ukraine pour l’aider à repousser les attaques russes, après des semaines de pression en Suisse et à l’étranger.

Le Secrétariat d’État suisse à l’économie (SECO) a confirmé une information du radiodiffuseur SRF selon laquelle il avait empêché l’Allemagne d’envoyer des munitions pour le char Gepard à l’Ukraine.

Le chancelier Scholz savait probablement tout cela. L’offre de Gepard est un moyen sûr de relâcher la pression exercée sur lui pour qu’il envoie des armes en Ukraine. Il s’agit de l’offre d’un système qui ne peut pas être utilisé dans le délai de la guerre et pour lequel il ne peut pas livrer les munitions spécialisées nécessaires.

Y a-t-il encore des Lockheed F-104 Starfighter dans les entrepôts allemands ? Si oui, ces cercueils volants devraient être proposés ensuite.

Source: Moon of Alabama – 27 avril 2022

Traduction: arretsurinfo.ch

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