Eudoxie Douya aux commandes de l’ASAC : une nouvelle ère pour le marché camerounais de l’assurance

Son arrivée à la tête du patronat des assureurs intervient alors que le secteur doit à la fois consolider ses performances financières et élargir sa base de clients. Élue courant novembre 2025 à Douala, Eudoxie Douya devient la nouvelle voix d’un marché qui pèse déjà plus de 150 milliards de FCFA de chiffre d’affaires au premier semestre 2024, mais reste marginal dans l’économie nationale. À la tête d’une jeune compagnie et rompue aux contraintes d’un marché concurrentiel, elle incarne un profil tourné vers l’innovation et la professionnalisation des pratiques.

Un secteur encore sous-exploité

Malgré une progression de plus de 5% en un an, le taux de pénétration de l’assurance au Cameroun demeure faible, avec une couverture encore limitée des ménages, des PME et de nombreux risques publics. Les données de l’ASAC montrent par ailleurs un marché concentré, dominé par une poignée de grands acteurs sur la branche non-vie, ce qui pose la question de la compétitivité et de l’inclusion de nouveaux profils de clientèle.

Les grands chantiers prioritaires

Le nouvel exécutif hérite de dossiers structurants déjà identifiés par ses prédécesseurs : lutte contre la fraude (attestations, sinistres fictifs), assainissement du marché et respect des règles prudentielles. S’ajoutent la mise en œuvre effective des assurances obligatoires prévues par la loi – notamment dans les marchés publics et les grands chantiers – et la création de nouveaux produits obligatoires liés à l’éducation, aux bâtiments recevant du public ou à la santé.

Réconcilier assurés et assureurs

La question de l’image du secteur reste centrale, entre méfiance des assurés et lenteur perçue dans le règlement des sinistres. Le bureau Douya est attendu sur une meilleure transparence des pratiques, une communication pédagogique et une réduction des délais d’indemnisation pour crédibiliser l’assurance comme véritable outil de gestion des risques.

Un agenda macroéconomique

Au-delà des enjeux corporatistes, l’ASAC est appelée à jouer un rôle plus visible dans le financement de l’économie, en orientant davantage les primes collectées vers des investissements productifs et de long terme. Dans un contexte de besoins massifs en infrastructures et de pression sur les finances publiques, la capacité du nouvel exécutif à dialoguer avec le gouvernement et le régulateur sera déterminante pour faire de l’assurance un levier de croissance inclusive.