Lutte contre la polio dans la sous-région : 6,7 millions d’enfants visés par la campagne de vaccination au Cameroun
La riposte cible particulièrement la couverture des populations autochtones, des nomades, des réfugiés et des déplacés internes.
Face à la résurgence de l’épidémie de polio, le Cameroun organise, du 24 au 27 octobre 2024, les Journées nationales de vaccination de riposte contre la poliomyélite. La campagne cible les enfants de 0 à 5 ans qui recevront deux gouttes de vaccin contre la poliomyélite dans la bouche. Seront aussi rattrapés, ceux âgés de 0 à 59 mois ayant manqué un ou plusieurs rendez-vous de leur calendrier de routine. La riposte, qui vise 6,7 millions d’enfants sur le territoire camerounais, s'organise de manière synchronisée avec plusieurs pays voisins où, la surveillance épidémiologique renseigne sur la présence du variant poliovirus de type 2.
En effet, dans un communiqué rendu public par le ministre camerounais de la santé publique, Dr Manaouda Malachie, il apparaît que « les États du bassin du Lac Tchad et du Sahel (Cameroun, Nigéria, République centrafricaine, Tchad, Niger), organisent le premier tour de campagne de vaccination de riposte à l’épidémie de poliovirus variant type 2, confirmé dans la sous-région grâce à la surveillance épidémiologique transfrontalière des maladies évitables par la vaccination.»
Les États du bassin du Lac Tchad et du Sahel ont ainsi entrepris de conjuguer leurs efforts en vue d’éradiquer de la sous-région la poliomyélite qui, selon les spécialistes de la santé, est une maladie qui se transmet par l’ingestion d’eau ou d’aliments souillés. Il est à noter que sa transmission est plus courante dans les environnements où les conditions d’hygiène ou d’assainissement sont insuffisantes.
Poliovirus, tueur silencieux
« Il n’existe aucun traitement curatif contre la poliomyélite. Le moyen le plus sûr et efficace pour préserver la santé des enfants contre cette maladie reste la prévention par la vaccination » fait-on savoir au Programme élargi de vaccination dans un visuel largement partagé sur les réseaux sociaux en guise de communication pour ces Journées nationales de vaccination de riposte contre la polio.
C’est un secret de polichinelle, dans ses formes graves, la poliomyélite paralyse et peut entraîner la mort. Le Pr Suzanne Sap, pédiatre en service au Centre mère et enfant de la Fondation Chantal Biya à Yaoundé, dont l’avis a été recueilli par le Programme élargi de vaccination, est formelle : « la poliomyélite est une maladie handicapante. Elle est pourvoyeuse de nombreux handicaps pour les enfants et même de décès. » Elle poursuit qu’il est « important que toute la communauté soit protégée et, en acceptant de vacciner votre enfant, vous le protégez en même temps que vous protégez la communauté. »
Combattre la désinformation et les idées reçues
Pour atteindre ses objectifs, le ministère camerounais de la santé publique se doit, en même temps, de mener une bataille ardue contre la désinformation et les clichés véhiculés sur la vaccination. Les couches vulnérables particulièrement concernées par cette campagne sont prioritaires. C’est la tâche à laquelle s’attèlent les mobilisateurs sociaux avant le passage des équipes de vaccination dans les quartiers et les villages les plus reculés et les plus enclavés du pays où, de fortes colonies de populations autochtones, nomades, réfugiés et déplacés internes restent très souvent privés de soins de santé de base.
Une tournée de terrain effectuée dans des zones à forte concentration humaine dans les villes de Yaoundé (Centre), Douala (Littoral) et Kribi (Sud) laisse conclure que le message de la vaccination qui sauve des vies est davantage bien perçu par les familles.