Gabon / Football - Incarcération de PAM: une remise en liberté avortée, un juge absent, les dessous d’une détention préventive placée sous le sceau de l’ambiguïté

Le placement en détention préventive du président de la Fédération gabonaise de football après son passage devant le juge d’instruction soulève plusieurs interrogations du fait de la procédure cavalière, presque sur mesure mise en place pour envoyer à son corps défendant Pierre Alain-Mounguengui (PAM) en séjour à Gros Bouquet.
Le controversé président de la Fégafoot, Pierre-Alain Mounguengui. ©Dépêches241

Au terme d’une audition prolongée  de 6 jours à la Direction Nationale de la Contre Ingérence et de la Sécurité Militaire communément appelé B2, Pierre Alain Mounguengui a été placé en détention préventive à la prison centrale de Libreville. Un placement en mandat né d’une procédure pour le moins exceptionnelle qui au passage consacre l’idée que tout est fait pour éloigner autant que faire se peut l’homme de la Fegafoot. 

Il ressort des faits, sur la base des éléments recueillis par un confrère sur place, que la décision d’envoyer l’actuel patron du football gabonais à Gros Bouquet s’est faite de façon curieuse en raison de la procédure dont a fait usage le parquet de la République. « Le juge numéro 8 a été choisi, une dame selon certaines informations, cette dernière aurait tout simplement lu le droit et aurait par la suite décidé de libérer Pierre-Alain Mounguengui, car n’ayant pas eu des éléments à charge contre le concerné », souligne notre confrère. 

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Ce dernier d’ajouter que constatant que l’épilogue de cette affaire qui se conclut par la remise en liberté de Pierre Alain Mounguengui n’arrangeait manifestement la main noir et les complotistes, il a été décidé de façon exceptionnelle de transmettre le dossier à un autre juge qui lui n’est pas présent sur le territoire. « A la suite de cela, l’affaire lui aurait été retirée et confiée au doyen des juges (numéro 1). Cependant, le juge en question ne se trouvant pas sur le territoire national  en séminaire à l’étranger, Pierre-Alain Mounguengui a donc été placé sous mandat de dépôt puisque ne pouvant plus repartir au B2 », a-t-il révélé. 

Des pratiques d’un autre temps, qui font clairement émerger et présumer l’idée selon laquelle dans cette affaire, la recherche de la vérité a clairement été reléguée au second plan, et que seule compte désormais la mise hors d’état de nuire de PAM même s’il faut violer de façon flagrante les lois de République. Sinon comment comprendre que Pierre Alain Mounguengui ait été incarcéré à la Prison centrale de Libreville, pour la seule raison que le juge était hors du pays? Était-ce le seul capable de vider la substance de cette affaire ? Autrement, pourquoi de la même façon que le premier juge a été dessaisi de l’affaire, un autre n’aurait pas pu être désigné pour statuer séance tenante sur ce dossier, qui commence à faire tâche ? 

En vertu des dispositions légales, l’article 3 du code de Procédure Pénale nous apprend que « Toute personne est présumée innocente tant que sa culpabilité n’est pas établie ». 

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Mieux, « la détention préventive étant une mesure exceptionnelle » selon l’article 132 du code précité en ce sens qu’au regard de la loi, « la liberté étant la règle », Pierre Alain Mounguengui aurait dû être remis en liberté sous condition telle que le contrôle judiciaire ou l’assignation à résidence. Et ce encore d’autant plus que, comme l’a déclaré son conseil, le président de la Fegafoot a présenté toute les garanties de représentativité devant la justice comme le commande l’article 137 alinéa 3. 

Si certains s’interrogent encore sur la teneur et les enjeux de cette affaire, en ce qu’elle n’a plus aucun rapport avec le scandale de pédocriminalité, ils ont la réponse grandeur nature dans cette attitude qui ne grandit pas la justice gabonaise. Une attitude qui ne plaide pas en faveur de son indépendance et de son impartialité et qui par-dessus tout, foule au pied les instructions du président de la République, Ali Bongo Ondimba, lequel avait souhaité que toute la lumière soit faite sur cette affaire de pédocriminalité, qui porte atteinte à l’image du Gabon sur la scène internationale.

Pharel BOUKIKA, Directeur de publication de Dépêches 241.

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