Maurice Kamto, la traversée du flou ?
ÉDITO. Samedi 13 septembre 2025, le mouvement Convergence Républicaine, par la voix de son coordonnateur le Pr Jean Gatsi, a pris la plume pour dire son exaspération. Cible principale : Pr Maurice Kamto, accusé de plonger la scène politique camerounaise dans un tourbillon d’« incohérences », de « théâtre » et de « manœuvres sans boussole ».

Selon ce communiqué au ton dur, l’homme politique jouerait au funambule, passant sans transition d’une démission fracassante du MRC à une tentative d’investiture par le MANIDEM, avant de faire machine arrière pour s’autoproclamer à nouveau président du MRC. Des mouvements jugés « grotesques » et « opportunistes » par l’association Convergence Républicaine, qui les oppose à la stabilité incarnée par les institutions républicaines et, en toile de fond, par le Président Paul Biya, présenté comme boussole constante dans un océan d’agitation.
Pourtant, dans le contexte du climat politique camerounais actuel, marqué par une élection présidentielle le 12 octobre 2025 et des tensions palpables, ces revirements de Maurice Kamto s’inscrivent dans une stratégie plus pragmatique que chaotique. Démissionné du MRC en juin pour contourner les obstacles juridiques imposés à son parti – absent du Parlement suite au boycott des législatives de 2020 –, il avait rejoint le MANIDEM pour porter sa candidature.
Mais le rejet de celle-ci par Elecam, puis par le Conseil constitutionnel en août, pour des motifs d’« investiture multiple » et d’arbitraire administratif, l’a contraint à ce retour au MRC, à la demande de son Conseil national, avec les critiques internationales, où Paul Biya, 92 ans, brigue un huitième mandat dans un paysage d’opposition fragmentée et sous pression. Elle est confrontée pour présenter une alternative crédible au pouvoir en place.
Le communiqué signé de l’agrégé international des facultés de droit, Jean Gatsi, met en lumière un clivage qui dépasse les personnes. D’un côté, ceux qui plaident pour une politique de constance, de respect des règles et de responsabilité. De l’autre, des figures vues comme porteuses de confusion, d’instabilité et de calculs personnels. Mais au-delà de ce duel rhétorique, le vrai enjeu réside dans un système électoral contesté, où l’opposition peine à s’unir face à un un régime bien implanté.
Le message est clair. Le Cameroun n’a pas besoin de spectacle, mais d’actions concrètes. Le pays, insiste le Pr Jean Gatsi, se construit avec des idées, pas avec des rebondissements. Reste à savoir si cet appel sera entendu, dans un climat politique où les lignes bougent. Ce “duel” souligne également la nécessité d'un débat politique apaisé et constructif, basé sur des propositions concrètes pour le développement du pays.