Projet Plateforme Urbaine au Cameroun : une campagne d'éducation environnementale pour une gestion durable des déchets
Le projet Plateforme urbaine au Cameroun propose un ambitieux programme d'éducation environnementale dédié à la gestion des déchets solides dans les collectivités territoriales décentralisées. Avec plus de 600 personnes déjà impactées, ce projet pilote — le premier du genre dans la sous-région — appelle à un engagement citoyen collectif pour l’hygiène et la salubrité, essentielles à la préservation de l’environnement, de la santé et à l’attractivité économique des villes.
Lancement officiel de la campagne
Dans une ambiance conviviale animée de prestations scéniques, poèmes et sketchs appelant à un meilleur rapport aux déchets, la campagne de sensibilisation et d’éducation à la gestion adéquate des ordures a été officiellement lancée le 8 décembre 2025 au Groupe des écoles publiques de Nfandena, dans l’arrondissement de Yaoundé 5e.
Cette initiative financée par l’Union européenne et mise en œuvre sous la tutelle du Ministère de l’Habitat et du Développement urbain, en partenariat avec plusieurs organismes internationaux, vise l’amélioration des politiques publiques d’aménagement du territoire pour des villes durables. Cela passe par le renforcement des mécanismes de gestion territoriale, de la planification urbaine ainsi que par l’amélioration des connaissances grâce à la mise à disposition de données intégrant les enjeux d’inclusion et de résilience.
La Plateforme urbaine figure parmi les initiatives les plus structurantes en matière de planification, d’innovation et de gouvernance locale.
Un engagement institutionnel fort
La présence de Madame la Ministre, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Éducation de base, co-présidant l’événement, témoigne de la volonté de travailler ensemble. L’objectif : réunir tous les acteurs autour de la transformation durable des pratiques, notamment dans la gestion des déchets et la promotion de l’économie circulaire.
En plaçant les élèves au cœur de cette campagne, le projet s’inscrit dans une vision à long terme fondée sur l’éducation, la responsabilité citoyenne et la transmission des valeurs environnementales. Il vise également à trouver des solutions durables au problème des ordures ménagères, en collaboration avec les communes et communautés urbaines.
La cérémonie s’est déroulée en présence du Maire de Yaoundé 5, Augustin Mballa, des chefs traditionnels, des leaders associatifs et des partenaires techniques et financiers du PUC.
Un prolongement des États généraux sur les déchets urbains
Il y a quelques mois, le Cameroun organisait, sous l’égide du Ministère de l'Habitat et du Développement urbain et du Ministère de la Décentralisation, les États généraux sur la gestion des déchets urbains. Ceux-ci avaient abouti à l’adoption d’une feuille de route engageant tous les acteurs du secteur.
La campagne actuelle s’inscrit donc dans la continuité de cette rencontre nationale. Les ateliers de sensibilisation constituent la première phase opérationnelle de mise en œuvre des recommandations adoptées.
Une première phase axée sur écoles et communautés
Pour cette première phase, le projet cible 21 organisations de précollecte, des comités de développement de quartier ainsi que 6 établissements publics d’enseignement primaire.
L’école, espace essentiel de socialisation et de transmission des valeurs, joue un rôle clé dans la transformation durable des comportements, en permettant d’ancrer dès le plus jeune âge les pratiques de tri, de gestion des déchets et de respect de l’environnement.
Forte de cette vision, Célestine Ketcha Courtès lance un appel à la mobilisation :
"J’en appelle ici à la mobilisation de tous, car la gestion des déchets n’est pas l’affaire d’une seule personne ou d’un seul secteur... Le leadership des autorités locales est essentiel pour faire de cette initiative un modèle reproductible dans les 360 communes que compte notre pays."
Le point culminant de la cérémonie fut la remise des matériaux de collecte au Maire de Yaoundé 5 pour le déploiement du projet dans les quartiers.
Un projet à multiples composantes
Financé par l’Union Européenne à hauteur de 4,9 millions d’euros, le projet s’étend sur une première phase de quatre ans.
Il anime la plateforme nationale des acteurs de l’urbain, réunissant 68 institutions qui co-gèrent et co-décident pour assurer une cohérence globale du secteur. Véritable instrument de démocratisation de l’information, la plateforme renforce la redevabilité territoriale.
Un guide pédagogique national a été élaboré pour aider les collectivités à déployer des programmes d’éducation environnementale, avec des outils reproductibles et faciles à mettre en œuvre.
Des résultats concrets sur le terrain
L’activité présentée à Yaoundé 5 illustre parfaitement la philosophie du projet : passer de la théorie à la pratique, outiller les acteurs locaux et assurer la diffusion des bonnes pratiques.
Les équipes continuent de déployer :
-
28 ateliers pratiques dans les comités de quartiers
-
6 cycles complets d’écoles pilotes
-
Une sensibilisation ayant déjà touché 600 habitants, et bientôt près de 10 000 élèves et enseignants
Les premières observations montrent :
-
une réduction visible des déchets jetés dans la nature
-
un début de tri entre déchets organiques et inorganiques
-
une meilleure compréhension du cycle des déchets
-
l’adoption de gestes simples de salubrité
Pour maintenir cette dynamique, le projet a offert 14 composteurs aux comités de développement pour encourager le compostage domestique et scolaire.
Les ateliers ont également permis d’identifier les filières locales de valorisation (plastique, fer, papier, compost), ouvrant la voie à des partenariats entre communes, opérateurs privés et associations communautaires.
Du matériel pour soutenir les initiatives locales
Pour renforcer la précollecte, le projet a distribué :
-
120 poubelles de tri aux écoles de la commune
-
De quoi créer 5 points de tri par groupe scolaire
-
12 cages de récupération de bouteilles, installées dans les écoles et les quartiers
-
50 bacs à ordures offerts par l’entreprise locale de collecte des déchets
Vers de nouvelles micro-économies locales
Au-delà de la sensibilisation, cette démarche ouvre la voie à de véritables microéconomies :
-
Le plastique collecté peut générer de petites ressources pour les écoles
-
Le compost issu des biodéchets peut fertiliser les jardins scolaires, faisant de l’école un laboratoire de transformation
Car, comme le dit le slogan :
« Les ordures sont de l’or qui dure ».






