État de la démocratie au Cameroun, la crise perdure et la société civile propose une alternative citoyenne

A l'occasion de la Journée internationale de la démocratie, la société civile camerounaise était réunie à la Bourse du travail de la centrale syndicale du secteur public, pour un état des lieux de la démocratie au Cameroun et proposer aux acteurs politiques la mise en des états généraux de la nation pour une refondation nationale.

Chaque 15 septembre le Cameroun se joint à la communauté internationale pour commémorer la journée internationale de la démocratie. Institué par les nations unies c'est un appel aux nations de prendre le pool de l'effectivité de la démocratie dans les différents pays le but étant d'encourager les gouvernements à renforcer et consolider la démocratie. 

 

Comme à l'accoutumée plusieurs organisations de la société civile se sont réunies à la bourse du travail de la centrale syndicale du secteur public à Yaoundé ; autour de la table les représentants de. la centrale syndicale du secteur public, la coalition Tournons la page Cameroun, Dynamique Citoyenne et la JEURAC entendu Jeunesse Rurale Active et les représentants des syndicats de travailleurs.

 

Placé sous le thème : présidentielle 2025 quelle solution pour le changement que réclamant les camerounais ? les états généraux de la nation, Jean Marc BIKOKO dressait un état des lieux de la démocratie et présentait la proposition des OSC Camerounais, son importance et son processus de mise en œuvre.

 

Le Cameroun se trouve à un tournant critique de son histoire. À l'approche de l'élection présidentielle prévue le 12 octobre prochain, selon le président de la centrale syndicale du secteur public l'on assiste à un spectacle désolant, mais malheureusement familier.

 

D'un côté, des promesses électorales qui passent sous silence les causes profondes du malaise qui gangrène notre nation, et de l'autre, une effervescence politique qui hélas, ne parvient plus à masquer l'essentiel – à savoir, la perte de confiance du peuple camerounais envers un processus électoral devenu au fil des décennies, une simple routine institutionnelle sans véritable portée transformatrice. La plupart des candidats ne proposant que des solutions superficielles à des problèmes systémiques et profonds.

 

En effet, la démocratie Camerounaise est en crise. Depuis l'institutionnalisation du suffrage universel comme mode de légitimation et de dévolution du pouvoir en 1957, la transmission du pouvoir politique n'a pratiquement jamais respecté les prescriptions constitutionnelles. Elle est de plus en plus influencée par des mécanismes et dispositifs maffieux et des procédés illégaux, révélateurs d'une volonté manifeste de confiscation du pouvoir par des clans et réseaux totalement illégitimes, à des fins personnelles.

 

L’élection présidentielle du 12 octobre 2025 censées être un moment important de la vie de la Nation, un moment où le Peuple Souverains exprime ses choix et aspirations, a plutôt été transformées en rituels sans substance, ne pouvant offrir ni « alternance » ni « alternative ». Derrière les discours de campagne essentiellement politiciens, truffés de promesses superficielles voire fallacieuses, les causes profondes des nombreux maux qui freinent le développement de notre pays sont soigneusement éludées.

 

L'État camerounais, fondamentalement structuré selon les logiques coloniales et néocoloniales, reste figé dans un modèle de gouvernance centralisée, opaque, obsolète et inadaptée. Raison pour laquelle le régime UCUN/CRDPC au pouvoir depuis 1958 ignore royalement les réalités et aspirations des diverses communautés qui composent notre pays. Dans le contexte actuel où l’économie est confisquée par une poignée d’individus, et où la justice instrumentalisée et aux ordres fonctionne à deux vitesses, le régime au pouvoir est totalement responsable des profondes fractures sociales, politiques, économiques et culturelles qui affaiblissent le Cameroun.

 

Face à ce constat d’échec aux allures d’impasse, Il est plus que jamais temps de rompre avec la mascarade électorale actuelle et d'envisager un nouveau départ, afin de refonder et réengager la construction du Cameroun, sur des bases saines, inclusives et justes. La présidentielle du 12 Octobre 2025 constitue donc une opportunité pour impulser une nouvelle dynamique capable de prendre en compte les spécificités des différentes communautés qui aspirent à un avenir radieux, et de garantir le bien-être de tous les citoyens.

 

Pour ce faire, nous, représentants des organisations de la Société Civile militante et des organisations communautaires, les intellectuels, les artistes, les syndicalistes, les jeunes, les femmes et les citoyens engagés : Disqualifier de l'élection du 12 Octobre 2025, tous les candidats qui ne proposent pas une véritable alternative aux citoyens, c'est-à-dire qui ne prennent pas en considération les aspirations profondes, les préoccupations et attentes des populations camerounaises.

 

Par la voix de Jean Marc BIKOKO, Les OSC réunis à la bourse du travail de la centrale syndicale du secteur public refusent d’être complices de la mascarade en perspective car, un simple changement de personne à la tête de l'État ne saurait constituer la solution aux problèmes actuels des Camerounais.

 

Il ne s'agit donc pas de changement d’homme à la tête de L'état, mais plutôt de l'avènement d’un nouveau système gouvernant ; Lancent un appel solennel aux différents candidats à la Fonction de Président de la République du Cameroun, afin que chacun prenne formellement et officiellement position pour la refondation de la nation.

 

Le Cameroun a plus que jamais besoin, non d'une simple alternance de visages, mais d'une véritable alternative citoyenne. Les candidats patriotes et républicains, à la présidentielle sont appelés à prendre un engagement ferme pour l'organisation des « États Généraux de la Nation », seul cadre légitime et inclusif pour repenser ensemble les fondements institutionnels, économiques, sociaux et culturels de notre pays.

 

Les états généraux de la nation

 

Au regard du tableau peu reluisant du processus de démocratisation en cours et de l'état de la gouvernance publique au Cameroun, l'effervescence politique actuelle, bien que légitime masque une réalité fondamentale. L'élection présidentielle du 12 octobre 2025 ne saurait en l'état, répondre aux urgences structurelles, historiques et sociales qui minent notre Nation.

 

Encore moins serait-elle en mesure de transformer le destin des populations camerounaises.

La seule issue de sortie pour repositionner notre cher et beau pays sur la voie du développement c'est la refondation de l'état qui, de notre point de vue, passe impérativement par les Etats Généraux de la Nation, à organiser dans les meilleurs délais par le candidat qui sera déclaré vainqueur de cette élection.

 

Les citoyens engagés dans l’action militante au sein de la société civile exigent la refondation du Cameroun pour les raisons suivantes :

  • Le Cameroun a été créé par les puissances coloniales et pour leurs intérêts, sans consultation des différentes communautés qui y vivaient. Et jusqu'à ce jour, aucun contrat social n’a été établi entre les gouvernants à la solde des puissances étrangères et les citoyens ;
  • Les institutions de L'état du Cameroun ne sont pas le reflet de la volonté du Peuple, mais juste de simples instruments au service d'un pouvoir éloigné et déconnecté des réalités vécues par les populations ;
  • Le système politique actuel exclut, marginalise et oppresse, au lieu de fédérer, représenter et protéger ;
  • Les jeunes, les femmes, les personnes du 3e âge, les peuples autochtones, et les membres de la diaspora continuent d'être relégués au rang de figurants dans la construction de notre avenir commun ;

 Les questions fondamentales telles que la justice sociale, la décentralisation réelle, la reconnaissance de la diversité culturelle et linguistique, la redistribution équitable des richesses, ainsi que les transitions écologique et démocratique sont systématiquement absentes des débats politiques. Les états généraux de la nation devront donc être un espace de dialogue participatif, inclusif et souverain où toutes les composantes de la société communautés traditionnelles, organisations citoyennes, partis politiques, organisations syndicales, confessions religieuses, universitaires, diasporas, etc., pourront s'exprimer librement et repenser collectivement le Cameroun, pour un nouveau contrat social.

 

Ils devront être organisés par un Comité National mis en place par le Président de la République à cet effet et composé ainsi qu il suit :

  • Les représentants du Gouvernement en exercice désignés par le Président de la République ; Les représentants des partis politiques désignés par leurs pairs ;
  • Les représentants des mouvements confessionnels désignés par leurs pairs ; Les représentants des organisations syndicales désignés par leurs pairs ;
  • Les représentants des OSC désignés par leurs pairs ; Les représentants des différentes corporations désignés par leurs ordres respectifs (Avocats, Médecins, Architectes, Experts-comptables, etc.) ;
  • Les représentants de la chefferie traditionnelle élus par les pairs ;
  • Les représentants du secteur privé élus ; 
  • Les représentants des professionnels des médias élus ;
  • Etc.;

 Le processus devra suivre une dynamique ascendante et se dérouler selon le principe bottom-up (de la base au sommet). Les concertations devront débuter au niveau des quartiers et villages entre les représentants des différents corps sociaux. Les délégués des quartiers et des villages devront se retrouver au niveau communal, les délégués communaux devront se retrouver au niveau départemental, les délégués départementaux se retrouveront au niveau régional et les délégués régionaux au niveau national.

 

Le succès des états généraux de la nation nécessite absolument la mise en place d’un gouvernement de transition, limité à une vingtaine membres, composé essentiellement de technocrates issus des différents corps sociaux et désignés par leurs pairs selon la configuration suivante :

  • Les représentants du Gouvernement actuel, les représentants des Organisations de la société civile,
  • les représentants des partis politiques,
  • les représentants des confessions religieuses,
  • les représentants de l’autorité traditionnelle, les représentants des travailleurs (syndicats),
  • les représentants du secteur économique (patronat), tous nommés par le Président de la République.

 

Les États Généraux de la Nation doivent avoir pour objectifs de :

  • Permettre aux différentes communautés de reconstituer leur histoire, consolider leurs fondations et revaloriser leurs traditions et cultures ;
  • Poser un diagnostic sans complaisance de la crise systémique qui secoue notre pays ;
  • Définir les bases d’un nouveau contrat social, fondé sur la justice, légalité, la transparence et la participation citoyenne ;
  • Revoir la structure de l’Etat du Cameroun (Réformer l'État), pour la rendre plus représentative et plus proche des populations, en tenant compte des réalités culturelles et historiques ;
  • Engager un processus de refondation des institutions (un système politique) pour une gouvernance démocratique, qui garantisse une réelle participation citoyenne et une décentralisation effective, pluraliste et respectueuse des droits humains;
  • Construire une économie inclusive (Redéfinir le modèle de développement) qui bénéficie à tous les Camerounais, et non à une élite;
  • Ouvrir un dialogue sincère sur les fractures sociales et les conflits (Réconcilier la nation) qui minent notre vivre-ensemble.

Selon les organisateurs de la société civile réunis à la CSP la solution aux problèmes du Cameroun ne viendra pas des gouvernants (den haut), mais du peuple (de la base). Celle-ci ne saurait non plus être l'œuvre d'un seul homme ou d'un seul parti, mais le fruit d'une mobilisation citoyenne et collective. L'avenir du Cameroun ne se joue pas le 12 octobre 2025. Il se construit dès aujourd’hui, dans notre capacité à nous unir pour une alternative citoyenne et populaire.

 

Appel à la vigilance citoyenne.

 

 Les citoyens évoluant au sein de la société civile militante Invitent les camerounaises et Camerounais, à ne pas se laisser distraire par les illusions d’un changement sans transformation. A comprendre que refuser l’alternance factice, ce n’est pas s’abstenir, mais plutôt s’engager autrement, en profondeur, pour une autre vision du vivre-ensemble et appellent les forces politiques véritablement progressistes, les leaders d’opinion, les intellectuels, les artistes et les médias à relayer cet appel, à briser le mur du silence et à ouvrir le débat sur les fondements mêmes du présent pacte républicain.

 

En outre le président de la CSP exhorte les populations en ces termes "Saisissons l’opportunité qui nous est offerte ce 15 Septembre 2025, Journée Internationale de la Démocratie, pour annoncer le lancement de notre campagne nationale sous le thème : "Refondons le Cameroun Pour une démocratie réelle, inclusive et enracinée dans nos réalités". Les détails de cet appel sont contenus dans un ouvrage dont la publication est prévue dans les tous prochains jours."

Les OSC invitent toutes les citoyennes et tous les citoyens, où qu’ils se trouvent, en ville, dans les villages ou de la diaspora, à se mobiliser, à débattre, à s’investir pour la construction de la nation camerounaise car, l'histoire ne change que lorsque le peuple se l'approprie.

 

Ensemble, exigeons les états généraux de la nation pour : Redonner tout son sens à la politique, l'espoir au peuple camerounais.

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