Cameroun - Développement participatif : Un avenir mis sous le signe d'une fermeture et d'une mue pour le PNDP
La mise des clés sous le paillasson du PNDP (Programme National de Développement Participatif), organisme gouvernemental d'appui et d'impulsion du développement local et des communes, pourrait être actée en 2023. C'est une information que l'on tient des déclarations de la Coordinatrice Nationale de ce programme, Marie Madeleine Nga, sur les antennes de la chaîne audiovisuelle nationale à capitaux publics Crtv, en date du 28 avril 2022.
"Nous ne sommes pas tombés en faillite. Nous n'avons pas fermé à la va-vite parce qu'il y a une situation d'urgence. Mais véritablement, il est question de clôturer les financements jusqu'à échéance [...] à la fin du premier semestre 2023", a expliqué la Coordinatrice nationale du programme, Marie Madeleine Nga.
Cet état de faits se justifie par le retrait de la Banque mondiale, financier majeur du programme depuis sa création par le gouvernement camerounais en 2004. De sources dignes de foi, il n'a jamais été question d'une pérennisation des charges et du statut du PNDP, et ce, dès sa création. En effet, depuis 2012, la dynamique de la transformation du PNDP ou de la création d'une autre entité étatique ayant la mission de mener à bien les charges dévolues au PNDP est en œuvre. Ainsi, la question la plus prégnante et pertinente est celle de savoir si le PNDP a donc atteint ses objectifs et rempli son cahier de charges et de missions, à savoir : l'aide à la conduite du processus de passation des marchés dans les municipalités rurales; la construction et la maintenance des infrastructures ; le recrutement de personnels qualifiés; la reddition des comptes, etc.
Absence de mesures concrètes de transformation du PNDP
En dépit de l'amorce de la constitution du dossier de transformation du PNDP en une agence étatique du développement local dès 2012, la démarche est restée infructueuse. En effet, après nombre de tractations et réunions administratives au sommet de l'État, le décret abouti de transformation du PNDP se fait toujours attendre.
La fin aura pourtant été plus heureuse sur la même problématique pour le FEICOM (Fonds spécial d'Équipement et d'Intervention InterCommunal), qui se verra transformer en banque de financement des CTD (Collectivités Territoriales Décentralisées) par une instruction de la Présidence de la République au Secrétariat permanent de la réforme administrative.
C'est donc au regard de ce contexte qu'en 2016, la Banque Mondiale consent un 3e programme de financement du PNDP appelé "phase de consolidation et de pérennisation" pour un échéancier de 4 ans. En 2020, au terme de cet échéancier, la Banque Mondiale a accordé une rallonge de crédits jusqu'en 2022 au PNDP en raison de l'accueil par le Cameroun d'un flux important de réfugiés. Dans cette démarche, le dessein de la Banque Mondiale est de faciliter la mise sur pied d'une forme consolidée, étatique et pérenne du PNDP.
Qu'est appelé à devenir le PNDP ?
De sources dignes de foi, 3 options ont été envisagées dans les débats au sein du groupe interministériel consacré au brainstorming de la mue du PNDP, à savoir : une fusion-absorption du PNDP par le FEICOM; la création d'une agence nationale de développement local ; la répartition des actifs et acquis du PNDP entre diverses structures (NASLA, FEICOM,BUNEC, etc) sous la tutelle du ministère en charge du développement local.
"À la Primature, une réunion présidée par le secrétaire général adjoint avait demandé que les missions de l'agence soient recentrées et qu'on veille à ce qu'il n'y ait pas de doublons avec le travail fait par un organisme déjà existant. C'est ainsi que le dossier a été enrichi et transmis par courrier de la Primature à la Présidence de la République. Le dossier est à présent en étude au Secrétariat général où les études se poursuivent en écoutant les arguments du Directeur général du FEICOM et ceux du PNDP", a révélé une source à Investir au Cameroun.
Bilan des 18 ans d'activité du PNDP
Le PNDP déclare la mise en œuvre de 7000 projets pour une création de 10.000 emplois. Le volume des financements reçus pour ce faire aura été à date de 188,1 milliards de francs CFA, dont 98,1 provenant de l'Agence Française de Développement (AFD), et 90 de la Banque Mondiale.