Développement local à Santchou : la guerre larvée pour la réalisation de Sanzo industries

GRAND REPORTAGE. Ce que l’on sait de la réunion d’informations et de sensibilisation de ce projet controversé.

À Mboukok, village de plus de 12Km de large situé dans l’arrondissement de Santchou région de l’Ouest-Cameroun se trouve depuis plusieurs années déjà mêlé à une bataille entre deux camps. Le plus important qui s’oppose à la réalisation du projet de société agro-pastorale Sanzo industries. C’est donc dans cette localité que Walter Bidjel Honoré, nouvellement installé sous-préfet de Santchou, a décidé de descendre sur le terrain ce jeudi 11 juillet à l’effet dit-il pour que les populations lui disent “la vérité” au cours d’une réunion d’informations et de sensibilisation tenue à l’esplanade de l’école maternelle publique de Mboukok. L’objectif étant de rencontrer tout le village Mboukok et de regrouper le groupement Sanzo. « C’est moi qui vais défendre vos intérêts à la haute hiérarchie », s’adresse Walter Honoré Bidjel, sous-préfet de Santchou, aux villageois. Faisant face à de nombreux problèmes de sa population, le promoteur du projet Sanzo industries par ailleurs chef du village Mboukok, Sa Majesté Narcisse Kounhoua au cours de son intervention, fait étalage du bien-fondé de l’installation de Sanzo industries dans son territoire qui se veut selon lui “fédérateur” et qui va nécessiter de l’activité sur cinq départements voisins à celui de la Menoua où le projet compte s’implanter. S’y opposer à sa réalisation apparaît comme un “péché”, ajoute-t-il. Apprend-on également et qui ferait partie du plan communal de développement de l’arrondissement de Santchou représenté au cours de cette séance d’informations et de sensibilisation par le maire de la commune éponyme. « Ce qui développe nos populations nous tient à cœur », déclare François Ngoubene, maire de Santchou.


« Ma descente m’a permis dans un premier temps d’informer aux populations les objectifs de la société Sanzo industries. Ensuite, de recueillir les doléances des populations. Au terme de ces échanges, nous pouvons retenir que 90% des populations disent non au projet pour des raisons que chacun peut justifier. C’est la raison pour laquelle, de commun accord, j’ai demandé que les 10% de la population restants puissent collaborer avec le promoteur pour que notre arrondissement ne puise pas perdre un tel projet salvateur qui va développer et offrir des emplois aux jeunes. Après le départ de la Sodérim (Société de développement de la riziculture dans la plaine des Mbô, NDLR), Santchou n’a plus de société. Ce projet à caractère social allait permettre aux populations de pouvoir trouver de quoi vivre », estime Walter Honoré Bidjel, sous-préfet de Santchou. Pour Sa Majesté Narcisse Kounhoua, chef de Mboukok qui pense que le véritable problème se trouve “ailleurs”, c’est un premier pas franchir vers l’investissement de Sanzo industries dans son village. « Personne ne peut nous empêcher de venir investir chez nous. On n’a pas besoin de construire une unité de production sur tout le village. S’il n’y a que 10% de l’espace disponible, pour nous c’est largement suffisant pour implanter notre unité de production et mettre notre champ sémencier parce que le village est suffisamment étendu. Ça nous fait plutôt plaisir qu’il y ait eu cette sensibilisation pour montrer le bien-fondé de la promotion de la culture du manioc pour le produire et transformer en amidon », tire de son côté S.M. Narcisse Kounhoua, promoteur de Sanzo industries.

S.M. Narcisse Kounhoua, promoteur de Sanzo industries face à la presse.

Ce que l’on reproche aux porteurs du projet

Ces raisons se trouvent du côté de la majorité non favorable à l’implantation de Sanzo industries à Mboukok comme cet habitant de 58 ans. « Le chef prend sa famille et la couronne pour détruire le village. Il est déjà venu maintes fois avec des projets qui ne sont jamais réalistes. C’est pourquoi nous avons peur et disons non au projet Sanzo industries parce qu’à la fin, ce sera une vente de terrain », affirme Sieur Éboulè. Une déclaration suivie par plus d’un. « Tantôt on nous parlait de mines et aujourd’hui on vient nous parler de manioc. Or, si tel était le cas, le domaine privé de l’État que la Sodérim avait laissé existe. Le manioc a besoin d’éclairage. Quel est ce manioc que l’on veut aller cultiver en forêt en arrachant les champs des gens ? Et surtout les tombes de nos parents et plus précisément les lieux sacrés ? », défend Marcelin Assoua, notable Mboukok.


En dépit des remous observés et des conclusions tirées de la réunion d’informations et de sensibilisation présidée par le sous-préfet des Santchou, Sa Majesté Narcisse Kounhoua, promoteur de Sanzo industries, se dit plutôt optimiste et de faire « le petit bonhomme de chemin avec les 10% ».

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